Quelles leçons peut-on tirer de la première journée de débat ?
D'abord, c'est un élément de contexte mais il ne faut pas le négliger, la faible mobilisation de l'UMP. Ou plus exactement, le soutien très frileux qu'elle a chichement apporté à son ministre. Constamment interpellé par la Gauche, Eric Woerth n'a été applaudit qu'à la toute fin de son intervention, et s'est trouvé ainsi abandonné à la contestation de l'opposition, tout le temps que dura son discours.
Ensuite, la mise ne place progressive des arguments utilisés par les deux camps. Le ministre du Travail a voulu rappeler les données comptables, multiplier les comparaisons avec les autres pays européens, clamer son attachement au régime par répartition. Les orateurs socialistes ont pour leur part pu souligner combien l'équilibre financier promis était précaire (la présidente de la CNAV, l'avait d'ailleurs rappelé la veille) et plus encore combien certaines des mesures les moins « visibles » du projet allaient pénaliser d'abord les jeunes. La prolongation de trois ans de la CNDS aura pour effet de reporter sur les générations futures la charge fiscale d'une dette sociale étalée dans le temps ; la disparation du fonds de réserve des retraites privera la puissance publique des ressources indispensables pour lisser le choc démographique qui surviendra à partir de 2020. Il faudra donc se tourner à nouveau vers l'impôt.
Joseph Macé-Scaron, sur le site de Marianne, reproche au groupe socialiste de ne pas « avoir été à la hauteur ». Mais à bien lire les commentaires qui accompagnent son texte, on a plutôt le sentiment qu'il déplore que nous n'ayons pas fait le choix de porter des « coups bas » au ministre du Travail. Pour ma part j'assume cette orientation. Il ne fait aucun doute que le gouvernement s'affaiblit lui-même en persistant à confier ce dossier à un ministre pris dans une tourmente médiatique et peut-être demain judiciaire. Et l'opposition s'affaiblirait elle-même si elle devait concevoir sa tâche comme paradoxalement complémentaire de celle que semble s'être donné le Président de la République, à savoir, à toute force, et par tous les moyens, abaisser le débat public !
Mon regret portera plus sur le fond. Nous n'avons pas suffisamment insisté sur deux points.
Alors que le Gouvernement ne cesse de prendre argument des réformes rigoureuses intervenues partout ailleurs en Europe, nous ne lui avons pas suffisamment rappelé que de telles symétries n'étaient pas fondées dans la mesure où la démographie française est la plus dynamique du continent. Le taux de fécondité est en effet voisin de 2 alors qu'il est très inférieur à ce niveau en Allemagne, en Italie, en grande-Bretagne, etc. ce qui change naturellement considérablement les paramètres du débat...
Ensuite, nous avons omis d'insister sur la nécessité d'aborder cette question du financement de la protection sociale dans sa globalité. Dire ce que l'on fera pour équilibrer notre régime de retraite, sans par ailleurs indiquer quel type de ressources (économies, ressources fiscales, etc.) seront consacrés au déficit de notre système de santé et aux besoins en matière de dépendance, revient à occulter l'essentiel. Ce qui sera en effet mobilisé pour l'un, ne pourra pas l'être pour les autres, sauf à mettre en péril la compétitivité de notre pays ou le pouvoir d'achat de nos concitoyens. C'est donc un plan d'ensemble destiné à assurer l'avenir de notre système de protection sociale qu'il faudrait aujourd'hui discuter. À choisir la tactiques des Horaces, peut-être un seul restera vivant, mais au prix de la mort des deux autres...
Gaëtan Gorce
En mai, le JDD titrait
Retraites: La gauche veut un référendum
http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Retraites-La-gauche-veut-un-referendum-196749/
Cette revendication est- elle toujours d'actualité ?
Rédigé par : Sl | 09 septembre 2010 à 14:18
Je partage tout à fait cette analyse et le titre me fait penser à Hector Rolland l'ancien maire de Moulins qui lui voyait dans le combat politique " les Horaces contre les coriaces"
en effet la droite ne voulant rien modifier de ses projets sera coriace.quant aux députes UMP beaucoup seront balayes dans 2 ans , je veux bien croire que cela rende frileux.
girard
Rédigé par : ar | 08 septembre 2010 à 16:58
Merci pour votre texte découvert sur Marianne.
Seul hebdo que je lis,après le "Canard", mais dont quelquefois le coté donneur de leçons m'insupporte et pour etre plus précis je devrais écrire "en direction du PS".Dans le cas précis de l'attitude du PS je me réjouis de sa position et de votre argumentaire.
Reste que les médias français posent un véritable problème.
Raoul -La Réunion.
Rédigé par : raoul Lucas | 08 septembre 2010 à 15:42
Je pense qu'il est encore temps de reprendre ces 2 arguments excellente précision
Rédigé par : bernadette | 08 septembre 2010 à 15:04