Il faut qu'il le soit pour s'être ainsi, quoi qu'il en ait, mobilisé au second tour des régionales...
Peut-être du coup certains, qui prêchent la fin des archaïsmes et des vieilles lunes, y réfléchiront-ils à l'avenir à deux fois avant de rompre avec une " culture " sans laquelle ils ne pourraient plus aujourd'hui se maintenir.
D'où une question, qui est dans tous les esprits de ceux qui ont voté ce dimanche : le peuple de gauche a-t-il au fond les dirigeants qu'il mérite ?
Que ne cesse en effet de nous dire la société française ? Qu'elle a peur, nous répondrons les prétendus modernistes, du terrorisme, de la mondialisation, en bref du changement. Comment expliquer alors qu'elle ait voici 3 ans élu un candidat se réclamant justement de celui-ci , le même se voyant aujourd'hui reprocher non son excès mais son insuffisance d'énergie en la matière. Si près d'un tiers des Français votent aujourd'hui à l'extrême-droite, si la déception est si grande dans l'électorat populaire y compris dans celui qui reste fidèle à la gauche, c'est parce que tous ont conscience de vivre dans une société figée, privée de toute vraie mobilité sociale, dans laquelle l'avenir n'est indexé que sur le niveau de qualification, de relations et de revenus.
Du changement, ces hommes et ces femmes en réclament. Et ils ont de bonnes raisons de le faire. Et c'est parce que la gauche a renoncé à l'incarner qu'ils se détournent du PS, et non parce qu'ils seraient devenus nationalistes, racistes ou extrémistes.
C'est faute de voir l'angoisse et la colère qu'ils expriment depuis plus de vingt prises en compte qu'ils finissent par perdre patience.
Ils ne réclament pas, c'est vrai, des mesures plus radicales comme en témoigne le petit score du front de gauche: ils veulent simplement que leur gauche, celle qui gouverne, retrouve le sens de la justice et de la solidarité. Ce qui ne sera possible que si celle-là veut bien considérer qu'il y a plus de mérite à sauver notre industrie, défendre nos emplois, soutenir les territoires les plus fragiles qu'à complaire aux jugements des Puissants.
Non, nos concitoyens ne demandent pas plus de gauche : simplement LA gauche... Comment se rendre digne alors de ce formidable électorat ?
En changeant de logique, en faisant de l'avenir de notre économie la base de notre action gouvernementale !
En montrant aux Français que leur vote n'a pas été vain puisqu'il a conduit à mettre de côté les outils d'une politique malthusienne.
Concrètement ?
- en consacrant des budgets nouveaux aux dépenses d'avenir qui irrigueront immédiatement l'activité tout en préparant nos infrastructures de demain.
Pour les financer, et pour rester dans les clous de nos engagements européens, je suggère d'ANTICIPER LE PLAN JUNKER" en mobilisant dès maintenant 50% des 40 milliards€ qui nous sont promis et en les fléchant sur nos principaux besoins : 5 mds pour le renouvellement de la totalité de notre parc de motrices aujourd'hui à bout de souffle et qui profiteraient aux usines françaises d'Alsthom et de Bombardier; 5 mds pour nos Universités dont le programme d'investissement déjà limité va être mangé par les besoins de mise en sécurité des campus au détriment de la qualité de l'enseignement et de la recherche; 5 mds pour les territoires les plus fragiles en complément des contrats de plan et sur la base de projets locaux de développement et pour la réduction des baisses de dotations aux collectivités locales à hauteur des investissements nouveaux qu'elles s'engageraient à lancer dans l'année; 5 mds enfin de crédits d'impôts pour nos entreprises industrielles dédiés à la transition énergétique.
- en engageant une lutte sans merci contre le chômage de longue durée, en concentrant les hommes et les moyens dédiés à cette mission dans les mains d'un commissaire à l'emploi nommé par bassin sinistré et chargé de mettre en œuvre un plan d'action pluri-annuel.
- en dégageant les moyens nécessaires à la reconversion des zones les plus touchées par la disparition depuis 20 ans de l'emploi industriel : pas un chômeur de plus d'un an sans une formation longue, sauvetage des petites exploitations agricoles en difficulté, remise en route des politiques de délocalisation d'établissements publics nationaux dans les territoires fragiles etc.
- en faisant VRAIMENT de la réussite scolaire une priorité, ce qui supposerait de généraliser à tous les enfants de CP en difficulté les dispositifs de type " coup de pouce " pour leur garantir de passer en CE 1 en maîtrisant la lecture...
Il me suffirait de reprendre les propositions de loi que j'ai déposées ou les suggestions que j'ai adressées à l'exécutif pour en avoir la liste à peu près complète.
Ces pistes, avec beaucoup d'autres, traduiraient sinon un changement de cap du moins la volonté de s'attaquer aux vrais problèmes structurels du pays, qui ne résident pas dans le statut de la fonction publique (certes à moderniser mais pour favoriser les évolutions d carrière etc) ou le CDI mais dans le décrochage d'une fraction croissante des jeunes comme d'une partie des actifs depuis près de 25 ans !
J'écrivais en 2012 au Président de la République que nos filets sociaux permettaient certes de limiter les effets dramatiques de la crise. Mais qu'il était impossible de renoncer à combattre celle-ci parce que les problèmes sociaux qu'elle engendrait se cumulaient avec ceux qui n'avaient pas été résolus depuis le début des années 90.
Là se trouve la réalité que les partisans de la thèse selon laquelle "la France ne veut pas se reformer" refusent de voir. On est loin d'une revendication "révolutionnaire".
Il serait d'autant plus grave de renoncer à y répondre.
La gauche doit donc choisir entre deux scénarios :
- celui de la recomposition politique, aujourd'hui en vogue, qui plaide pour l'alliance de tous les bien-pensants contre les extrêmes (dans lesquels l'électorat populaire se reconnaît de plus en plus), un retour de la 3 éme force en quelque sorte.
- et celui de la recomposition économique et sociale, qui concerne toute la gauche mais n'en appelle pas à la reconstitution d'un camp agressif et sectaire mais plutôt à un bloc susceptible de s'élargir à toutes les bonnes volontés, et qui refuserait de considérer comme acquis la présence du FN au second tour de la présidentielle : un vrai Bloc républicain, qui a l'instar du précédent, ne se formerait pas autour de ses seules valeurs morales mais aussi sociales !
Ce schéma suppose du courage. II se tient à distance de Macron comme de Mélenchon (s'il ne les exclut pas il ne fait pas de l'un ou de l'autre l'axe de son projet ).
Il repose sur une vision de ce qu'est la France concrète et une capacité d'innovation démocratique.
Bref, il remet aussi les citoyens dans le jeu en déplaçant le débat de sa mise en scène médiatique au terrain...
Je n'ai pas de doute que celles et ceux qui sont venus dimanche pour éviter le pire à leur région y souscriraient, ne serait-ce que pour le plaisir en 2017 de voter non " contre" mais "pour" ...
C'est un bon titre tu aurais dû rajouter : jusqu'à quand.
En effet si nous avons droit qu'au premier scénario, la recomposition politique seulement, alors les électeurs se lasseront vite de voter seulement "contre" et pas "pour"pour faire élire un "républicains" au deuxième tour c'est bien ennuyeux: gagnons du temps élisons le au premier tour!!!.
A ce compte la gauche cesse d'exister elle n'a rien à proposer , pas de projet, pas d'avenir.
Et comme je crains bien que le président et son grand vizir n'ai rien à proposer , c'est je l'écrit à nouveau la fin de la gauche qui ne survivra pas.
Au vu de ces résultats il n'y a pas à pavoiser, à moins d'être inconscient .
girard
Rédigé par : girard | 17 décembre 2015 à 14:44
A la première question que tu poses on peut répondre que le peuple de gauche n'a pas les dirigeants qu'il mérite puisqu'il a à sa tête des fossoyeurs.
Si ton analyse est juste tu conviendras que si rien ne change malgré tes espérances les carottes sont cuites.
Je crois que rien ne vas changer , comment des gens si intelligent, d'un esprit supérieur devraient tenir compte de l'électorat populaire?mais oû irait-on ?
Avec hollande président il n'y aura pas de projet pour un vote "pour"le seul appel qu'il fera sera de voter contre le front national;voilà oû il aura entrainé ses électeurs: belle réussite!.
girard
Rédigé par : girard | 15 décembre 2015 à 17:54
La patiente de" l'électorat formidable " dont tu fais ton titre a ses limites, c'était à mon avis le dernier avertissement.
Je vois la gauche finie , justement parce que ni le président ni son premier ministre ne changeront rien à leur politique.
Alors ceux qui ont voté encore "socialiste "ne le feront plus, car quant à faire une politique de droite autant que ce soit par des hommes de droite.
Il est aussi des sujets tabous que la gauche ne veut pas aborder : que dire d'un pays avec 5 millions de chômeurs qui laisse encore rentrer des immigrés légalement ou non qui accueille sans compter mais à crédit en continuant de s'endetter .Ce n'est pas être raciste que dire cela c'est juste être réaliste.
Michel Rocard avait dit en son temps que la France ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde, c'est pourtant ce qui s'est fait et l'on voit le résultat.
Les "dirigeants " de gauche l'ayant sabordé il ne restera que "les républicains"qui pour demeurer devront absorber une partie du programme du front national voila oû nous aura conduit Hollande la droite lui devra un grand merci!.
girard
Rédigé par : girard | 15 décembre 2015 à 15:50