Une seule question est aujourd'hui sur toutes les lèvres sur les bancs de la majorité comme parmi les journalistes : la gauche rétablira-t-elle l'âge de départ légal à 60 ans ? La question est intéressante puisqu'elle présuppose, ce qui n'aurait pas été le cas il y a quelques mois, que la gauche puisse revenir au pouvoir dès 2012.
Elle soulève cependant une difficulté : c'est qu'elle ne se suffit pas à elle-même. Quel est le problème, en réalité, auquel sera confronté tout gouvernement dans deux ans (j'écris dans deux ans car celui d'aujourd'hui a manifestement renoncé à y faire face) ? C'est que l'accumulation des déficits et de la dette qu'ils suscitent créera à la charge de l'Etat entendu au sens large (comptes sociaux compris) un besoin de financement de plus de 100 milliards d'euros.
Avec Messieurs Chirac et Sarkozy, la dette publique a doublé depuis 2002 ; le déficit de l'assurance maladie dépasse - et de loin - celui de nos retraites et les prochaines années s'annoncent encore plus difficiles. Comment d'étonner dans de telles conditions que nous empruntions désormais sur les marchés financiers à des taux légèrement croissants (+0,6 ces derniers jours, soit environ 1,8 milliards d'euros de coût supplémentaire pour le budget de l'Etat) ?
Éclairée par un tel contexte, la question appelle par conséquent une réponse en deux temps : si l'on décide, et ce serait justice, de ramener l'âge de départ à 60 ans, ce sera forcément en décidant de donner à cette dépense supplémentaire la priorité sur d'autres... Augmenter les cotisations, alourdir la charge fiscale sur les plus fortunés, taxer les déficits des banques, tout cela nous ne pourrons le faire qu'une fois. Si c'est pour les retraites, il nous faudra alors trouver ailleurs les économies indispensables au rétablissement de nos comptes publics.
C'est ce langage de vérité et de rigueur que nous devons tenir : l'héritage que nous laissera la droite sera le pire qu'ait connu ce pays depuis le début de la Cinquième République. Nous devrons l'assumer dans un creux de croissance et au moment où celle-ci devra, en fonction des exigences environnementales, être définie d'une manière nouvelle. Nous devrons l'assumer au moment où la compétition mondiale, exacerbée par les aléas de la sortie de crise, soulignera encore les faiblesses de notre économie à l'exportation. Il est regrettable à cet égard que le débat public et médiatique se focalise sur la seule problématique de l'âge du départ à la retraite. Le véritable enjeu, et tous les gouvernements s'efforcent d'y échapper depuis au moins vingt ans, c'est de savoir comment d'un même mouvement moderniser notre économie sans sacrifier notre pacte social.
Nous devons nous livrer à un véritable audit de notre système de protection sociale. Non pas dans un esprit comptable, mais pour garantir que les centaines de milliards d'euros qu'il mobilise sont bien mis au service des objectifs de redistribution et de justice qui les justifient. Les choses ne pourront pas demain rester comme avant. Qui veut défendre notre système de protection sociale doit bien l'admettre.
La droite, elle, n'en a cure, qui laisse filer déficits et dettes en invitant chacun à trouver par l'assurance la solution qui lui conviendra. Baisser les pensions, c'est encourager la retraite privée. Creuser le déficit de l'Assurance maladie, c'est favoriser l'assurance personnelle. Modifier l'APA, c'est aussi renvoyer les familles sur l'assurance privée... est-ce cet avenir que nous voulons ? Évidemment non ! Ce qui suppose que nous sachions faire face à la droite avec un véritable programme de réformes qui comportera des avancées mais aussi des sacrifices. C'est cette pédagogie qu'il faut faire dès aujourd'hui.
Gaëtan Gorce
Retraites : la question de tous les déficits doit être posée
La République en danger pour un écart de deux ans sur l'âge de la retraite ? Les débats en France sont vraiment des caricatures de caricatures. On se balance des dogmes intouchables à la figure, et ça tient lieu de discussion. La volée de bois vert que M.A. avait reçue quand elle avait évoqué "61 ans, 61 ans 1/2" était affligeante. La voilà obligée de rentrer dans le Dogme des gardiens de la Vraie Croix. Triste.Martine, la gauche nous a tellement décue....si le gouvernement ne recule pas (mais ce n'est pas dit car la mobilisation grandit), il faudra que dans la plateforme de gouvernement de la gauche il y ait engagement solennel d'un retour à 60 ans...mais avec un taux plein, car sinon, on est encore dans la malhonnêteté...beaucoup ne voteront pas un PS qui navigue entre deux eaux...et beaucoup de voix iront au Front de gauche..avec eux au moins, on sait où on va
Rédigé par : vetement travail | 22 septembre 2010 à 21:16
Il faut dire aux Français si la gauche revient au pouvoir en 2012, on repart sur la loi de 2010 et on discute sur un nouveau projet de retraites avec les syndicats, le gouvernement et les tout le peuple français, çà durera peut-être longtemps, mais si on avait commencé quand Michel Rocard a écrit son livre blanc on en serait pas là. Prenons exemple sur les pays scandinaves. Il y sont arrivés on est pas plutôt "cons" qu'eux on y arrivera
Rédigé par : boule de geisha | 13 septembre 2010 à 17:47
La dette publique est à cette heure de 1535 milliard d'euros,je rajoute un s à euro .Quand on donne ce chiffre on dit d'habitude, ça fait 24 000 euros par Français.Dans ce cas on se montre très égalitaire , et c'est la seule fois.Pour ceux qui perçoivent plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de fois le salaire minimum nul ne dit ils doivent selon leur faculté 240 000 euros ou 2 400 000 euros par individu .
Avec de tels chiffres qui donnent le vertige je ne vois pas comment on pourrai rétablir nos comptes publiques, et plus la situation sera mauvaise plus les taux d'emprunts seront élevés.
Quand un héritage se présente et qu'il est douteux il convient de ne l' accepter que sous condition d' inventaire.
girard
Rédigé par : girard | 12 septembre 2010 à 23:19
Je suis sans aucun doute un primaire de la pire espèce mais tant qu' il y aura un chomeur dans notre pays je trouverai aberrant de faire travailler encore plus , plus longtemps ceux qui ont un emploi, pendant l' occupation et le rationnement on aurait du gaver ceux qui avaient à manger et en contre partie faire périr de faim une partie de la population,on peut sourire mais c'est le système actuel pour la répartition du travail.
"Ce qui est hors des gonds de la coutume on le croit hors des gonds de la raison"disait Montaigne.
mais je me trompe sans doute:"quand la populace se mele de raisonner, tout est perdu"ça c'est de Voltaire.
girard
Rédigé par : girard | 11 septembre 2010 à 18:59
Bonjour Gaëtan, bonjour à tous,
En parfait accord avec la mise en garde que nous adresse Gaëtan, je pense qu’il faut élaborer dès aujourd’hui un programme de réformes. Et que chaque euro dépensé soit un euro utile à la communauté, pour paraphraser Ségolène Royal, ce qu’il exprime nettement par la nécessité d’affecter judicieusement les milliards qui devront être "mis au service des objectifs de redistribution et de justice".
Notre détermination nous mènera à communiquer clairement au pays l’impasse que représentent le laisser-faire et l’irresponsabilité de la droite au pouvoir depuis trop longtemps maintenant.
Pour renforcer notre démonstration reprenons le cliché évoqué par Girard, « la droite épargne/ la gauche dépense ». La caducité d’un tel stéréotype peut être éclairée par la pédagogie des flux financiers internationaux qui s’opèrent au détriment de la classe laborieuse (au sens de l’économie réelle) en France. Nous comprendrons vite combien la "dépense" effective, utile, que représente le budget peut servir le pays et contribuer à sa richesse, comparée à l’utilisation financière outrancière effectuée par tous ces gouvernements de droite, de manière absolument décomplexée depuis l’arrivée de Sarkozy. D’ailleurs ce dernier semble avoir décidé d’importer au compte de sa présidence gouvernementale le programme ultralibéral de Bush. (La partie "s’en va-t’en-guerre" impérialiste ayant été permutée en politique ultra-sécuritaire orientée vers le bouc émissaire d’ennemi intérieur).
Gaëtan, pouvez-vous m’expliquer ce que vous entendez par "taxer les (déficits) des banques" dans votre 4ème paragraphe ?
Amicalement.
Rédigé par : AJ77 | 11 septembre 2010 à 17:55
La droite qui en d'autres temps pensait que Aubry ou Royal c'est blanc bonnet et bonnet blanc va jouer la carte de la division : que dit madame Aubry que dit madame Royal sur l'age de départ en retraite à 60 ans .?Si les violons sont bien accordés ce sera l' harmonie sinon...
Oui il faudra un état des lieux ! et le faire connaitre à tous car la musique habituelle est que la droite épargne et que la gauche dépense, clichés qui ont la vie dure!
Il faudra chiffrer beaucoup d' éléments, vu le peu de différence entre les bas revenus des travailleurs et celui des chomeurs en prenant en compte la totalité des éléments ce qui réserve sans doute bien des surprises !
Quant à l'état de nos finances je ne vois aucun moment dans le passé , après une période de paix ou l' on retrouve une situation si calamiteuse .
girard
Rédigé par : girard | 10 septembre 2010 à 19:18