La progression électorale du Front National, continue depuis près de vingt ans, faute d'avoir été sérieusement combattue, est en passe de provoquer une recomposition complète de notre paysage politique.
Certains à gauche, qui la considèrent comme inéluctable, s'y préparent, au risque de sembler s'y résigner. D'autres, à droite, pensant encore pouvoir l'empêcher, choisissent paradoxalement de surfer sur la vague au risque de se laisser emporter. Mais tous sont devenus bon gré mal gré les acteurs d'un jeu qu'ils ne contrôlent plus.
Regardons les choses en face : une frange de plus en plus large de la France populaire et une autre, de plus en plus agressive, de la droite sont en train de se fédérer aux dépens des partis traditionnels. Au point que la présence du FN au second tour de la Présidentielle semble désormais acquise.
Malgré la menace, l'ex-Ump, comme le PS, donnent le sentiment de s'accommoder d'un tripartisme sur lequel dissertent sans fin des médias friands de nouveauté. Mais c'est oublier que celui-ci n'aura qu'un temps et qu'il est déjà compté dans la mesure où ce ménage à trois viendra inéluctablement se briser sur la logique bi-partisane de la présidentielle.
C'est un peu comme si les dirigeants des deux grands partis de gouvernement avaient choisi de jouer leur destin à la roulette russe. Puisque dans l'engrenage qui s'est mis en route, l'un des deux est en effet condamné à être broyé, le FN s'imposant dans tous les cas comme le seul parti d'alternance. Que le champion de " Les Républicains "(sic) soit au second tour face à Marine Le Pen et la gauche explosera entre ceux qui rallieront la droite classique et ceux qui s'y refuseront; que F.Hollande y parvienne et les mêmes forces centrifuges provoqueront l'éclatement de l'actuelle opposition. La fébrilité qui accompagne la préparation du second tour des régionales le montre bien : la perspective de voir l'extrême-droite accéder au pouvoir oblige à se positionner en pour ou en contre, nul ne pouvant s'y soustraire et il est probable que Sarkozy paiera cher son choix du ni-ni.
La recomposition est ainsi inéluctablement au bout du chemin. D'autant que certains l'appellent depuis longtemps de leurs vœux : pro contre anti-européens, réformistes modernisateurs contre nostalgiques "archaïques", partisans du consensus contre militants de la fracture, tenants de la banalisation contre porte-voix de l'exception française.....les termes du face à face sont déjà bien en place !
Le problème pour notre démocratie, c'est que cette recomposition politique s'accompagnera aussi d'une recomposition sociologique : les catégories populaires, les moins diplômés, les plus précaires d'un côté, les mieux installés de l'autre, insupportable dichotomie à laquelle se sont déjà résignées des élites fatigués de subir les plaintes et les éructations des " beaufs" et autres " Dupont-Lajoie" sceptiques face aux bienfaits de la mondialisation.
Existe-t-il encore une façon d'échapper à pareil destin ? Oui, en travaillant à la reconstruction d'un bloc des gauches. Non pas dans l'urgence électorale et sous la pression de la menace FN. Mais autour d'un projet politique permettant de corriger pour l'avenir ce que la politique de ce quinquennat aura introduit d'ambiguïtés ou de concessions inutiles à l'adversaire. De façon que l'ouvrier, l'employé, le retraité modeste qui jusqu'alors votaient à gauche, tous ces " petits, ces sans-grade" reprennent confiance et retrouvent le chemin des urnes. Cela supposerait de se remettre en question, de reconnaître des erreurs et d'encourager d'autres pratiques associant plus étroitement les citoyens, bref un énorme travail sur soi....
PS : pour autant, pas d'états d'âme ce dimanche pour faire partout barrage au FN !
Nous y voilà : on s'intéresse aux petits aux sans grade seulement pour les élections , ces nuls qui ne comprennent rien devraient pendant quelques jours redevenir lucides pour retrouver le chemin des urnes , ça va être dur , vous avez confisqué leur boussole .
On ne peut pas caresser l'espoir que ces messieurs se remettent en question, leur conception de la démocratie est "cause toujours".
Mais vous allez trouver plein de petits Macrons dimanche pour remplacer les petits que vous ne connaissez que quand vous en avez besoin.
Je ne vois qu'une solution celle pleine d'ironie de Brecht "Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple"
girard
Rédigé par : girard | 12 décembre 2015 à 20:35
Vivement que ce travail de recomposition ou, je préfèrerais, de reconstruction commence, vraiment, pas pour faire un simple effet d'annonce !
Les idées ne manquent pas.
Il faut simplement de la volonté, de la sincérité et du courage politiques.
Il faut accepter de se remettre en question et pour les responsables politiques de remettre en question leurs situations établies dans leurs différentes "chapelles".
Le travail est d'ampleur, comme le fut celui accompli par le Conseil national de la Résistance il y a sept décennies.
Mais cela ne doit pas nous rebuter, c'est la seule voie pour nous sauver du désastre.
Rédigé par : Henri Chazelle | 10 décembre 2015 à 10:46
UNE chose à dire : bravo.
Rédigé par : Gavory | 09 décembre 2015 à 00:01
Le vote obligatoire serait aussi une bonne chose. Tôt ou tard il pousserait vers une prise de conscience de l'autre, des autres, des Régions, de l'Europe. Les gens s'en désintéressent aussi par manque d'informations, de promotions faites sur les sujets. Ici , par exemple , dans un village nivernais, au 1er tour , deux partis seulement avaient posés des affiches sur les panneaux électoraux. Je ne suis pas certaine que beaucoup savent quelles sont les compétences des régions. Pourtant notre quotidien est bien impacté par les décisions prises en région.
La reconstruction de la gauche , n'est elle pas déjà en marche? Il me semble aussi constater du bon sens malgré tout, quelque soit la tendance politique classique d'ailleurs.
Rédigé par : EB | 08 décembre 2015 à 13:55