" C'est à la France qui croit en l'avenir, qui se sait et se veut plus forte que ses ennemies, qu'il faut faire appel ! Pas à la France de la peur, de la frilosité et du repli."
Monsieur le Ministre,
Je ne porterai pas de jugement sur l'utilité de prolonger le dispositif sécuritaire que vous nous proposez.
Si j'ai des doutes, j'accepte de les mettre encore cette fois de côté en considérant que votre sens de l'Etat ne vous amène à ne proposer dans ce contexte dramatique que des mesures dont vous êtes convaincu qu'elles sont indispensables.
Je voterai donc votre texte.
Mais, c'est au discours dont les accompagnent le Président et le Premier ministre que j'ai plus de mal à adhérer !
Dans la situation où nous nous trouvons, après le double traumatisme de 2015, la façon dont nous parlons, plus encore dont l'Exécutif parle à la France est décisive.
La parole présidentielle comme celle du Premier ministre donne en quelque sorte le ton et retentit en profondeur sur les consciences.
La France est un superbe et grand pays dont l'énergie, la vigueur ont cependant toujours besoin d'être stimulées.
Notre pays a au tréfonds de lui-même une foi en ses valeurs qu'il ne mobilise que s'il la sent portée, partagée par ceux qui le dirigent.
Et c'est alors toute la force accumulée au long de son histoire, des batailles menées et remportées pour le droit, qui sourd et emporte avec elle les craintes, les peurs, les renoncements, les préjugés, les trahisons !
C'est à cette France là qu'il faut s'adresser.
A cette France qui sut toujours, sauf en quelques rares moments, se surpasser sans jamais rien céder ! Cette France qui croit en l'avenir, qui se sait et se veut plus forte que ses ennemis !
Cette conviction que j'exprime ici n'est pas la mienne. Elle est la leçon que nous pouvons et devons tirer de notre histoire !
Pourquoi la France de 14 a-t-elle trouvé les ressources de vaincre au bout d'une épouvantable épreuve alors que celle de 40 s'est effondrée presque sans résistance ? Parce que ses chefs d'alors surent faire appel à ses valeurs, son énergie, sa foi républicaine et patriotique, alors que ceux de 40 n'avaient que le doute en tête, la peur de l'avenir symbolisée par ce mur de papier que devait se révéler être la trop fameuse ligne Maginot.
Et pourquoi la France de 1959 s'est-elle redressée au point d'ouvrir sur l'une des plus belles décennies qu'ait connue le Pays alors que celle de 1958 semblait près de s'effondrer ? N'est-ce pas parce que la voix du General de Gaulle s'adressait à la France de toujours tandis que Mollet ou Pfimlin ne croyait même plus à la France du moment dont ils avaient la charge ?
Les mises en garde constantes, les déclarations invitant la jeunesse à se préparer à vivre pour longtemps dans l'imminence de l'attentat, la description d'une société soumise à la menace d'une terreur aveugle, entretiennent les peurs, et mobilisent une autre France, celle du repli, de la frilosité, dont il ne peut rien sortir de bon.
Je comprends certes que la connaissance précise que vous avez du danger, de son imminence, vous porte à vouloir prévenir les effets de l'inéluctable attaque qui nous attend sans doute.
Mais y préparer le pays, c'est lui dire qu'il l'affrontera et la surmontera, comme à chaque fois, dans le respect de ses principes, par la foi au fond qu'il garde dans son destin.
Alors disons à nos concitoyens que la France n'a pas peur, que pas plus qu'hier sa politique ne se faisait à la corbeille, elle ne se fait aujourd'hui au rythme des vidéos provocatrices, à Molenbeek ou ailleurs ! Qu'elle a autre chose à faire que de se laisser impressionner par quelques bandits fanatisés, que le mal qu'ils lui feront leur sera rendu au centuple ; que l'avenir, nos valeurs ne sont en aucune façon mises en cause ou menacées.
Plutôt que d'entretenir la crainte de la tragédie, assumons notre destin !
COQUILLE fâcheuse : Dans mon message précédent, MERCI de SUPPRIMER le mot "victoires" (après le mot "1940"). Avec mes excuses pour cette malencontreuse coquille qui résulte de mauvais ajustements successifs de rédaction.
Merci et bon COURAGE POUR TOUT
Cordialement
Bernard BOIROT (Président commission fédérale des conflits Yonne)
Rédigé par : Bernard BOIROT (Yonne) | 10 février 2016 à 12:07
BRAVO POLITIQUE pour cette combinaison très positive d'un vote de raison et d'un appel vibrant à une confiance mobilisatrice surmontant les peurs légitimes. OUI BRAVO, même si les CAUSES RESPECTIVES de la tragique victoire de 1918 et de la non moins tragique défaite de 1940 victoires ne sont évoquées qu'un peu trop "légèrement" et très partiellement
Rédigé par : Bernard BOIROT (Yonne) | 10 février 2016 à 11:57