Mon texte sur l’histoire et la Gauche a suscité de nombreuses observations, ce dont je me réjouis. Je veux m’efforcer ici d’y répondre. Oui, je pense qu’il existe une « idée » socialiste, ou, pour reprendre l’expression utilisée dans un précédent billet, une « identité » socialiste. Celle-ci, je persiste et signe, est le produit d’une Histoire. Elle s’est forgée dans des luttes. Mais, à ne retenir que celles-ci, elle ne se réduirait qu’à un tempérament, une culture. Elle s’est surtout précisée à travers des évènements, des choix et plus encore, des débats. Contrairement à ce que soutient R. Pigenel dans son texte dont je le remercie, je me fais de cette « identité » une idée qui n’a rien de « fixiste ». Je ne prétends pas qu’on pourrait retrouver par une étude archéologique le trésor perdu dont la redécouverte suffirait à nous éclairer. Je déplore plutôt que nous ayons perdu le fil d’une réflexion qui, d’étape en étape, a modelé, transformé l’ « identité » socialiste, y infusant progressivement plus d’attention à la liberté pour l’individu, à la démocratie pour la Nation. Et c’est ce fil perdu qui nous rend justement si difficile de penser et le présent et l’avenir.
Qu’est-ce que l’idée socialiste ? A l’origine une volonté d’organisation ! Le refus du désordre économique, social et moral produit par le libéralisme économique. Le socialisme n’est pas à l’origine le revers du capitalisme. Il ne se construit pas contre le progrès industriel, ni même contre la loi du marché mais contre l’anarchie, l’anomie qu’il produit. Il ne se résout pas, comme certains penseurs conservateurs avec lesquels les libéraux vont d’abord le confondre, à la dissolution du « tout ». Son but est l’harmonie sociale et ses « voyages en Icarie » ne rêvent que de restituer à la communauté sa consistance, sa cohésion même. C’est ce qui rendra son rapport aux libertés si difficile, parfois même si ambigu. Il faudra tout le syncrétisme d’un Jaurès pour réussir là où Blanc et Leroux, peut-être Proudhon avant lui, avaient échoué pour réconcilier individualisme et socialisme, liberté et organisation économique, épanouissement personnel et harmonie sociale !
Le poids de l’ « habitus » marxiste a rendu cette transfusion démocratique héritée d’une autre tradition, née avec la Révolution, complexe et progressive. Elle a souvent conduit le mouvement socialiste à refuser d’en tirer complètement les conséquences. Après Bernstein, le « planisme » est à cet égard un tournant puisqu’il propose de concilier cette volonté d’organisation avec le capitalisme et le marché en le faisant reposer sur l’intervention d’un Etat démocratique et (redoutable ambiguïté que le keynésianisme saura purger), national.
Ce processus trouvera après la guerre son aboutissement dans la social-démocratie. Le problème, et il reste d’actualité, c’est que ce succès n’a jamais été assumé idéologiquement. Au moment où l’idée du socialisme démocratique triomphait, ses représentants n’avaient de cesse d’en décliner la paternité. Au cœur d’une crise financière sans précédent, à l’orée d’une crise climatique qui appelle des solutions durables, le socialisme se retrouve bien à la croisée de ses vieux chemins : réguler, c'est-à-dire organiser, sans nier le besoin de liberté, d’invention et d’initiatives. Faut-il continuer à l’appeler « socialisme » ou lui donner un nouveau nom ? Là encore, l’histoire tranchera puisque c’est elle qui nous dira ce que nous aurons dû introduire de changements, voire même de rupture pour rester nous-mêmes…
Oui, nous avons à apprendre de nos débats fondamentaux, non pour nous replier sur ceux-ci mais pour retrouver le dynamisme intellectuel dont ils étaient porteurs. Il s’agit bien, ce faisant, de nous situer dans l’histoire politique de notre pays et du socialisme européen auquel nous appartenons. Cela nous refuse t-il la possibilité de nous ouvrir sur les problématiques nouvelles que le monde d’aujourd’hui nous invite à approfondir ? Au contraire, ce retour sur nous mêmes peut seul nous donner une base sur laquelle nous appuyer pour nous y engager. Ce débat se confond-t-il comme il m’est reproché avec celui sur l’ « identité » nationale ? Écartons l’argument polémique pour ne retenir que la vraie question que celui-ci évacue trop facilement : l’histoire a constitué la personnalité socialiste en ses principaux caractères et contours et, nous ne pouvons entamer une nouvelle aventure intellectuelle sans outil, sans repère, sans boussole. Je le confirme, le problème de notre parti, c’est que ses dirigeants, à quelques rares exceptions près, ont perdu cette culture politique, la connaissance de cette histoire des « idées » qui nous a amené là où nous sommes et à partir de laquelle nous inventerons le socialisme de demain.
Plutôt d'accord avec les arguments de Gaëtan quant à l'"identité" Socialiste mais une petite erreur s'est glissée dans son texte. Jamais "les lois du marché n'ont produit l'anarchie". L'anarchie, est un système égalitaire non marxiste dont la pensée a été développée par nombre d'intellectuels et pratiqué par quantité de gens (Ukraine, Toscane, Espagne, Russie, etc.)sans être assimilé au chaos social que produisent les lois du marché.
L'Anarchie, c'est l'ordre moins le pouvoir, et comme on le dit à DA, nous sommes les meilleurs spécialistes de notre environnement social, économique et culturel.
Bonne année à tous et que la fête continue.
Rédigé par : ARF60 | 05 janvier 2010 à 09:30
C EST VRAI COMMENT COMPRENDRE LE PRESENT SANS RIEN SAVOIR DU PASSE CERTAINS ONT PERDU CE FIL QUI NOUS RELIE AU PASSE D AUTRE NE L ONT JAMAIS EU
ON TIRE IL ME SEMBLE A BOULET ROUGE SUR L HISTOIRE MOINS LES JEUNES CONNAITRONS LEUR PASSE PLUS ILS SERONT FACILES A ORIENTER DANS LA DIRECTION VOULUE PAR CERTAINS
DANS 1984 DE ORWEL LE MINISTERE DE LA PROPAGANDE MODIFIE LES DOCUMENTS SUR LE PASSE:QUI TIENT LE PASSE TIENT LE PRESENT
C EST UN PROBLEME D ENSEMBLE QUI SE POSE A TOUTE LA SOCIETE
GIRARD
Rédigé par : ,GIRARD [email protected] | 15 décembre 2009 à 20:08
L’identité socialiste.
Partons de ce qui doit-être à la base de tout : « l’homme ».
L’homme s’interroge, il recherche et aspire à vouloir comprendre et à toujours se dépasser.
Il est à la recherche d’un monde meilleur.
Pour respecter et sauvegarder cette recherche et bien entendu toutes ses libertés qui vont avec, l’homme ( ce qui fait ses raisons de vivre ) est dans l’impérieuse obligation d’obéir à certaines règles et lois de la nature. ( ce qui doit constituer ses conditions de vie ).
Bien sûr, il y a toutes ces obligations vitales que sont, se nourrir, se loger…
Et il a toutes ces obligations du vivre en société, ces obligations collectives, du fait de son appartenance à une Région, une nation…
Il doit assurer la paix de son pays avec le reste du monde.
Il se doit d’organiser une économie où la finance est au service de l’économie, l’économie au service de l’homme et de son environnement.
Pour cela il doit considérer que la liberté d’entreprendre n’est pas antinomique avec une meilleure équité dans la redistribution des richesses dans l’entreprise et le reste de l’économie.
Peut-être que : ( Je cite Madame Royal ) « L’apport d’une démocratie authentiquement et radicalement participative dans une perspective d’intervention des citoyens dans les décisions qui les concernent… ». Cela pourrait être une solution ?
Il faut tenir compte d’une donnée, nous n’avons pas à nous seuls le monopole de l’humanisme.
Tout le monde peut même s’en réclamer, même la droite la plus réactionnaire…
Pour mieux « appâter » les gens de conditions modestes.
N’ont-ils pas besoin de tous ces gens de conditions modestes qui leur sert d’appoint pour obtenir une majorité et garder le pouvoir ?…
Garder le pouvoir pour nous le confisquer au profit de la puissance financière.
Telle est leur mission… Ils ne sont que les larbins de l’industrie financière.
De toute évidence la politique suivie par l’actuel pouvoir ne correspond en rien aux attentes des français, ils ont étés bernés.
En conséquence nous devrons reprendre les voix des français modestes qui se sont égarés vers la droite.
Nos concitoyens doivent absolument retrouver une meilleure cohérence entre leur véritable situation sociale et le soutient à une politique donnée.
Obtenir une alternance dans laquelle la majorité politique correspond bien à son corps social, c’est à dire à une majorité sociale.
Les soubresauts actuels du pouvoir financier ne doivent pas faire illusion.
L’ensemble de ce système court à sa propre perte.
Les mesures de régulations prisent par des hommes de droite ne seront jamais à la hauteur des décisions que pourraient prendre les hommes de gauche. Le curseur des régulations ne sera jamais placé au bon endroit.
Les antécédents libéraux ( au sens politique du terme ) de nos hommes de droite ne plaident pas en leur faveur et leur conversion toute ressente est plus que suspecte.
D’ailleurs ne prennent-ils pas la précaution de dire à leurs ouailles que les mesures prisent ne seront que temporaires ! Ce qui prouve que sur le fond ils n’ont rien compris.
De toute façon, il sera plus sécurisant de confier le pouvoir à une équipe authentiquement sociale.
Préférons l’original à la copie !
Monsieur le Député, merci d’avoir ouvert ce débat sur l’identité socialiste.
Il m’a permit au simple citoyen que je suis et sympathisant de l’action de Madame Royal de faire le point.
Je me permets de terminer par les passages de votre intervention qui vont me semble t’il vont dans le sens de ma réflexion.
« Le socialisme se trouve bien à la croisée de ses vieux chemins, c’est à dire organiser, sans nier le besoin de liberté, d’invention et d’initiative ».
« Il faudra tout le syncrétisme d’un Jaurès pour réussir là où Blanc et Leroux, peut-être Proudhon avant lui, avaient échoué pour réconcilier individualisme et socialisme, liberté et organisation économique, épanouissement personnel et harmonie sociale. ».
Rédigé par : DAVID Henri | 14 décembre 2009 à 12:10
Bonjour Mr Gorce,
Je voudrais très modestement proposer les quelques idées ci-dessous:
Historiquement, me semble-t-il, c'est la Gauche qui a le mieux porté les valeurs de solidarité, d'égalité ... Pour ne pas rester dans l'abstrait et compte-tenu de la puissance phénoménale des ultralibéraux, dans le monde et en France, je me limiterais aux points suivants pour asseoir une politique socialite :
- maintenir le rôle régulateur et redistributif de l'Etat (non négociable)et faire de l'Etat le garant de la pérennité des Services Publics et de la Protection Sociale
- rétablir la progressivité de l'impôt sur le revenu, sans limitation vers le haut
- établir un programme d'urgence et d'investissement massif, avec un calendrier, pour sortir de la pauvreté, de la précarité, de l'illétrisme, de l'absence de formations,... les couches marginalisées de la population
- investir massivement dans l'éducation et la recherche (quitte à renoncer à l'armement nucléaire)
- promulguer de nouveaux droits (effectifs)pour les citoyens (droits es usagers des transport, droits es consommateurs, p. ex.).
Etre socialiste, de mon point de vue, c'est fonder l'épanouissement individuel sur le bien-être collectif.
fraternité
Rédigé par : espérance | 10 décembre 2009 à 14:49