La question est de nouveau posée au lendemain des élections allemandes et du recul historique du SPD. À bien y regarder cependant, elle n'est pas récente. Elle est même lancinante depuis la chute du mur. Et le véritable problème, plus que de faire le constat de cette crise, c'est de se demander pourquoi la gauche européenne a été incapable, depuis près de vingt ans, d'y apporter une solution.
La réponse tient en quelques phrases. La social-démocratie a arrêté de se penser comme un projet politique pour se confondre au mieux avec un programme d'action gouvernemental, au pire avec une liste d'ambitions présidentielles. Le paradoxe c'est que les idées sociales-démocrates (État providence, plein emploi, régulation économique, progrès de la démocratie) ont triomphé avant même que les partis qui les incarnaient n'arrivent réellement au pouvoir.
C'est toute l'Europe de l'Après-Guerre, sous toutes les formes politiques imaginables (conservateurs, libéraux, travaillistes brièvement) qui s'y sont identifié. Mais le socialisme ne s'est rallié à son propre projet qu'après coup et dans la douleur : 1959 à Bad Godesberg, pour le SPD; dans les années 80-90 avec le nouveau travaillisme en Grande-Bretagne; jamais véritablement en France...
De telle sorte que ce qui a été une victoire idéologique, s'est rarement concrétisé en succès électoral et jamais en triomphe politique. D'autant que le retournement qui s'est amorcé au début des années soixante en Allemagne et dans les années 80 en France et Grande-Bretagne s'est toujours fait au nom du pragmatisme sans permettre de renouer le fil d'une pensée qui avait mûrit tout au long de l'entre-deux guerres pour finir par théoriser le nécessaire équilibre en l'État, la société et le marché.
C'est ce fil qu'il faut aujourd'hui retrouver. C'est tout le travail accompli par le mouvement socialiste pour parvenir à maturité qu'il faut réactualiser. Mais pour cela, il convient de se replacer dans une même perspective, retrouver une mémoire, réapprendre une histoire, pour se demander ce que la philosophie social-démocrate ou socialiste signifie aujourd'hui. Est-elle encore distincte de celle du libéralisme politique? En est-elle seulement une variante? Ou peut-elle être à la source d'une nouvelle construction intellectuelle? À ne voir ces questions que par le petit bout de la lorgnette électorale, les dirigeants des grands partis socialistes européens (pour la plupart des technocrates) s'empêchent de trouver des réponses à cette fameuse crise qui sans un large débat intellectuel trouvera son achèvement tout simplement dans la disparition d'une idée qui me semble pourtant receler, encore aujourd'hui, de formidables potentialités.
Gaëtan Gorce
Bonjour,
La social-démocratie a-t-elle un avenir ?
Résoudre la question de la viabilité de la philosophie social-démocrate est plus que jamais une nécessité.
D’ailleurs prendre comme point de départ de cette analyse la chute du mur de Berlin est tout à fait logique puisque ce fut la période où fut généralisée la dérégulation totale des systèmes financiers à l’assaut du monde. En effet dès ce moment là les néolibéraux, adeptes du marché autorégulé, soit, mais qui imposèrent leur propre "exception pour confirmer la règle", leur régulation pour un rendement accru des institutions financières et des entreprises dominant la sous-traitance. Le capital financier prit donc le pas sur les investissements en capital productif matériel ou humain : les intérêts non financiers seront alors systématiquement sacrifiés si bien que cette idéologie a mené le monde vers l’explosion systémique de la finance.
Cette faillite ultralibérale doit maintenant ouvrir à la social-démocratie, à un socialisme du 21ème siècle, la voie qui est la sienne : le capital humain doit primer sur le capital financier dans l’ordre des priorités. La faille du libéralisme est notre point d’ancrage, cela a été par trop oublié chez nous. Pour ce faire, nous devons nous émanciper de la chape de plomb que constitue l’hégémonie accumulatrice des fournisseurs financiers à l’idéologie fourbe.
Donc la social-démocratie doit assujettir la finance au service du social et non pas admettre l’inverse. Mais il lui revient aussi d’élaborer sa contrepartie : la mise sur pied d’un système de grands équilibres socio économiques pour ne pas retomber dans les affres des gestions dispendieuses du passé.
Parmi les pistes offertes au rétablissement idéologique le développement durable est une voie socio-économique prometteuse qui permettrait de préserver l’espoir de l’humanité en son avenir orienté dorénavant vers la recherche du progrès qualitatif. Le bénéfice en reviendra à notre planète et à ses occupants et surement pas à des joueurs de casino, des malades atteints de la lubie du profit éternel prêts à nous faire tous sauter.
Amicalement.
Rédigé par : AJ77 | 30 septembre 2009 à 19:45