Chers camarades, notre parti, vient de connaître son troisième échec consécutif en douze ans à l’élection présidentielle. Et il faudrait, si j’entends bien ce que nous a dit notre Premier secrétaire, ne rien changer ? Notre Parti vient de connaître deux défaites successives, en mai puis en juin, et il faudrait ne rien remettre en cause ? Nous sommes, disons les choses franchement, en pleine retraite de Russie, et puisque nous n’avons pas connu la Bérézina, il faudrait que nous passions directement aux cent jours … Pour préparer quelle Restauration? Certes, cet échec a été atténué par les résultats du 2ème tour des législatives. Mais un peu comme les élections régionales et européennes de 2004, ce résultat ne doit pas nous masquer la réalité de notre défaite. Et comme il n’y a pas de fatalité en politique, nous devons en chercher les causes et en déterminer les responsabilités. Ce que nous n’avons pas su faire en 2002.
Oui, la responsabilité est collective ! Elle tient moins à la défaillance des personnes qu’à la faiblesse de notre projet politique et parfois de notre organisation. Nous avons d’abord perdu la bataille des idées, faute de leur avoir accordé toute notre attention. Concentrés que nous étions sur les enjeux de personnes, nous n’avons pas su répondre à l'évolution de la société, ni aux attentes de nos concitoyens. Je ne crois pas à la thèse de la droitisation de la société française. Je suis en revanche convaincu que son individualisation a des conséquences politiques considérables. Cet échec a aussi été aggravé par les carences de notre fonctionnement et le sursaut du 2ème tour des législatives n’efface pas la ribambelle de querelles stériles auxquelles nous avons, sur le terrain, été confrontés et qui nous ont tant affaiblis. Les conditions dans lesquelles nous sommes amenés à délibérer aujourd’hui ne sont pas meilleures : seulement quelques minutes pour nous déterminer sur un calendrier, une procédure qui déterminent l’avenir de notre parti pour les cinq ans et que nous découvrons après le discours du Premier secrétaire. Il faut que ce système change faute de quoi nous ne retrouverons pas la confiance des Français. Et pour que ce changement intervienne, il faut d’abord un changement d’équipe pour obtenir un changement de méthode. Certains s’étonnent que j’aie demandé la démission de notre Premier secrétaire. Je l’ai fait simplement au nom d’un principe de cohérence, le même principe qui m’a conduit à démissionner du Secrétariat national. La logique politique, comme le simple bon sens, voudrait en effet qu’après le coup terrible que nous avons subi en 2002, puis à nouveau en 2007, nous sachions en tirer toutes les conséquences politiques. Nous ne pouvons pas cultiver le principe de l’irresponsabilité politique ! Nous devons tirer les conséquences de ce qui s’est passé, non pas tant face à l’échec qu’à la répétition de l’échec. Ce qui exige de rompre avec un système qui a échoué. Un système fondé sur le consensus à tout prix, au service d’un condominium d’intérêts présidentiels qui se neutralisent. Un système bâti sur les petites habiletés qui préparent les grandes défaites. Un système qui nous paralyse depuis vingt ans. Un système avec lequel il faut rompre pour que le Parti se remette à nouveau à travailler dans un but et dans un esprit collectif. C’est à ce prix seulement que nous pourrons alors opérer le changement de braqué qui serait aussi un changement de perspectives. La crise que nous traversons n’est pas une crise de leadership, c’est d’abord une crise des idées. Et c’est donc bien à la reconstitution du projet que nous devons nous consacrer. Mais la formule qui nous est proposée par le Premier secrétaire est de ce point de vue totalement dépassée. J’y ai retrouvé les termes qui étaient déjà ceux de 2002. Il nous propose aujourd’hui de confier la rénovation à la même direction que celle qui s’est opposée à la rénovation depuis des années. C’est à une révolution démocratique du Parti socialiste qu’il faut au contraire appeler ! Nous ouvrir sur la société, redevenir attentifs au mouvement des idées, donner la parole à nos adhérents, et leur donner vite, faire participer les citoyens. C’est dans cette optique que je propose au Conseil national de désigner une direction collégiale, libérée des les pesanteurs politiques qui existent dans notre parti. A défaut, c’est aux adhérents qu’il faut donner la parole pour leur permettre de choisir eux-mêmes le chemin de la rénovation qu’ils souhaitent. Comme vous, je sens que notre parti est en train de changer. C’est d’ailleurs la crainte de ce changement qui commande le repli défensif auquel nous assistons aujourd’hui. Ce calendrier pourra sans doute différer une fois de plus ce nécessaire changement, mais rien ne l’arrêtera ! Je crois en l’avenir de la gauche. Le sursaut des législatives démontre qu’il existe encore à notre égard, dans le pays, une attente et un espoir. Notre Parti a suffisamment de talents, de ressources, de compétences et désormais d’adhérents pour y répondre. Il suffirait aujourd’hui de le décider. Ce serait simple comme un vote, difficile comme une liberté nouvelle dont il faudrait s’emparer, risqué comme l’est tout changement, nécessaire comme l’est toute évidence, courageux comme l’est tout sursaut ! Aujourd’hui ou dans les semaines qui viennent, ensemble, faisons simplement en sorte que cela devienne possible et c’est pour que cela devienne demain possible qu’aujourd’hui je n’approuverai ni la méthode, ni le calendrier proposés par la direction.
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