"Aujourd'hui, j'ai choisi pour le blog hebdomadaire de publier le beau discours prononcé pour les vœux des Socialistes cosnois, par leur secrétaire Hicham Boujlilat"
L’ignominieuse fusillade chez Charlie Hebdo, l’intolérable prise d’otage meurtrière à l’hyper casher a déclenché un réveil, un sursaut citoyen balayant sur son passage toutes celles et tous ceux qui ont voulu faire mariner une posture politicienne de la division.
Nous avons été choqués, nous avons été émus, nous nous sommes rassemblés, nous avons entonné notre hymne national dans la pudeur de la dignité, nous nous sommes recueillis, nous avons observé le silence, nous nous sommes regardés et nos yeux se parlaient emplis de chagrin, d’émotion, d’interrogation et d’espoir.
Et bien maintenant, il est temps pour nous d’agir. Sortons de cet état d’esprit qui parfois prévaut de rabaissement de ce que nous sommes. Sortons de ce dénigrement permanent de notre pays qui fait le bonheur de publication de quelques déclinologues qui profitent de leur célébrité médiatique pour monter des Français les uns contre les autres et instiller un climat de peur exacerbé !
Battons nous pour hisser haut nos valeurs républicaines, celles pour lesquelles nous avons tous défilé. Soyons fier de notre drapeau et de tout ce qu’il représente : la liberté, l’égalité, la fraternité ! Car au final c’est ce qu’il nous permet à travers un beau dessein ! Oui quel est le sens de la vie, si ce n’est celui de vivre en fraternité, en paix, dans l’égalité et la liberté ? Je n’en vois point d’autre et sûrement pas celui de l’argent.
N’acceptons pas, n’acceptons plus de confondre la laïcité avec l’uniformité. La laïcité a une vocation suprême : celle de permette à chacun d’entre nous de s’épanouir et d’être libre en tant qu’individu qu’elles que soient ses croyances, ses origines, sa couleur de peau. Et je le dis franchement, j’ai la conviction que nous l’avons oublié. Car la laïcité ne doit pas être une contrainte, elle est une protection ! Comment accepter qu’au nom de la laïcité certains prônent haut et fort pour créer, disent-ils, les conditions de la cohésion nationale l’impérieuse obligation d’une intégration stigmatisante ? Or ce qu’ils veulent c’est surtout la désintégration de l’identité intime d’une partie de nos concitoyens. Comment par exemple un jeune né en France de parents de couleurs, qui ont travaillé une grande partie de leur vie dans des conditions parfois très dures à la reconstruction de notre pays, de son outil productif, peut il accepter aujourd’hui après d’ailleurs 30 ans de politique de la ville ou de cohésion sociale qu’on lui demande toujours et encore de s’intégrer ou à défaut de retourner dans son pays de manière insidieuse ou par méchanceté inopportune? Mais son pays, c’est la France !
Ce citoyen, car c’est un citoyen français ne demande pas grand chose. Il demande qu’on le regarde comme tout le monde ou d’ailleurs qu’on ne le remarque plus. Il aime la République et souhaite se l’approprier mais on lui dénie parfois ce droit parce qu’il n’a pas la même couleur de peau, ou la même croyance. Il a hérité de l’histoire de ses parents, parfois adhéré à leur croyance et souhaite qu’on les respecte. Le Pays d’origine de ses parents a parfois servi la France sous bannière bleu blanc rouge exposant ses soldats en amont du danger en France, en Allemagne ou en Indochine. Il ne tolère pas l’obscurantisme de ses soi-disant coreligionnaires mais ne comprend pas qu’au nom de la laïcité on lui demande de continuer à croire s’il le souhaite mais dans l’obscurité. Combattre l’obscurantisme, c’est sortir les gens de cette obscurité et cette humidité des caves qui se comptent encore par centaines dans tout le Pays et à Cosne en particulier.
Battons-nous, n’acceptons pas les mots de trop et dialoguons. Car finalement, c’est par le repli sur nous même, que nous fragmentons notre société.
Certains pour se protéger, pour se retrouver, pour partager des frustrations du quotidien, pour en quelque sorte trouver un réconfort, une compréhension de groupe se tournent vers une communauté qui s’imprègne d’un individualisme de corps. Pourquoi ? Parce qu’ils ne se sentent pas acceptés dans la communauté nationale du pays qu’ils connaissent le mieux et qu’ils aiment plus que tout.
Le chacun pour soi, l’absence de solidarité réelle, la protection de ses propres intérêts, le repli en communauté a grignoté nos valeurs républicaines. N’y cédons pas !
Pour cela chacun doit se sentir accepté et accepter les autres dans son quotidien, chacun doit se sentir écouté et écouter les autres dans le respect, chacun doit se sentir représenté et disposer de la possibilité d’incarner l’intérêt de tous. Nos élus, les partis politiques pour autant qu’ils souhaitent se remettre en question et se régénérer doivent permettre l’émergence d’une société plus ouverte, plus tolérante.
Mais cette tâche ne leur incombe pas seulement. Il est aussi de notre responsabilité citoyenne collective et individuelle d’y parvenir en redonnant à l’école, à notre Education nationale son rôle de poumon de la République. Faisons-lui confiance, ne la dénigrons pas. Nous savons ce que nous devons à notre Ecole. Moi, je sais ce que je lui dois : je lui dois d’être moi-même. C’est beaucoup et je ne lui serai jamais assez reconnaissant. Mais je suis aussi, encore plus aujourd’hui dépositaire d’une mission : celle de véhiculer avec fierté en les expliquant les valeurs de notre devise républicaine. Nous devons tous le faire car on ne le fait jamais assez.
Il est également de notre responsabilité citoyenne, collective et individuelle de ne plus accepter des jugements de valeurs, des propos indignes du respect de l’autre. Cela commence par la petite blague entre famille, elle se transforme en petite blague entre amis et puis cela peu devenir la petite blague entre collègues, entre licenciés sportifs, entre adhérents d’une association, parfois en marge d’une réunion politique. Enfin, elle se transforme en vérité exploitée à des fins malvenues. Cela atterri toujours dans une urne par un bulletin qui prône l’intolérance sur fond de peur et de haine.
Battons-nous, n’acceptons pas l’intolérable, faisons attention à ce qui blesse, dialoguons, indignons-nous et redéfinissons ensemble ce qui fait de nous un peuple : le peuple français ! Faisons en sorte que la définition de la laïcité soit la même pour tout le monde, qu’il n’y ait plus d’échoué de la République et renforçons le sentiment d’appartenance de chaque citoyen à la République, plus qu’un combat illusoire pour le droit de vote des étrangers !
C’est comme cela que nous pourrons réaffirmer encore plus fort que nous sommes la France !
"Ce citoyen, car c’est un citoyen français ne demande pas grand-chose. Il demande qu’on le regarde comme tout le monde ou d’ailleurs qu’on ne le remarque plus. Il aime la République et souhaite se l’approprier mais on lui dénie parfois ce droit parce qu’il n’a pas la même couleur de peau, ou la même croyance."
A la réflexion, il y a là une idée très juste qui impliquerait d'éclaircir notre conception de la laïcité.
« Regarder comme tout le monde » une femme voilée, ne serait-ce pas justement cesser de la regarder comme une musulmane ? La laïcité n'exige-t-elle pas, au rebours de ce que font les laïcistes de tous bords, de considérer le voile, du moins dans le cas d’adultes, non pas comme la manifestation d’une appartenance religieuse, mais comme un simple vêtement, doté, au même titre que n'importe quel autre, de significations, dont il est possible de faire abstraction, et dont les règles de la civilité veulent même que l'on fasse abstraction ?
La laïcité est avant tout l'indifférence à l'égard des religions, ce qui interdit d'assigner les individus à leur religion, quand bien même leurs pratiques vestimentaires, ou alimentaires, peuvent la révéler. Assigner les individus à leur religion, n'est-ce pas faire le lit du communautarisme que l'on veut par ailleurs, et à juste titre, combattre ?
Rédigé par : chatel | 14 mars 2015 à 15:33
"Renforçons le sentiment d’appartenance de chaque citoyen à la République"
Bien sûr, mais ce n'est certainement pas en continuant à parler d'"apartheid" à propos des banlieues que l'on y parviendra. Il faut certes nommer les choses, mais il faut les nommer correctement et éviter de faire comme si tout s'équivalait, la ségrégation sociale et ethnique, d'une part, et l'apartheid, d'autre part.
Rédigé par : chatel | 06 mars 2015 à 19:01