"Honte à qui peut jouer de la lyre pendant que Rome brûle". À l'amorce de ce nouveau Congrès comment ne pas songer au vers de Lamartine ?
La gauche est en feu et se consume un peu plus chaque jour (même si le scrutin d'hier à jeté un peu de baume sur nos plaies). La confusion des idées progresse au point de faire de l'extrême-droite le parangon des principes laïcs et républicains... sans que cela perturbe en quoi que ce soit le train-train socialiste. Le banquet se prépare et chacun devra pouvoir y rassasier sa faim de places ou de mandats. Et si tous sentent bien que le butin s'appauvrit, nul n'est prêt, l'habitude aidant, à renoncer à son dû. D'où l'inflation de textes qui sont autant de candidatures aux hochets du pouvoir.
Comme il se doit, premier secrétaire et exécutif s'apprêtent à entonner en cœur le refrain de l'indispensable unité face à l'adversaire commun. À quoi répondront les irréductibles partisans du débat ("dont on saurait faire l'économie", mais un temps seulement) regroupés cette fois au pied d'un beffroi, eux-mêmes contestés par les éternels représentants de la Gauche véritable d'autant plus intransigeants qu'ils savent que rester dans la minorité n'est pas le purgatoire. Et qu'au moment où l'on fait les listes nul n'est oublié...
Les idées du coup n'ont guère d'importance. On publie des textes interminables, on s'enivre de mots, pour finir par s'entendre pour que rien ne change... sauf accident toujours possible, le savoir-faire s'étant un peu gâté ces dernières années comme le Congrès de Reims l'a crûment révélé.
On pourrait pourtant, pour citer Aragon, rêver de "s'habiller pour un autre destin". Rêver de rompre avec les habitudes, la paresse de penser et faire de ce Congrès une prise de conscience : celle d'une gauche hébétée mais désireuse de se ressaisir. Dressant l'état des lieux de ses fautes comme de ses faiblesses, puis renouant avec la volonté de comprendre son temps et d'agir sur lui. Le moment pourrait alors être venu de redonner à l'idée socialiste son sens, en reprenant le combat contre les forces qui dissolvent notre société et la République, celles, encore et toujours de l'argent. Qui ne voit que laissées à elles-mêmes elles conduisent, en creusant les inégalités, à casser l'idée même d'un intérêt commun ; qu'en poussant au profit maximum elles appauvrissent notre planète et mettent en danger notre environnement et nos conditions de vie; qu'en se livrant une concurrence féroce elles pillent les peuples et les continents....?
Il n'est plus possible de faire comme si la crise, la crise financière, n'était passée par là.
Comme si la crise, la crise morale, n'était en train. Comme si la crise, la crise climatique, n'allait survenir plus tôt encore que prévu.
Face à ces enjeux, il est urgent d'appeler à la réflexion et à la mobilisation.
Jetez donc à la corbeille, camarades, vos pieuses et tristes futures motions, toutes ces occasions de ne rien dire et mettez en chantier en mobilisant universitaires, philosophes, historiens, militants, le projet autour duquel la gauche pourra se retrouver. Laissez au gouvernement le soin de démêler les nœuds de la réalité et prenez un temps d'avance : donnez-vous les moyens de comprendre les défis du monde qui vient et d'en faire la pédagogie; retrouvez la force et la foi de vos prédécesseurs qui n'avaient pas peur d'affronter les idées reçues et les pouvoirs installés; redevenez les défenseurs des humbles et des fragiles pour bâtir une société qui leur soit plus douce ; retrouvez le goût de l'ambition, collective cette fois, celle portée par une idée du juste ! En bref, soyez de nouveaux socialistes... ou économisez-nous vos petites habilités, vos petits arrangements, vos petites ambitions ! Faites-nous un vrai Congrès ou bien prenez congé !
L'aveuglement de Gérard Collomb en dit long sur le positionnement réel du PS, ou du moins d'une grande partie du PS, et donne raison à tous ceux qui critiquent l'UMPS.
Le plus grave est que Gérard Collomb n'est pas un cas isolé. Il est sur la même ligne, par exemple, que Pierre Moscovici qui avait reproché à Guillaume Balas de soutenir Syrisa. "S'il veut soutenir Syriza", avait-il déclaré, "libre à lui, mais il n'est pas dans le bon parti". Manifestement, Pierre Moscovici et une bonne partie du PS se reconnaissent davantage dans le PASOK que dans Syrisa. Libre à eux, comme dit PM, mais la conséquence en est le progrès de l'abstention et du vote extrémiste.
Rédigé par : chatel | 12 février 2015 à 22:36
"Rêver de rompre avec les habitudes, la paresse de penser et faire de ce Congrès une prise de conscience : celle d'une gauche hébétée mais désireuse de se ressaisir. Dressant l'état des lieux de ses fautes comme de ses faiblesses, puis renouant avec la volonté de comprendre son temps et d'agir sur lui"
Chiche Gaetan.
Qui construit le mode opératoire de cette belle ambition.
Je suis dispo à la mesure de mes modestes moyens.
Daniel Jaeckle
Rédigé par : jaeckle daniel | 09 février 2015 à 15:33
Allons allons Gaëtan"soyez de nouveaux socialistes"même en rêve c'est impossible , on n'a jamais transformé des bourriques en chevaux de course.
Le peuple de France n'attend rien de votre congrès d'ailleurs il se contrefout de vos parlottes et je pense que vous n'aurez pas de long moment pour entendre de la lyre, la farce de prétendre avoir un adversaire alors que l'on fait pire que lui est éventée, vous n'êtes plus crédible et soyez rassurer , après votre disparition personne ne vous regrettera et les "bons" seront emportés avec le flot des mauvais.
Même si certains redevenaient les défenseurs des humbles ce ne serait que comédie .Quant à l'appel à la mobilisation il est trop tard la confiance est morte vous l'avez tué.
girard
Rédigé par : girard | 09 février 2015 à 14:10
Après l'éclairage lucide, le dernier paragraphe, que je trouve beau et digne, me donne, encore une fois (ça commence à faire beaucoup depuis 48 ans), de l'espoir et de la combativité. Je vois bien qu'il y a une friche qui s'étend, et une attente dans les campagnes où je vis. Merci pour ce texte.
Un électeur désintéressé de toute liste, et fidèle à un choix de vie.
Michel.
Rédigé par : Michel Padiou | 09 février 2015 à 11:26