S'il est un exemple de la vanité et de la vacuité de notre débat politique, c'est bien celui qui s'ouvre régulièrement sur la question des 35 heures. Pour la bonne raison que celle-ci ne se pose plus. Voilà en effet près de dix ans qu'a été fixée à ce niveau la durée légale du travail, que toutes les entreprises s'y conforment certes plus ou moins bien, mais le plus souvent dans un cadre conventionnel ; que le coût des 35 heures (que l'on peut évaluer en net à environ 6/7 milliards d'euros) a été dilué dans la grande masse des allègements de cotisations sociales, et qu'enfin, nombre de branches, en particulier dans l'industrie, seraient bien en peine de réviser des accords qui leur ont permis, notamment dans l'automobile, une meilleure flexibilité et donc une plus grande compétitivité. Si j'ajoute à cela le fait qu'un salarié français travaille en moyenne plus qu'un salarié allemand, je crois avoir fait le tour du problème !
Faut-il préciser que loin d'être un carcan, les 35 heures, au fil des « aménagements » que lui a infligé la droite depuis 2002 ne sont plus en réalité qu'une référence : l'augmentation des contingents d'heures supplémentaires, la réduction de leur taux de rémunération, la liberté laissée aux salariés de dépasser ces contingents en accord avec leurs chefs d'entreprises ; l'extension des dispositifs de forfaits jours à de très nombreuses catégories de salariés, tout cela conduit naturellement à conclure qu'il n'existe aujourd'hui aucun frein qui empêche les entreprises de travailler au-delà de 35 heures si elles le souhaitent. Et si elles ne le font pas, n'est-ce pas plutôt la conjoncture qu'il conviendrait d'interroger plutôt que la loi?
Remettre les 35 heures en débat, constitue donc un petit jeu ouvert par M. Copé, qui consiste à brandir au bout d'une pique un symbole, mais certainement pas à réfléchir aux conditions qui permettraient réellement à notre économie de développer ses capacités productives. À cet égard, chacun sait que le problème réside d'abord, au-delà du chômage persistant qui affecte certaines catégories de la population, dans une augmentation significative des taux d'activité avant 25 et après 50 ans. Il est dommageable que ces problèmes ne soient jamais abordés sereinement, et que la droite, pourtant « sacrée » par ses soins « championne de l'entreprise », ait toujours préféré la caricature facile que lui offrent les 35 heures.
J'ai dans un petit recueil publié par la Fondation Jean Jaurès écrit voici longtemps, qu'il serait temps de « dépasser » cette question pour se pencher sur les véritables problèmes que soulève le Travail dans notre pays. Force est de constater que ces vrais débats n'intéressent guère les « responsables » et que ceux-ci préfèrent se réfugier dans les polémiques faciles. À cet égard, il est sans doute regrettable qu'un des nôtres, et parmi les meilleurs, s'y soit aventuré, même si en lisant bien ses déclarations, on ne trouve pas trace de ce qui pourrait justifier une excommunication. Pour autant, mieux vaut dans ces domaines éviter de se fourvoyer et aborder les sujets tels qu'ils se posent. S'agissant de la RTT, deux problèmes en effet demeurent :
- Le premier concerne l'absurdité des mécanismes d'allègements de cotisations sur les heures supplémentaires. Celles- ci sont en effet payées deux fois, non au salarié, mais à l'entreprise et par l'État : une première fois depuis 2001 au titre des réductions de charges liées au passage à la nouvelle durée légale (ce sont les 6 milliards nets évoqués précédemment, mais qui représentent 10 à 11 milliards bruts); une seconde fois au titre des heures supplémentaires, qui bénéficient de l'allègement voté dans le cadre de la loi TEPA et qui porte très exactement sur la même tranche horaire (de 35 à 39 heures hebdomadaires). En sorte que les entreprises ont été subventionnées pour passer de 39 à 35 heures et le sont à nouveau si leurs salariés travaillent depuis 2007 de 35 à 39 heures. Remarquable gaspillage d'argent public que l'on se garde bien de dénoncer.
- Le second porte sur la place des partenaires sociaux. Ne serait-il pas normal, dès lors que s'imposerait partout le principe de l'accord majoritaire, de leur laisser la libre détermination et des contingents et des rémunérations des heures supplémentaires, en fonction des besoins ressentis par les différents secteurs professionnels. En effet, s'il faut conserver pour des raisons d'égalité et pour l'emploi, une durée légale de 35 heures, cela ne constituerait-il pas un véritable progrès du dialogue social que de laisser aux organisation syndicales et patronales, le soin d'en moduler l'application? Il va de soi qu'une telle question ne se poserait qu'en période de reprise : on est aujourd'hui loin du compte.
Aussi terminerai-je par un voeu, puisque le début de l'année nous y invite, même si je sais qu'il a peu de chances d'être exaucé : que l'on parle à l'avenir de ces questions avec expertise, compétence et sérieux, puisqu'il ne s'agit rien moins que de l'avenir de notre économie. Évitions ainsi d'entraîner l'opinion sur de fausses pistes et mettons la face au problème central qui est celui du déclin de notre compétitivité*.
Gaëtan Gorce
*qu'il serait naturellement absurde d'attribuer aux 35 heures, qui se sont au contraire accompagnées d'un significatif gain de productivité.
Comme très souvent Gaëtan, je retrouve sur ce blog une analyse claire, profondément argumentée, qui invite à nous pencher (et cela s'adresse aussi à certains politiques parlant sans vraiment savoir !) sur les véritables problèmes que soulève le Travail dans notre pays ...
Ce qui me frappe, en matière de "débat", c’est la pauvreté dans les instances du PS.
Certes, on y vote beaucoup, les militants sont appelés à venir "ratifier" en masse sur des textes nationaux, et nous l'avons vu avec les 4 conventions déployées dans l'année 2010.
Enfin, "en masse", n'exagérons pas non plus, les militants sont de moins en moins nombreux, et ceux qui se déplacent aux urnes sont en réalité minoritaires.
Pour autant, les textes préparés sont intéressants sur certains aspects, il n'est pas question de tout jeter en bloc. Mais tout semble être fait pour qu'ils ne soient pas réellement débattus dans les fédérations, et surtout les sections.
Pour ma part, avec quelques camarades, ce n’est pas faute d’avoir essayé … mais on se tape la tête contre les murs !
Serait-ce uniquement le cas de ma section ? J’en doute, par les contacts que je peux avoir avec des camarades de diverses régions, qui déplorent la faiblesse des Assemblées Générales. Et le sort réservé aux amendements des militants, tiens ! Je parle en connaissance de cause, j’ai essayé là aussi …
La sortie de Manuel Valls à propos des 35 heures ("Oui, nous devrons déverrouiller les 35 heures") me donne une nouvelle fois l'occasion de relever que les débats lancés se situent essentiellement dans les médias, sans que les sujets aient été concrètement discutés dans les réunions de militants.
Sauf erreur de ma part, la durée du temps de travail n'a pas fait l'objet des orientations présentées lors du Congrès de Reims de 2008.
Même punition lors des conventions nationales en 2010 : durée du travail, point.
Le seul débat - polémique - remonte en fait à la campagne présidentielle de 2007, quand Ségolène ROYAL avait présenté ses propositions : examen complet de la situation, large discussion avec les partenaires sociaux. On se souvient que ses petits "camarades" avaient pris soin de tirer à boulets rouges, reprochant à la candidate socialiste de s'écarter du sacro-saint programme du PS !
Pour moi, trois questions s'imposent, et mes réponses sont implicites (et j’ai le sentiment que nous sommes en phase là-dessus ?) :
1) A QUOI SERVENT LES MILITANTS ?
2) A QUOI SERVENT LES CONGRES ?
3) A QUOI SERVENT LES CONVENTIONS NATIONALES ?
En cette année 2011 vont se dérouler les primaires. Mon espoir réside dans la capacité de certains candidats (ceux qui ont envie d'y aller, faut-il le préciser ?) à enclencher de véritables débats sur les questions économiques et sociales, avec une orientation de gauche, faut-il le spécifier là aussi ?
Non pas en vase clos comme sait si bien le faire (!) l'appareil du PS, mais avec la participation de nombreux citoyens, dans l'esprit des primaires ouvertes et transparentes qui ont été promises.
Rédigé par : Daniel Cordiez | 11 janvier 2011 à 16:32
Si M Copé est le premier violon, le second violon est un membre éminent du parti socialiste je parle de monsieur et ce jour le grand chef des indiens Mic Mac vient d'en rajouter une couche ,pour le centenaire du front populaire , ce n 'est pas si loin , on va se trouver à tout devoir refaire.
Dans notre monde si dur , donner 5 semaines de congés ,alors que le grand frère d'Amerique en a 2 seulement les petits Chinois si peu quelle honte mon pauvre monsieur , on va revoir tout ça !
Le grand nivellement par le bas va se poursuivre certains en rêvent la nuit et pour eux ce ne sont pas des cauchemars , seulement l'histoire ménage parfois des surprises!
Il est temps de virer les traitres qui déshonorent la gauche avant qu'ils obtiennent des places dorées .
Si le ménage n'est pas fait beaucoup hésiteront à pousser la porte pour rentrer vous voilà prévenu , à bon entendeur salut!
girard
Rédigé par : girard | 06 janvier 2011 à 19:38
Personne n'est obligé de jouer au petit jeu ouvert par m Copé il est indispensable que le ps accorde ses violons, c'est à la portée de m Valls je pense, à moins qu'il ne songe à semer la pagaille avant les élections , sans l'excommunier pour l'instant vous pouvez lancer l'anathème car il n'est pas à son premier écart trois points c'est tout!
Sans faire de procès d'intention à personne on peut malgré tout , avec des exemples dans le passé se faire une idée de la suite des événements la trahison est dans la nature humaine et l'appât du conseil constitutionnel ou d'un ministère est bien tentant.Que d'exemples récents!
On a le droit d'être de droite d'avoir des idées de droite mais pas en étant membre d'un parti se disant à gauche .
que m Valls choisisse son camp.
girard
Rédigé par : girard | 04 janvier 2011 à 18:01
Tout est dit et si bien dit que je m'en servirai d'une bonne partie de l'argumentation pour donner la réplique aux vociférateurs qui utilisent cette pique, comme vous l'appelez, pour en cacher et nous détourner de tant d'autres sujets et attaques anti-républicains qui sont commis sous nos yeux ahuris et trop souvent passifs.
Bonne Année à vous, Monsieur le député, et à nous tous de fraternels mais rigoureux combats pour le bien vivre ensemble!
Rédigé par : Ketty Méndez | 04 janvier 2011 à 12:52