Monsieur le maire,
Madame la conseillère départementale,
Madame la député et chère Martine,
Monsieur le Président de l'Agglomération,
Mesdames et Messieurs les nouveaux conseillers régionaux,
Chère Isabelle Père,
Mesdames et messieurs les représentants du monde politique, syndical et associatif nivernais,
Très chers amis,
Merci d'être, comme chaque année, aussi nombreux pour cet échange de Vœux qui me fournit aussi l'occasion de vous rendre compte du mandat que vous m'avez confié et de vous faire part des réflexions que me suggère l'actualité.
Merci tout particulièrement à Alain Heurteloup, maire et conseiller départemental, pour ses mots d'accueil si amicaux.
Il sait l'importance que j'attache à sa commune qui symbolise un peu l'histoire récente de notre département , un fort et grand passé industriel dont il faut assurer la difficile reconversion...
C'est d'ailleurs et surtout de la Nievre que je souhaite vous parler ce matin, de la Nievre comme exemple des problèmes auxquels est confronté le pays tout entier, de la Nievre comme illustration aussi de l'incompréhension des pouvoirs successifs à l'égard des attentes et des besoins de nos concitoyens.
Le débat sur la déchéance de la nationalité en témoigne - j'y reviendrai si vous le souhaitez -
qui nous éloigne des problèmes plus lourds et plus urgents que nous avons à traiter.
La priorité, après la vague d'attentats de l'année passée, ne devrait-elle pas être au contraire de tout faire pour rassembler les Français autour de symboles partagés comme d'initiatives et de projets concrets ?
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Comment avons-nous pu atteindre un tel point de décalage entre la politique et les réalités du Pays ?
Le constat que je dois faire, celui contre lequel je ne me résignerai pas, c'est qu'une coupure s'est faite entre le cercle étroit du pouvoir d'un côté, et la majeure partie des élus et les citoyens de l'autre
Non entre le système politique dans son ensemble et le Pays mais entre ceux qui occupent le pouvoir : dans les ministères et les états-majors de partis, dans les grands médias et les conseils d'administration de nos grandes entreprises, et la plupart des parlementaires, élus locaux, petits chefs d'entreprise, salariés modestes, simples citoyens.
Là se trouve la source de nos difficultés. Dans l'isolement de notre classe dirigeante !
Et j'en ai eu encore récemment la preuve au Senat juste avant les fêtes à propos de l'amendement que j'avais déposé pour geler les baisses de dotations aux collectivités locales des 15 départements les plus pauvres, c'est à dire ceux dont le revenu des habitants est inférieur de 20% au revenu moyen national.
Cette mesure ne coûtait rien à l'Etat puisqu'elle était proposée à enveloppe constante.
Ce qui revient à dire qu'elle prenait aux territoires les plus riches pour préserver les plus pauvres d'un nouveau prélèvement.
Et bien, cet amendement de bon sens a été rejeté par le gouvernement avec l'appui de la droite sénatoriale et d'une (petite) partie de la gauche.
Les Régionales venaient pourtant de nous montrer l'ampleur de la colère de nos concitoyens qui se sentent sur le terrain abandonnés par l'Etat.
Sans que cela émeuve en quoi que ce soit la ministre en charge. Comme si celle-ci appartenait à un autre monde...
Ce décalage, presque cette indifférence, c'est la raison pour laquelle, mesdames, messieurs, je me suis de plus en plus écarté du gouvernement.
D'abord discrètement, puis de plus en plus fortement.
Parce que je ne peux souscrire à des mesures qui vont à l'encontre des intérêts du Pays, à l'encontre des besoins des territoires les plus fragiles, à l'encontre des attentes de celles et ceux qui m'ont élu...
M'y résigner, ce serait vous trahir ! Et cela il n'en est pas question.
J'ai d'abord essayé de convaincre : je suis allé voir à plusieurs reprises le Président de la République, le Premier ministre pour leur indiquer que la situation était explosive parce que les problèmes que nous connaissons sont venus s'ajouter à tous ceux qui n'étaient pas réglés depuis plus de 20 ans à commencer par un chômage de masse.
Je l'ai fait dès l'été 2012.
J'ai fait ensuite de nombreuses propositions, en particulier celle d'un grand emprunt pour financer l'investissement industriel et l'investissement public.
Ainsi ai-je suggéré que nous financions de cette manière le renouvellement de notre parc ferroviaire - les trains Corail- ce qui aurait permis de répondre aux besoins des usagers - qui n'en peuvent plus des retards liés aux défaillances techniques- et d'injecter 5 milliards € dans des usines situées en France.
J'ai défendu de nombreuses résolutions suggérant que nous passions avec l'Allemagne un accord échangeant la rigueur budgétaire contre une relance de l'activité par l'investissement ...
Tout cela, je dois le dire, en vain...
Et pourtant, parce que c'est mon rôle de représentant de la nation, je ne renoncerai pas à proposer, à agir, comme je viens encore de le faire en déposant une proposition de loi relative à un plan d'urgence pour l'emploi qui n'a que trop tardé.
Et je le ferai par respect pour vous, par respect aussi pour ce département où je suis né et que je souffre de voir ainsi décliner sous l'effet de la crise.
Ce sont en effet les emplois que nous avions réussi à créer dans les années 2000 en compensation de ceux perdus dans les années 90 qui sont aujourd'hui de plus en plus menacés malgré les efforts de nos chefs d'entreprises et de leurs salariés...
Dois-je avouer que cet esprit d'indépendance ne me vaut pas que des amis !
Et bien tant pis, un parlementaire ne doit pas être un béni-oui-oui. Vous n'avez pas besoin pour vous représenter de parlementaires qui disent oui à tout !
La politique, c'est- dans les choix que l'on doit faire- se souvenir d'où l'on vient.
Ce qui pour moi signifie ne jamais accepter des mesures qui sacrifient les plus modestes.
Voilà pourquoi je me définis comme un homme de gauche.
Mais que faire, me demanderez-vous, si même vous nous faites part de vos désaccords ?
Que faire ? Se battre !
Et se mobiliser plus fortement que jamais. Sana attendre que les autres le fassent à notre place.
L'Etat hésite ou renonce à nous aider ? Et bien prenons-nous en main, forts de nos expériences, de nos savoir-faire, de nos idées. Faisons-nous respecter !
Si la Nievre, qui perd encore des habitants, ne se ressaisit pas elle est perdue !
Première étape : bâtissons un projet commun ! Disons explicitement ce que nous voulons pour ce département, en matière économique, de transports, d'équipement.
Le Conseil départemental a réuni un groupe de travail associant élus, consulaires etc. pour réfléchir à notre avenir : j'ai proposé qu'il débouche sur un projet stratégique dont nous négocierons la mise en œuvre avec l'Etat et la Région dans le courant de l'année. Je compte bien que cette idée soit reprise.
Il faut que se groupe se transforme en une sorte d Comité départemental de salut public !
D'autant que des projets il y en a !
Je rendrai compte en Mars des nombreuses idées que j'ai recueilli dans le cadre du travail mené par la Nievre Autrement et vous verrez qu'il y a matière à agir.
Deuxième étape : regroupons nous, profitons de la réforme territoriale pour nous doter des outils adéquats: renforcer l'Agglomération et surtout élargir nos communautés de communes en bordure de Loire à leurs bassins de vie dans le Cher. Il serait absurde de laisser passer cette occasion.
Et surtout consultons la population sur ces points.
On ne peut pas revoir notre carte administrative sans demander l'avis des habitants.
Ceux-ci ont leur mot à dire, ils en ont le droit !
Cela veut dire des réunions publiques que vous avez été nombreux déjà à organiser, mais s'il le faut des référendums locaux !
Troisième étape : ne cédons plus rien !
N'acceptons plus d'être traités par l'Etat avec une totale indifférence quant aux conséquences de ses décisions.
Ainsi pour le train.
Ainsi pour les sous-préfectures. Voilà un an que nous n'avons plus de sous-préfet à Cosne ! C'est inacceptable parce que derrière se cache l'idée que nos deux arrondissements de Clamecy et Cosne peuvent très bien faire avec un seul.
La ficelle est grosse et constitue un mépris pour les élus. Je vous invite à signer la pétition qui est sur les tables pour exiger que l'Etat assure ses missions et nomme un sous-préfet à Cosne !
Nous devons changer de braquet et reconquérir un terrain que nous avons en quelque sorte abandonné à d'autres qui décident pour nous : ferment des écoles ou des services publics, enlèvent des emplois etc.
Battons-nous, ne laissons plus rien passer et surtout disons ce que nous voulons.
La gauche au pouvoir saura-t-elle nous entendre ?
Nous verrons bien. Mais si elle se montrait incapable de le faire, elle aggraverait encore un peu plus son cas.
Disons le tout net là aussi : Si la gauche ne se ressaisit pas elle est perdue !
Les résultats électoraux et plus encore l'éloignement d'une partie croissante de la population en témoigne.
Je crois en la gauche.
Je respecte celles et ceux qui ne pensent pas comme moi.
Mais mes convictions restent fermes.
Je reste un homme de gauche. Pas d'une gauche sectaire, agressive, arrogante, mais d'une gauche qui incarne un projet collectif, rassembleur, qui fasse l'union de tous ceux qui veulent sincèrement retrouver pour notre pays le chemin du progrès. D'une gauche qui défende les plus modestes. D'une gauche qui réagisse enfin !
Le sursaut, cependant, ne viendra pas des partis. Ceux-ci, faute de se rénover, ont perdu notre confiance.
Il viendra de nous sur le terrain.
A l'instar des premiers républicains, il nous faut refonder des outils, en recréant ici et là des comités, des clubs, des associations tournés vers le débat et la population !
Pour permettre à celles et ceux qui se sont éloignés de reprendre leur place dans le débat sans avoir à faire allégeance à qui que ce soit !
J'en appelle à tous ceux chez qui la fibre humaniste, sociale, populaire reste forte : regroupez-vous !
Ne vous éloignez pas de la vie citoyenne !
Et si les partis vous découragent, alors créez vos propres formes d'organisation, de réunion, de débat.
Dans vos communes, créez de nouvelles structures accueillantes à celles et ceux qui veulent croire encore aux valeurs et aux principes que nous partageons !
C'est par la base, par le terrain, en dépassant les appareils des partis que nous y parviendrons. Le besoin est là, et j'invite toutes celles et ceux qui se sont éloignés par écœurement des partis, de se grouper pour peser, pour débattre sans préjugés, pour redonner à toutes et tous goût au débat et aux propositions.
Puisque la gauche des Palais a perdu ses repères, bâtissons la gauche du quotidien, du terrain. J'appuierai chaque fois que l'on me sollicitera ces initiatives qui sont indispensables si nous voulons redonner vie à notre idéal.
La régénérescence viendra de chacun de nous tous, du terrain, à l'instar des républicains des origines, de Gambon ce formidable militant avant que d'être un élu courageux et passionné.
D'autant que face à la montée de l'extrême-droite dans notre département, nourri par le sentiment de désespérance que produit la politique nationale, nous ne pouvons rester inactifs !
C'est d'ailleurs dans cet esprit que je me rendrai dans les communes qui ont le plus voté pour le FN aux Régionales non pour les stigmatiser, mais pour écouter ce que ces électeurs ont à dire, pour échanger et confronter les points de vue.
Je leur dirai que si je partage leur colère, je ne partage pas leurs solutions. Que d'autres sont possibles, reposant sur la bonne volonté de tous.
C'est ce travail, de présence dans les communes, de porte à porte hors des périodes électorales, d'échanges sur les travaux législatifs, que je faisais lorsque j'étais député, que je veux reprendre aujourd'hui.
Parce que c'est la mission d'un parlementaire, telle que je conçois cette belle fonction.
Mesdames et messieurs, la politique doit être d'abord l'expression d'une conviction.
Pour ma part, je crois en la démocratie, c'est à dire â la sagesse du peuple.
Ce qui suppose que ceux qui aspirent à le représenter soient honnêtes, attentifs à leurs arguments, soucieux d'approcher le plus possible l'intérêt général.
Pour ma part, je crois en la justice. Celle-ci doit être la valeur de base sur laquelle organiser la société.
Renoncer à cette double conviction, ce serait renoncer à ce qui fait l'honneur de la politique, réduite alors au choc des égos et des ambitions.
Le plus grave est peut être que nous vivons aujourd'hui dans un monde où les convictions s'effondrent, dans un monde sans espérance.
Or, l'homme ne peut pas vivre sans un idéal à atteindre. Pas seulement une ambition matérielle, au contraire d'un ministre qui proposait comme seul rêve à la jeunesse la perspective d'être milliardaire.
Mais un idéal à poursuivre, qui permette d'agir en commun, de dépasser son petit univers, de voir au delà vers un horizon plus large, de se retrouver avec d'autres liés par un même projet.
À défaut, il cède à la tentation du nihilisme ou de la secte, voire de l'amour du néant!
Ceux qui ne veulent pas céder à cette tentation ne doivent pas avoir pour alternative que le découragement, le repli sur soi et la résignation !
Ma conviction est que l'espoir n'est pas mort !
Et que l'on peut sortir du chaos dans lequel nous semblons aujourd'hui emportés !
Oui, l'on peut retrouver une capacité à organiser la société autour de valeurs démocratiques et sociales.
A la condition de comprendre que pour y parvenir l'individualisme n'est pas la solution.
A la condition de dépasser la protestation individuelle y compris à l'occasion d'un vote; de sortir de l'égoïsme qui nous entoure, pour retrouver une voix et une démarche collectives.
Sortir du chacun pour soi pour considérer ce que nous sommes réellement : Un, non parmi, mais avec, d'autres !
Parler de la société telle qu'elle est, c'est se souvenir qu'elle n'est pas composée d'individus anonymes isolés devant leur écran, de TV ou d'ordinateur, mais d'ouvriers, de professeurs, d'artisans, de paysans, qui doivent se regrouper à partir de ces réalités non pour défendre des intérêts particuliers mais pour que la définition que le politique donnera de l'intérêt général prenne en compte la réalité exprimée, vécue par eux tous!
C'est pourquoi le vœu politique que je forme pour cette nouvelle année est triple.
Un vœu de lucidité : nous ne sommes pas les ennemis les uns des autres et si nous voulons considérer que la véritable opposition est moins entre la gauche et la droite qu'entre une secte d'intouchables qui se partagent les pouvoirs et tous ceux qui veulent une politique bâtie sur les réalités du travail et du quotidien, tout redevient possible !
Des Vœux de solidarité : sachons nous regrouper pour défendre et promouvoir nos idées et notre territoire en nous appuyant le plus possible sur la consultation et l'expression des nivernais !
Des Vœux de combativité : lucides et rassemblés, pourquoi ne gagnerions-nous pas ?
Bonne année à toutes et tous !
Bonjour Mr Gorce
Je reprends votre phrase et je l'adore "Et bien tant pis, un parlementaire ne doit pas être un béni-oui-oui. Vous n'avez pas besoin pour vous représenter de parlementaires qui disent oui à tout !" Idem pour les militants et les non militants du parti socialiste. Je me marrais en silence lorsque je voyais des militants hocher sans cesse de la tête lors des réunions publiques du Parti Socialiste.
Je ne supporte pas vraiment pas le gouvernement actuel et la ligne idéologique suivie par ce Parti. Au Parti socialiste vous tombez sans arrêt dans la psychanalyse à deux balles (sorte de longs monologues sur l'attitude d'un individu) et vous versez dans "le dégueuli existentiel". Voir commémoration des attentats de Paris (7 janvier et 13 novembre 2015) et la prestation de Johnny Halliday qui a coûté 30 000 euros. Les hommes politiques n'ont pas le pouvoir, c'est le monde médiatique.
Bien cordialement
Marielle SLEZAR
Rédigé par : Marielle SLEZAR | 31 janvier 2016 à 14:24