Comme chaque année, je me suis plié à l'exercice du discours d'ouverture du Festival du Mot, ce mercredi au cœur du prieuré sous un soleil printanier....
Amis, souffrez qu'en la Cité l'ancien édile
d'avec le Festival vienne vous conter l'idylle
En empruntant au Cid du bien plaisant Corneille
La manière de complaire à vos chastes oreilles.
Ainsi est-ce en alexandrins que sera racontée
La belle histoire du mot et de La Charité.
D'un festival du mot j'avais rêvé un soir
L'image de ma ville pensant ainsi asseoir.
Fort d'une si grande idée, c'est en pétitionnaire
Que je sondais en vain le roi des dictionnaires
Aussitôt qu'Alain Ray se fut décommandé
Une troupe d'amis sûrs par lui recommandée
Vint se choisir pour maître Marc Lecarpentier
Journalis-te disert et ci-devant rentier
Le choix fut judicieux et la fête bientôt prête
Ce siècle avait quatre ans qu'elle y passa la tête
Portant sur le visage une bien mâle assurance
Marc se mît bientôt en grande état de transe
Et s'il partit au front sans le moindre trésor
C'est un petit budget qui l'attendait au port.
Unis par un projet qui nous tenait à cœur
Certains que du combat nous sortirions vainqueurs
De rares argentiers nous obtînmes l'appui
Et de talents certains autour de Lucchini.
C'est qu'à nous voir si sûrs de nos talents précoces
Bientôt même la Poste vint se joindre à la noce
Centre-France à son tour nous fit l'honneur insigne
À notre rendez-vous d'accorder quelques lignes
Et puis bientôt Dumange amoureux de l'ovale
Entra dans la mêlée dropa le Festival
Et c'est à coup d'essai qu'on fit le coup de maître
D'autres se tinrent cois préférant ignorer -1
Combien notre succès eut pu les honorer.
Auquel le Charitois ne voulut faire écho
Autrement qu'en page 13 et jamais en bien gros
Si Beaucoup furent prodigues et Bourgogne plus encore
La Nièvre bien aimée fut chiche de son or.
Mais rien ne put freiner l'ardeur de notre troupe
À qui dix ans suffirent à prendre la chance en croupe.
Gloire à ceux et celles qui dès les premiers jours
Firent du festival un bien plaisant séjour
De Gelluck à Mesguich d'Ascaride à Sempé
Tous embrasèrent la scène d'un talent bien trempé
De Bedos à Morel, de Fossay à Roca
Du piano à Zygel au sourire d'Obaldia
Ô combien d’émotions, combien d’exploits célèbres
Valurent à la syntaxe de surpasser l'algèbre
Et aux verts mots de prendre sur les nombres
Un succès mérité qui les sortit de l'ombre.
Car les chiffres en ce lieu ne sont que nombre d'eux-mêmes
L'addition est suspecte et le calcul blasphème.
Et si le conte est bon, c'est qu'il est une fable.
Et si l'on parle d'or, c'est pour passer à table.
Que la bouche des héros servent aux mots de pinacles
Et sache les réunir en un puissant cénacle
Où poètes, écrivains, orateurs comme lettrés,
S'empareront du Robert, s'arracheront le Littré
Gloire à ceux et celles qui furent les artisans
D'un succès mérité qui ne prit que dix ans
Qu'à La discrète Monique louanges soient tressés
D'avoir de son Marc l'humeur sut déstresser
Qu'à l'altière Aurélie, à l'austère Valérie
Qu'à tous les bénévoles et à leurs égéries
Grace soit rendue pour nous avoir amené
Aux portes de l'autel, au lieu de l'hyménée !
Pour la onzième fois, le mariage aura lieu
Les mots sont accouplés, je n'en crois pas mes yeux.
Oui, c'est en vers et contre tous
que j'ai choisi ce soir de m'adresser à vous(se)
J'aurai pu me livrer à ses facilités
Qu'offrent aux mauvais esprits toute l'actualité
Parler de l'injonction faite au grec Tsipras :
Et qui y répondit avec autant de grâce :
Partez ! Non !
Moquer le Président aux succès si fugaces
Qui passé sa veste des ides de Mars
Cherche à garder son Panthéon.
J'eus pu en deux mots faire aussi l'homme de lettre
Et par À +B prouver que j'eus pu l'être.
Mais c'est sur un hommage que je voudrais partir
Et des frères de Charlie saluer le martyr.
À vous Charb, Cabu, deux mots héros de votre temps
Il ne sera pas dit que votre combat cessera faute de combattants.
Mais je me suis la-C de tous ces procé-D
Adieu donc il est temps de conclure
En souhaitant longue vie à cette belle aventure
À vous comte de l'Oulipo, deux mots, il est bien temps
Il ne sera pas dit que le combat cessera faute de combattants.
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