Crédit Photo : Reuters / Charles Platiau
J'étais hier aux journées de réflexion organisées par les amis de Lionel Jospin. Je n'avais jamais noté combien les rencontres entre socialistes, lorsqu'elles se tiennent en marge des congrès, peuvent ressembler au beau film un peu nostalgique de Claude Sautet : « Vincent, François, Paul et les autres » D'ailleurs ils étaient tous là, sauf peut-être François ...
On y parla mondialisation, montée de l'individualisme, nouvelle laïcité, etc. C'était intelligent, convivial. C'était ... toujours la même chose. Le débat au sein du PS s'engage à peine et déjà semble tourner à vide. On y fait des dissertations brillantes, on auditionne des experts, on prend des notes, on se croirait revenu à Sciences-Po. Sauf que l'on serait en droit d'attendre d'un parti politique qu'il affiche une ligne, fasse le choix d'une orientation, et que ce soit justement cette ligne, cette orientation qui soit mise en débat avec les forces vives, sociales, intellectuelles de ce pays. Mais il s'agit seulement de relever les copies : chacun a la sienne, toujours plus brillante que celle du voisin sur l'état des lieux, plus laconique sur les solutions ... Quand choisira t-on d'engager un travail collectif ? Il faut dire que l'on attend toujours que la direction du Parti socialiste
fournisse son analyse des causes de la défaite. Au delà des déclarations dépareillées, ici ou là, du Premier secrétaire, on ne dispose d'aucun document politique, d'aucune base partagée à partir de laquelle engager la discussion. Ce n'est pas la faute des amis de Lionel Jospin. Ce n'est d'ailleurs la faute de personne. C'est comme ça le Parti socialiste ...
Ce lundi,bouleversement du programme. On a mis du poison dans le thé et l'atmosphère rappelle celle des romans d'Agatha Christie. Miss Marple s'interroge : qui parmi tant de gens si bien mis a pu décider d'empoisonner l'ambiance, de casser la journée ? A l'entrée de la Maison de la Chimie, l'ordre du jour de ces Journées parlementaires était oublié. Il ne s'agissait plus que de commenter les propos acerbes tenus dans son nouveau livre par Lionel Jospin : « l'Impasse », un titre en forme de boomerang. Je n'ai pas à juger l'homme, sa colère et ce qu'elle a de légitime, peut-être, et, certainement, de déplacé. J'essaye simplement de comprendre. Et ce que je comprends c'est que les grands leaders du Parti socialiste ont perdu avec le sens de la mesure celui de leur responsabilité. Que Lionel Jospin, qui s'annonçait légitimement dimanche en « accompagnateur » de la reconstruction de la gauche se transforme le lendemain en procureur mal inspiré montre combien la question du collectif, celle des idées, passe pour toute une génération après celle des inimitiés, des querelles, des conflits à régler. Après 1995, Lionel Jospin était peut-être le meilleur d'entre nous : rectitude, clarté ... Le voilà aujourd'hui qui fait la politique du pire. C'est donc bien le système qu'il faut changer. Je ne suis pas sûr que les socialistes naissent naturellement bons, mais il est certain que la société socialiste, sous sa forme actuelle, les corrompt. C'est un congrès extraordinaire dont nous avons besoin qui nous permette de mettre au clair nos idées, notre analyse du monde et de la société. C'est une parenthèse qu'il faut réclamer, où la collégialité, mot tabou et qu'il faut pour cause de survie réhabiliter, s'impose comme la seule façon de travailler. Un peu de courage, un peu d'audace !
Ce lundi, dans les couloirs, chacun était d'ailleurs accablé : « ça ne peut plus durer » et pourtant ça dure ! Le calendrier que l'on nous a imposé au nom de la sécurité, de la stabilité, est justement celui qui crée de l'insécurité, de l'instabilité. Ce qui nous menace, ce n'est pas le changement mais l'attentisme. Ce qui nous met en danger, ce n'est pas tant l'incertitude d'une nouvelle direction à constituer que la certitude de l'échec dans lequel nous entraine une direction sortante et inconstituée. Combien faudra t-il attendre de livres, combien de déclarations tracassées et fracassantes, combien de coups de fusil à pompe contre le moral et la confiance de celles et ceux qui aiment et veulent la Gauche avant de réagir ? Le PS doit se reprendre en main parce que ses chefs ont perdu la main et peut-être bien la tête avec.
Et ce n'est pas l'étonnant spectacle dont nous a gratifié le « sommet des quatre » à la Fête de l'Huma qui pourra nous réconforter. L'image d'un Premier secrétaire du Parti socialiste venant quêter l'approbation de ceux qui n'ont de cesse de l'accuser donnait le sentiment d'une perte de contrôle. Non pas qu'il ne faille pas discuter avec le reste de la Gauche. Mais peut-être pas à ce prix là ! D'un week-end l'autre, du discours de La Rochelle à celui de la Courneuve, quel contraste. Paul Fort disait que le plus court chemin d'un point à un autre, c'était le bonheur d'une journée. Il n'était pas socialiste, il est vrai ...
C'est vrai ce que dis Robert, il faut maintenant que les socialistes avancent des idées ... En même temps, à lire ses articles sur le blog, sur le PS comme sur les institutions, je trouve que Gorce est un de ceux qui en proposent,justement, et des originales encore !
Rédigé par : Charles | 18 septembre 2007 à 09:40
Ce que vous dites est toujours si vrai!
Parce que bien vu et analysé, avec recul et sérénité mais aussi avec une façon de vous exprimer claire et concise (aucune langue de bois, ouf !).
Si le problème date (le virage de 1983-4), je le vois particulièrement accéléré depuis le fameux NON au CET en 2005.
Fabius, Emmanuelli et Mélenchon essentiellement, se sont assis sans gène sur le vote démocratique des adhérents.
Hollande alors, n'a rien dit ni agit. Une honte.
D'autres ont été exclus pour bien moins que cela.
Nous connaissons le manque de courage de FH, même si je lui trouve une grosse circonstance atténuante : il a voulu (comme tout ce qu'il fait avec ses synthèses par exemple, qui n'ont plus aucun sens) préserver l'unité du parti socialiste.
Depuis c'est portes ouvertes, aération avec le vent du grand large !
Plus de Direction!
Tout le monde parlait et parle tous azimuts,je présume sans mandat (pchitt! plus de collectif non plus) face à des médias sarkozystes qui se délectent ... de l'aubaine, de la bêtise de tous ceux qui viennent casser la candidate ou du socialiste "droitier" comme d'autres cassaient "du flic"! Sans parler de leurs commentaires "off", ou confidences sournoises en décrivant les réactions d'untel ou une telle au CN......et des livres maintenant !
On est trés loin en effet du débat d'idée. Et tout cela sent le sapin de Guy Mollet et de la SFIO !
Et si les "experts" étaient pour une fois les électeurs et adhérents que l'on prendrait enfin un peu en considération ! Ce qu'avait compris Ségolène. On comprend qu'elle ait dérangé du monde.
Mais en dehors des haines et "aigritudes", trop s'accrochent pour défendre leur prébendes. On a envie de dynamiter le bloc de l'appareil et des cumulards, puisque la raison, l'honneur et les convictions ne prévalent pas.
Comment en sortir ?
Je vous le répète, j'ai trés trés peur d'une désaffection importante au PS, comme dans la fin des années 80 où Fabius voulut faire son OPA sur le parti (des "20€" comme des anciens!): l'hémorragie commence.
Mais plus grave, d'une forte abstention électorale à gauche...sauf là où l'élu, le candidat du coin motivera peut-être.
AS
Rédigé par : le concombre masqué | 18 septembre 2007 à 04:32
Pour ceux qui n’ont pas accès à ces méandres liées au pouvoir se posent les questions de savoir comment aussi à gauche on peut en arriver là, et à ce point.
- Est-ce l’orgueil de vouloir chacun se poser seul contre l’autre en sauveur du pays ?
- Est-ce le sentiment de pouvoir exister que sous le regard des autres ?
- Est-ce l’attrait du pouvoir ?
- Est-ce une conception de la politique qui ne la considère que vue sous l’angle d’une loi de la jungle où tous les coups sont permis ?
- Est le fonctionnement de ce parti qui corrompt comme vous le suggérez ?
Mais une chose est certaine pour beaucoup de camarades et militants: ils nous fatiguent vraiment tous. Il ne s’agit plus de courants, mais d’un maelstrom. Il faut mettre fin à ce Pandémonium et vite !!!
Les uns proposent une politique de droite à gauche, les autres font de la politique de gauche à droite, certains proposent un élargissement, d’autres veulent attendre, d’autres ne veulent pas.
Il y a eu ceux qui ont dit oui, ceux qui ont dit non, ceux qui suivent l’opinion gage absolu de réussite, ceux qui se réclament de valeurs mais ne réussissent pas, ceux qui veulent un nouveau nom, ceux qui veulent un congrès, ceux qui veulent bien mais pas tout de suite, ceux qui claquent la porte, ceux qui voudraient bien entrer, ceux qui ont pour modèle X, les copains de …, le mouvement de, le club de machin, le courant de chose,…..
Il y a beaucoup trop de mots, de paroles, de bonnes intentions, de médiatisations et les solutions ne sont qu’effectivement que trop rares et laconiquement exprimées.
Ras le bol des propositions, ras le bol des sollicitations participatives qui ne débouchent sur rien.
On nous dit tout mais on ne sait rien. Le sentiment est qu’au final on se fiche de nous car chacun sait bien que les décisions sont bien prises ailleurs. La comédie continue ici aussi ?
La politique ne peut pas tout, mais qu’au moins la gauche et le PS en particuliers fassent des propositions concrètes pour améliorer le sort de tous, créer une société plus humaine et plus juste.
Quand est ce que l’on bossera en commun au sein du PS sur la question des retraites, sur la question de l’environnement, sur la démographie et le vieillissement de la population avec de vrais et d’innovantes propositions ? Attend t on qu’elles soient proposées ou détournées par d’autres ? Quand est ce que l’on basera le parti sur un respect réel de ses militants ? Quand est ce que sera développé l’information, la formation ? Quand est ce que ses leaders prendront réellement la place qui est la leur et en prenant leurs responsabilités?
C’est tout le défit auquel nos responsables doivent aujourd’hui répondre. Nous l’attendons et l’espérons. Un peu d’humilité sied devant l’ampleur de la tâche, un peu d’indulgence et de compréhension sans doute aussi. Bien peu malheureusement en font preuve.
Beaucoup trop souffrent ici et ailleurs.
Vous, hommes, femmes politiques en vous maquillant, en vous rasant; ne l’oubliez jamais,
Bon courage pour vous et bonne continuation.
Rédigé par : Jean-Louis | 17 septembre 2007 à 23:56
UNE LIGNE,des orientations d'accord,mais qui,quant, comment faire pour tracer cette ligne,donner des orientations?Pour que tu sois crédible toi et tes amis ,le moment des crétiques est terminé SVP FAITES DES PROPOSITIONS CONCRETES !!!! merci
Rédigé par : ROBERT | 17 septembre 2007 à 22:31