Retrouvez mon interview sur le site Atlantico concernant le Congrès du PS :
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Retrouvez mon interview sur le site Atlantico concernant le Congrès du PS :
Rédigé par Gaëtan Gorce | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
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À La Rochelle, on pouvait tout dire ce week-end. Sauf parler ouvertement du choix de notre futur Premier secrétaire. Celui-ci est entouré d'un silence d'autant plus assourdissant qu'il n'était en coulisse question que de cela. N'aurait-il pas été temps, pourtant, de faire cesser cette parodie de démocratie sur fond de faux suspense ? Se choisir un dirigeant est un acte normal dans un parti, un acte simple, facilité même par notre victoire à la présidentielle qui lève tout risque de conflit de leadership. Pourquoi faut-il alors qu'on n'en connaisse encore pas les règles ? Et que tout soit fait même pour qu'il n'y ait pas de débat ? La rénovation entamée l'an passé aurait-elle produit si peu de résultats que l'on ne pourrait faire courir à ce parti le risque d'un vote ouvert, démocratique après, summum de l'innovation politique, appel à candidature ? Ce qui vaut pour la plus petite de nos communes serait-il trop sophistiqué pour un parti plus que centenaire revendiquant plus de cent mille membres ? Pour citer Martine Aubry, « lorsque l'on ne dit pas tout, c'est qu'il y a un loup ! »
Les Socialistes entretiennent certes avec le pouvoir des rapports ambigus encore compliqués par leur conception des Institutions. Rétifs à la présidentialisation du pouvoir, ils en sont pourtant aujourd'hui les premiers bénéficiaires. Mais ne savent toujours pas comment en tirer les conséquences et faire vivre ensemble ministres et militants, chef de gouvernement et chefs de courants. La connaissance intime que le Président a du parti ne peut d'ailleurs le conduire qu'à la prudence et... ses collaborateurs à la méfiance. C'est ce sentiment qu'il faudrait pourtant dépasser.
Une fois les élections passées, le PS risque en effet de ne plus être perçu par l'exécutif, qui en est pourtant issu, que comme un fauteur de trouble potentiel, voire un pousse au crime plutôt que comme un facteur de changement ou une source d'inspiration.
Le problème n'est pas nouveau. Il a conduit de 81 à 86 à l'effacement du parti dans des conditions qui ont laissé aux acteurs de l'époque un goût amer au point de conduire Lionel Jospin en 88 à saluer son départ de Solférino par un" bonjour la vie " qui en disait long sur les "souffrances" endurées.
Est-il bien nécessaire que l'histoire se répète ? Et ne pourrait-on tirer pour une fois de cette expérience des leçons utiles ? Au vu de ce qui se prépare ce sont des questions que l'on est en droit de se poser tant la tentation de renouveler les d'erreurs d'alors paraît forte aujourd'hui.
À l'instar de ce qui s'est passé voici 30 ans après la victoire de F. Mitterrand, le PS est à nouveau invité à ne pas gêner l'action gouvernementale. C'est bien le moins. Mais faut-il pour autant le convier à se mettre en congé de débat ?
Disons le tout net : sa mission ne peut être définie simplement en négatif ou en creux. Et son action comme son expression se borner au décalque de celles du gouvernement. À La Rochelle, un rapide coup d'oreille au programme révélait aussitôt que la liste des tables-rondes avait été tout bonnement calquée sur l'organigramme des ministères pour permettre à chaque titulaire d'un portefeuille de s'exprimer laissant nos secrétaires nationaux jouer fort convenablement les doublures Mais n'est-ce pas là que le bât blesse ?
Ce serait en effet une erreur politique que de réduire le parti à cette pauvre mission de simple trait d'union voire de porte parole du gouvernement. Pour une raison simple : la crise à laquelle nous devons faire face, et les difficultés politiques qu'elle ne peut qu'engendrer ne sont qu'à leurs débuts . Le gouvernement n'a qu'a peine esquissé le projet de redressement budgétaire et fiscal qu'il devra conduire pour remettre nos comptes à flot. Plus encore les exigences de la transition écologique qu'il nous faut amorcer, et qui constituent la seule voie de sortie possible, ont été à peine évoquées. À ces défis, le gouvernement seul ne pourra faire face. Il aura au contraire besoin d'être accompagné, soutenu, conforté parfois précédé par un parti ouvert, dynamique, tourné vers le débat. Un parti doté de sa propre feuille de route qui devrait consister non seulement à préparer les esprits aux changements nécessaires, qui ne seront pas tous populaires, mais aussi à associer les Français à leur conception comme à leur mise en œuvre. Majoritaires dans les Assemblées, comme sur nos territoires, il lui faudra mobiliser pour cette tâche élus et militants, sympathisants et partenaires.
C'est dans ce contexte, bien particulier, qu'intervient notre Congrès et que se pose la question de la succession de notre Première secrétaire. Aussi ne peut-il s'agir d'un simple passage de relais. Encore moins d'une formalité opérée par cooptation. Mais d'une nouvelle étape à franchir. D'un esprit nouveau à faire souffler qui ne confonde pas solidarité et subordination, silence et responsabilité.
Au lieu de cela, à quoi risque-t-on d'assister ? À une peu glorieuse mise en scène où un parti qui a su mobiliser plus de 3 millions de personnes pour se choisir un candidat à la présidentielle, laisserait quelques-uns décider seuls du successeur de Martine Aubry. Où un parti doté des plus larges responsabilités dans un des moments les plus difficiles qu'ait eu à affronter le pays depuis la Libération, serait invité à se mettre en sommeil en attendant les prochaines échéances. "Fermez la porte à clef et n'oubliez pas d'éteindre la lumière" ne peut être le message adressé aux militants socialistes invités à laisser à quelques dirigeants triés sur le volet le soin de faire fonctionner la photocopieuse pour relayer les communiqués du gouvernement. Un parti "papier carbone" en quelque sorte abandonnant aux cabinets, pourtant encore bien inexpérimentés, la conduite des affaires. Je l'écris d'autant mieux que j'assume ma totale solidarité avec l'action du Président de la République et ne revendique nullement cette autonomie pour le PS pour mieux critiquer un projet que je soutiens. Mais parce que je crois que la liberté de jugement est un allié plus lucide et plus sûr que la servilité d'esprit et le soutien automatique. A ce stade, une mise en garde est par conséquent nécessaire : tout cela ne pourrait aboutir qu'à de graves désillusions, sans compter la frustration de centaines de milliers d'adhérents et de sympathisants dont on ferait les spectateurs d'un changement qu'ils ont initié.
Si tel devait être le schéma proposé, il ne pourrait être accepté. Cela reviendrait à mêler le meilleur de la démocratie vaticane avec les méthodes qui prévalaient autrefois au Kremlin. La vocation du parti ne peut être d'attendre que sorte enfin la fumée blanche au cœur de la Place Rouge.
C'est pourtant à quoi nous serions réduits si nous devions attendre que Martine Aubry veuille bien enfin livrer le nom de l'heureux "élu" !
Aussi la Direction du PS devrait-elle sans tarder, pour prévenir ce scénario, préciser la règle du jeu et dire comment le parti sera amené à se prononcer ! Pour qu'un débat puisse s'engager et une collégialité s'organiser. Nous savons depuis les primaires que nous n'avons rien à redouter de la transparence et tout à craindre de l'opacité et de l'oligarchie. C'est pourquoi nous demandons avec Juliette Méadel que notre prochain Premier secrétaire soit élu au suffrage universel dans un vote ouvert aux militants et aux sympathisants qui ont souhaité, après les primaires, rester en contact avec le PS. Et que l'on ne prenne pas pour l'empêcher le prétexte d'un passage obligé par les motions. Ce serait revenir sur l'une des avancées majeures opérées par Jospin lorsqu'il redevint Premier secrétaire en 1995. Comme alors, la démocratie, c'est bien le moins...
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Le Congrès de Toulouse ne doit ressembler à aucun de ceux qui l'ont précédé. La crise nous oblige à aller à l'essentiel. Et pour le PS, celui-ci a pour nom : " changement ".
Changement de nos habitudes de pensée, de nos réflexes partisans, de notre rapport à la citoyenneté et à l’engagement politique. La réforme de nos modes d’organisation, héritage de la fin du XIXe siècle, est une première étape : c’est à ce prix que nous pourrons réconcilier tous les acteurs de la société avec le PS. Il est temps aujourd’hui de bousculer la formule surannée des motions, de réduire l'influence de courants repliés sur des querelles anachroniques, et de rétablir l'élection de tous nos dirigeants au suffrage universel !
Le changement ne sera possible que si notre parti s'ouvre largement sur la société, et d'abord en direction des 800 000 sympathisants qui ont manifesté, à l'occasion des Primaires, leur volonté de travailler avec nous. A cet égard, il est regrettable qu'ils soient aujourd'hui réduits au rang de simples spectateurs des débats, alors qu'ils ont été les premiers acteurs du changement. Les associer à notre travail de réflexion et aux décisions qui seront prises dans les mois et les années à venir sera la clef et du succès futur de la gauche, et du renouvellement de la démocratie.
Le changement ne sera possible que si le PS fait le pari de l'imagination démocratique et reformule, dans une perspective de progrès social et d’émancipation collective, les grandes questions posées par la crise globale que nous traversons. Qu'il s'agisse de notre orientation européenne, de l'avenir de notre modèle républicain ou des enjeux d'une économie efficace et solidaire, c’est donc en assumant et en menant la bataille idéologique que le PS pourra changer la société.
Ce changement si nécessaire est en marche. Nous avons déjà remporté une première victoire, puisque notre diagnostic a été repris par Harlem Désir dans une tribune publiée dans Le Monde le 27 juillet 2012. Néanmoins, au-delà des mots et des intentions, manquent les propositions concrètes. C'est un début, certes, mais encore très insuffisant. La direction propose le " changement ", mais ne dit pas – ne sait pas ? – comment elle veut procéder, au risque de décrédibiliser l'exigence réformatrice. Aux camarades de la direction qui affirment vouloir changer le Parti, nous disons : « Encore un effort pour vraiment proposer le changement ! »
Au contraire, nous avons une ambition pour le PS : pourquoi ne pas proposer une modification des statuts, qui serait soumise au débat et à l'appréciation de tous ? Ces statuts nouveaux garantiraient ainsi le respect dû aux militants qui doivent pouvoir s'exprimer en toute liberté, et aux sympathisants à qui l'on doit proposer des formes nouvelles de participation.
Nous voulons un parti à l'image des valeurs qu'il porte : humilité, solidarité, humanité, égalité entre les hommes et les femmes, jeunesse. Un parti qui, transformé, pourra enfin donner envie à nos concitoyens de nous rejoindre, au service du bien commun et d'une certaine idée de l'engagement politique.
Ce changement ne pourra aboutir que grâce au rassemblement de tous les socialistes autour de solutions novatrices : suppression des motions, limitation du poids des courants, généralisation du principe des primaires citoyennes, non cumul effectif des mandats, etc.
Mais, pour créer une large dynamique politique, le rassemblement préalable de tous ceux qui, en contribuant au débat, ont exprimé une même exigence réformatrice est nécessaire. Tous, nous sommes convaincus que le PS doit aujourd'hui entrer dans une nouvelle phase de son histoire. Alors, pourquoi ne pas réfléchir et travailler ensemble, à partir de nos initiatives respectives ?
Les Primaires nous ont non seulement permis d'enclencher le processus de la victoire, mais elles ont aussi donné à chaque militant, à chaque sympathisant, à chaque socialiste, l'envie de prendre en main le destin du Parti. C'est ce mouvement-là que nous voulons continuer !
Aussi, invitons-nous tous les socialistes qui, à travers les contributions qu’ils ont déposées, ont manifesté leur volonté de changer le PS, à se rassembler pour bâtir tous ensemble un projet novateur et fédérateur, à la hauteur des défis d'aujourd'hui et de demain !
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Vous trouverez à l'adresse ci-dessous la tribune que Juliette Méadel et moi-même publions dans Médiapart, et qui présente les grands principes à partir desquels nous souhaitons engager une réforme des statuts du PS :
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