En mettant en avant la question des régimes spéciaux, N Sarkozy a choisi d'entrer dans le débat sur l'avenir des retraites par la « porte étroite ». Mais celle-ci sera indiscutablement difficile à refermer. Et si tout le monde est d'accord à Gauche pour considérer qu'une telle réforme ne peut être envisagée de manière manichéenne, personne ne songe sérieusement, une fois cette condition remplie, à en contester le principe.
La véritable question est dès lors d'élargir le débat à l'avenir de notre système de retraite dans son ensemble, le calendrier nous appelant à traiter ce dossier au plus tard au début de l'année prochaine.
Quelle stratégie la Gauche doit-elle retenir ? Le risque n'est-il pas (...)
que la réforme se fasse d'abord sans elle : les partenaires sociaux étant seuls associés à la concertation ? La réforme se ferait alors contre elle : la Gauche n'ayant plus d'autre alternative que de contester des mesures dont elle annoncerait pour plus tard l'abrogation, quitte à oublier cet engagement une fois placée à nouveau devant les responsabilités du pouvoir. Le précédent de 2003 ne devrait-il pas servir de leçon ?
Il n'est dès lors d'autre issue que d'imposer que cette réforme se fasse avec elle. C'est une Conférence nationale mettant autour d'une même table majorité et opposition, et ouverte aux partenaires sociaux, qu'il faut exiger. C'est vers un Pacte national sur l'avenir des retraites qu'il faut aller. Un tel accord est-il possible entre les grandes forces politiques et syndicales de notre pays ? Rien n'est moins sûr. Mais il faut, dans l'intérêt général, essayer et essayer encore, parce qu'un tel accord est en tout cas éminemment souhaitable :
d'abord parce qu'il permettrait à la Gauche de peser concrètement sur le cours de la réforme et d'obtenir ainsi que les plus fragiles, les plus modestes, ceux qui ont travaillé dans les conditions les plus pénibles, et souvent le plus longtemps, les femmes avec des carrières incomplètes, soient au final mieux protégés. Alors que les guette une réforme qui sacrifie encore le taux de remplacement, c'est à dire le niveau des pensions, déjà dégradé depuis 1993. Je ne doute pas que, dans cette optique, négocier utilement sera plus efficace que s'opposer frontalement.
Ensuite, parce que cela nous obligerait à préciser enfin nos orientations en nous plaçant dans la situation qui serait la nôtre si nous étions aux responsabilités. Nous ne pouvons plus, sur la question des retraites, et plus globalement les régimes sociaux, nous contenter de déclarations de principe ou d'intention auxquelles tout le monde peut souscrire. Proposer l'idée d'une Conférence nationale, c'est se rendre à celle-ci avec les idées claires et en particulier : conditionner tout nouvel allongement de la durée de cotisation à l'aboutissement de la négociation sur la pénibilité ; donner le priorité à l'abondement du Fonds de Réserve des Retraites en y affectant par exemple l'Impôt de Solidarité sur la Fortune ; proposer des formules de financement qui tiennent compte de l'absolue nécessité pour notre économie de ne pas augmenter les taux de prélèvement ...
Enfin offrir à nos concitoyens la perspective d'une réforme consensuelle et durable dont il ont besoin pour retrouver confiance, et faire du même coup la démonstration qu'il existe une opposition constructive suffisamment sûre d'elle-même pour proposer des solutions courageuses, c'est à dire capable demain de gouverner.
S'opposer, ce n'est pas seulement contester. C'est, lorsque tout a été tenté, sans doute aussi empêcher. Ce doit être, lorsque l'intérêt général est en jeu, d'abord et surtout proposer, influencer, et si possible orienter et peser. Que la Droite refuse le principe d'un tel pacte et le mirage de l'ouverture sera dissipé. Qu'elle l'accepte et que celui-ci ne puisse aboutir en raison de désaccords de fond impossibles à résoudre (ce qui n'est pas à exclure) et le débat droite/gauche en sera clarifié. Qu'un accord soit trouvé et c'est notre système de protection sociale qui en sortira renforcé et le bénéfice de la réforme qui sera partagé.
Pour ma part je pense que ce travail devait être effectué avant. Aujourd'hui c'est trop tard ou trop tôt.
Sans ligne directrice qui se profile, sans unanimité; de repartir à l'assaut ainsi démunie et si peu clair sur nos objectifs me semble très dangereux.
Acceptons la défaite, mais si on veut gagner de future bataille, préparons les bien cette fois-ci.
Même si cela fait parti des solutions, ce n'est pas l'ISF à lui tout seul qui résoudra, loin s'en faut, le problème de ces retraites dont le poids va grever si lourdement et si longuement encore nos enfants.
Si nous devons parler juste et de manière courageuse, alors parlons d'actions en faveur de la croissance, de la taxation du capital, parlons d'imposition sur les successions immobilières, parlons de plafonnement de retraite,....
A l'égocentrisme ambiant, opposons le fait que tous, riches ou moins riches, nous nous en sortirons que collectivement ou pas du tout.
Je pense que nous pouvons travailler utilement aussi au sein de notre parlement pour mettre en avant ces positions
Amitiés socialistes,
Jean-Louis
Rédigé par : Jean-Louis | 02 octobre 2007 à 23:24
Voilà qui remettrait enfin la gauche sur un chemin constructif et, comme tu le dis, le gouvernement face à sa prétendue ouverture.
J'apprécie que tu n'oublies pas les métiers pénibles. Certains le sont moins qu'autrefois, mais d'autres sont encore éreintants, stressants, dangereux et il faudra en tenir compte dans la remise à plat nécessaire .
Rédigé par : catherine | 02 octobre 2007 à 18:50