Alors que tout le Nord de l'Afrique comme la péninsule arabique s'embrasent, le dossier israélo-palestinien semble, lui, au point mort. Et l'on ne voit pas très bien ce qui, à court terme, pourrait permettre de le relancer.
Le gouvernement israélien n'y trouve à l'évidence aucun intérêt. La façon dont il a géré la question du « gel » des colonisations en témoigne.
Sa position économique est bonne : la croissance atteint de nouveau 3%. Sa base politique s'est consolidée après la crise qu'a traversé le parti travailliste : celui-ci s'est certes retiré de l'alliance gouvernementale mais au prix du départ de la moitié de ses députés emmenée par le ministre de la Défense Éhoud Barak. La sécurité intérieure semble, enfin, mieux assurée, les attentats ayant diminué de manière spectaculaire (ce que les Israéliens attribuent à la construction du Mur et d'autres à l'attentisme - purement tactique - du Hamas). De sorte que l'on voit moins de policiers en armes en débarquant à Ben Gourion, qu'à Roissy !
La pression internationale, enfin, est réduite à néant. L'Europe a, comme toujours, la tête ailleurs. Quant aux États-Unis, leurs multiples changements de pied sur la question de l'implantation en Cisjordanie et à Jerusalem-Est de nouvelles colonies, leur ont fait perdre toute crédibilité.
Dans ces conditions, le Gouvernement israélien a beau jeu de chercher à détourner l'attention en brandissant la menace iranienne !
Le tableau ne serait pas complet si l'on n'y ajoutait l'impuissance à laquelle est réduite l'Autorité palestinienne. Prise en tenaille entre le Hamas, à Gaza, et un État israélien qui n'accepte aucun préalable à la reprise des discussions, elle ne doit aujourd'hui sa survie qu'au boom économique dont bénéficie la Cisjordanie (9% de croissance l'an passé).
Son avenir politique est en revanche plus qu'incertain, subordonné à sa capacité à créer les conditions favorables à la proclamation d'un État palestinien à l'automne. Le pari est risqué mais, après les élections annoncées pour l'été, il constitue sans doute la seule carte dont disposent encore Abou Mazen et le Fatah.
Ce constat de blocage est cependant d'autant plus paradoxal que le peuple israélien n'a jamais été autant convaincu de la nécessité d'un accord. Et le Likoud n'a-t-il pas, et pour la première fois, reconnu l'an passé la légitimité de « deux États pour deux peuples » ? Cette évolution de l'opinion ne se traduit pourtant, à la différence des années 2000, par aucune mobilisation populaire. Comment l'expliquer ? À la fois par la « tranquillité relative » qui prévaut aujourd'hui mais surtout par le repoussoir que représente Gaza. Pas un Israélien qui ne prenne en « exemple » tout ce qui s'y est passé après le retrait de Tsahal. Nul n'est prêt aujourd'hui à accepter un processus identique en Cisjordanie. La rue israélienne ne croit pas l'Autorité palestinienne capable de maintenir l'ordre public aux portes d'Israël.
Cette délégitimation n'est plus le résultat d'une diabolisation comme celle dont était victime Arafat, mais de la faiblesse visible d'une Autorité palestinienne à laquelle ses déchirements comme l'attitude du Gouvernement israélien n'ont cessé de contribuer. Aussi les choses ne sont-elles pas prêtes d'évoluer, en tout cas pas avant l'été. Et les événements qui se produisent en Egypte, en Tunisie, en Libye, au Yémen, à Barhein n'y changeront rien. On peut même penser au contraire que ces pays seront trop occupés à retrouver une paix intérieure pour faire du dossier palestinien une priorité, pour autant qu'il l'ait jamais été.
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