Ce qui se passe place de la République (et désormais aux quatre coins du pays) doit être suivi avec attention. Non seulement parce que ce mouvement exprime, à l'instar des manifestations contre la loi "Travail", une opposition croissante au processus de précarisation qui mine notre société en général et notre jeunesse en particulier.
Mais aussi et surtout parce qu'il constitue peut-être un premier élément de réponse à la crise de notre démocratie.
Que nous disent les citoyens insomniaques de la Nuit Debout ? Qu'ils ne font plus confiance aux partis mais ne veulent pas pour autant se détourner de la politique ! Et, dans la foulée, que celle-ci doit avoir pour principal objet, non la conquête ou l'occupation du pouvoir (pour reprendre la vieille mais bien utile distinction établie par Léon Blum dans l'entre-deux-guerres), mais de chercher des réponses aux préoccupations des "gens", ce peuple aujourd'hui indéfini auquel on a pourtant confié la souveraineté !
Ainsi qualifié, ce mouvement ouvre autant de brèches qu'il suscite de perplexité.
En nous apportant concrètement la preuve qu'un grand nombre de nos concitoyens est prêt à se réunir, sans la médiation d'une quelconque organisation partisane ou syndicale, pour débattre et proposer, il nous rassure sur la persistance d'une véritable capacité de mobilisation civique et sociale. Et nous montre qu'un gouvernement de gauche, désireux d'impulser de vraies réformes, c'est à dire de faire vaciller les citadelles du pouvoir et de la rente, pourrait trouver de solides appuis pour contrebattre l'influence des médias et des différentes formes de pensée dominante. Et tout aussi bien pousser son engagement jusqu'à débattre avec ce mouvement pour se ressourcer et donner à son action une nouvelle forme de légitimité.
Il est curieux, à cet égard, que ceux qui se proclament aujourd'hui sociaux-démocrates ne se précipitent pas place de la République. S'ils devaient être conséquents, ne devraient-ils pas voir dans cette mobilisation, toutes œillères tombantes, la duplication sous une forme nouvelle de celles que pouvaient opérer autrefois les organisations syndicales sans lesquelles les réformes conduites dans les pays scandinaves ou en Allemagne, ces bastions de la social-démocratie, n'auraient jamais pu être menées à bien ?
Nuit Debout constitue donc pour la gauche politique, bien qu'elle soit tenue en lisière de ce processus, une bonne nouvelle. Ceci posé, les motifs de perplexité ne manquent pas.
L'on passera rapidement sur les risques de manipulation ou d'instrumentalisation par l'ultra-gauche qui ne semblent pas trop grands aujourd'hui. L'on s'interrogera plutôt sur les potentiels de développement de cette première initiative populaire d’ampleur. Celle-ci, en effet, ne manquera pas de se heurter bien vite à une contradiction qu'il ne lui sera pas simple de surmonter : comment peser sur les choix faits par le pouvoir politique – Gouvernement et Parlement - lorsque l'on se défie par principe de toute forme de participation aux Institutions ?
Les évolutions - certains disent déjà les dérives - de Podemos ou de Syriza, nous montrent que la transformation d'un mouvement spontané en mouvement politique peut facilement- sinon mécaniquement - mettre en branle la fameuse « loi d'airain de l'oligarchie » (Roberto Michels), à savoir la confiscation du pouvoir par un petit groupe organisé. A l'opposé, la poursuite d'une démarche de terrain, sans lien avec les mécanismes formels de décision, risque de condamner ses participants à l'impuissance.
A y réfléchir brièvement, il semble bien que la réponse doive être cherchée dans l'idée, certainement datée, que nous nous faisons de la démocratie représentative. Celle-ci avait trouvé son équilibre via le système des partis : choisis sur un programme qu'ils incarnaient et dont ils auraient à rendre compte, les représentants pouvaient apparaître comme les interprètes légitimes de la volonté du peuple souverain. Nul besoin de démontrer que nous n'en sommes plus là, c'est une évidence.
Le lien entre la représentation et les citoyens doit donc être reformulé, non pour substituer dans une espèce de démocratie directe ou plébiscitaire les uns à l'autre. Mais pour fixer de manière innovante leurs rapports.
L'enjeu est donc bien de réfléchir à la question de « brancher » ces sortes d'assemblées populaires que Nuit Debout cherche à symboliser avec les assemblées locales et le Parlement. Des tentatives existent déjà comme les amendements ou les projets de lois citoyens (qu'un nombre donné de signataires obligerait l'Assemblée à discuter) mais celles-ci restent marquées par une séparation trop étanche des rôles. C'est dès la conception des programmes, et pour suivre ensuite leur mise en œuvre, que ces échanges devraient exister pour permettre un vrai cheminement, par le débat, de la réflexion et des projets qui les traduisent.
Nuit Debout, si elle perdure, ne devra donc pas devenir un parti. Mais elle ne pourra pas rester un "happening". La meilleure façon de la soutenir, sera alors de lui proposer le moyen de jouer pleinement son rôle : une sorte d'assemblée citoyenne non pas concurrente des assemblées élues mais mobilisées par une gauche politique nouvelle pour structurer et ancrer les projets qu'elle ambitionnera de porter pour répondre aux attentes ainsi exprimées !
Que les partis politiques ne représentent plus qu'eux même ce n'est pas nouveaux, cela les empêchera-t-il de rester en place: non.Pour beaucoup leur légitimité est le cadet de leur souci ,seule la place compte.
Alors ils peuvent être élus avec très peu de voix, peu importe s'ils sont élus.
La conception de la "démocratie"de Coppé,Sarko, Hollande...et d'un citoyen de base est-elle la même, bien sur que non.Leur présence n'est pas légitime mais elle est légale, tout n'est-il pas pour le mieux dans le meilleur des mondes?.
Quand on pense qu'un Hollande envisage de se représenter!il fera 12 électeurs sur 100 au premier tour!
Ces gens là ne peuvent pas changer ils se prennent pour des phares alors qu'ils ne sont que les lanternes des naufrageurs .
Ils est assez significatif de connaitre pour beaucoup "droite ou gauche" leur base de naissance ou de séjour ,regardons vers l'ouest parisien et vers Neuilly sur seine, ça fait beaucoup pour un simple hasard.
Enfin ayons de l'espoir ne dit-on pas que la nuit porte conseil.
girard
Rédigé par : girard | 13 avril 2016 à 08:42
De ces mouvements hors des partis politiques traditionnels peut sortir du bon ou du mauvais, mais ils existent parce que beaucoup de Français ne se sentent plus représenter.Il a fallu du temps pour que vous les politiques compreniez que vous n'êtes plus crédibles.
Et puis peut on encore prétendre être une démocratie quand il suffit de regarder ce qui se passe : des exemples sans ordre:un patron qui s'augmente pour gagner 1200 000 euros par an , de quoi indigner même un sénateur, de voir un président donner des repas dans l'avion présidentiel si décrié dans l'opposition, à 11 000 mètres d'altitude en compagnie du gourou écologiste!une attachée culturelle en Finlande qui dépense notre argent en invitant une violoniste , un autre qui fit appel à un spécialiste pour cirer ses chaussures à nos frais ,les palais pour les présidents des assemblés ou les ministres,ces millions d'euros distribués , non à ceux qui le méritent mais à ceux qui ont une capacité à nuire: belle démocratie, démocratie exemplaire!
Mais ce gouvernement va maintenir la loi travail ,il sera une fois de plus dur avec les faibles, comme il est faible avec les puissants: la démocratie inversée.
J'ai bien conscience que je suis ringard -on nous le dit assez souvent-mais je ne peut plus supporter tout cela.
En 1971 le parti socialiste à ses débuts pensait que un écart de revenu de 1 à 5 était le but à atteindre: on mesure le chemin inverse parcouru.
Pauvre France !En 2012 nous fumes au bord du gouffre , nous avons fait un grand pas en avant.
girard
Rédigé par : girard | 12 avril 2016 à 10:39