Marianne : Vous voyez dans le dispositif préconisé par Arnaud Montebourg pour désigner le Premier secrétaire du parti une « régression », un renforcement du « rôle pernicieux des courants » ?
Gaëtan Gorce : Le mal qui gangrène notre parti, ce sont les courants. Leur représentation à la proportionnelle garantit des « rentes de situation ». On l’a vu lorsqu’il a fallu attribuer des places sur les listes aux élections régionales et européennes… Ce qu’il faut, c’est que le Premier secrétaire soit dégagé totalement de l’influence néfaste des courants et qu'eux-même reviennent à leur rôle initial : des courants d’idées. Ce qu’il faut, c’est rendre le pouvoir aux militants. C’est d’ailleurs ce qu’avait permis Lionel Jospin en autorisant les militants à désigner directement leur Premier secrétaire et à n’importe lequel d’entre eux de se p! orter candidat. C’était une avancée.
Mais on ne peut pas dire que le dispositif actuel hérité de Lionel Jospin ait empêché les luttes entre courants ?
G.G. : Ce n’est pas un système idéal. Le Premier secrétaire est élu après le congrès. J’ai toujours considéré qu’il fallait qu’il le soit avant. Ça lui permettrait de bénéficier d’une certaine légitimité en arrivant au congrès qui ne doit en aucun cas servir à laver son linge sale en famille. Aujourd’hui, les congrès du PS sont devenus des procès d’intention à ciel ouvert. En faisant ça, nous fournissons des arguments à nos adversaires.
Malgré tout, ce que propose Arnaud Montebourg a le mérite de clarifier les choses, de les rendre plus cohérentes : il n’y aura plus déconnexion entre candidat et orientation.
G.G. : Contrairement à ce qu’on dit, le PS est de plus en plus homogène. Prétendre que les motions seront porteuses d’orientations différentes est faux. On est dans l’affichage et pas dans le débat de fond. Les différences existent surtout entre des personnalités. Le congrès de Reims l’a montré. Pour les questions de fond, on pourrait organiser des conventions thématiques comme nous le faisons actuellement.
Vous craignez également que les primaires n’aient pas lieu. Pourtant la décision de Ségolène Royal — dont vous êtes proche — de se rapprocher de Martine Aubry et de Dominique Strauss-Kahn pourrait conduire à ce genre de scénario. Du moins, les primaires pourraient-elles perdre de leur sens s’il n’y avait qu’un seul d’entre eux pour se présenter ?
G. G. : Je suis proche de Ségolène Royal, mais je suis quelqu’un de libre et autonome dans sa parole. Je pense qu’en faisant ça, elle a très bien agi. Elle met fin à la guerre des chefs. C’est une démarche intelligente, une démarche apaisante. Mais ça ne doit pas être un prétexte pour supprimer les primaires...
Bonjour Mr Gorce,
J'apprécie vos interventions notamment à travers la contribution social-réformiste "Partir du réel pour aller à l'idéal" que vous avez signé avec Mrs Collomb, Valls, Rebsamen, Boutih entre autres et vos positions crédibles sur les retraites. Vous avez raison de plaider pour des vrais primaires ouvertes et non des combines d'appareil et des pré-selections. Pour ma part aprés avoir longtemps soutenu Segolene Royal, je soutiens la candidature de Manuel Valls qui me parait désormais le seul rénovateur crédible des idées et des pratiques. Je pense, sans vous donner de conseils, que vous devriez faire de meme.
Rédigé par : Christophe | 06 juin 2010 à 17:05