Si l'on veut bien considérer qu'un bon diagnostic est le préalable indispensable à la qualité du traitement prodigué, alors il faut se féliciter du rapport que le Premier ministre a commandé à Louis Gallois.
Faut-il en dire autant du plan finalement adopté par le gouvernement ? Commençons par le constat ! Une chose est de s'inquiéter de la situation de notre industrie, une autre est de savoir qu'en 10 ans celle-ci à vu s'effondrer sa contribution à la richesse nationale, avec à la clef la disparition, nette, de centaines de milliers d'emplois. Le redressement passe évidemment par des mesures structurelles : développement de l'effort de recherche, en particulier à l'initiative du secteur privé, organisation de filières, aide au financement des entreprises de taille intermédiaire. Mais celles-ci, pour indispensables qu'elles soient, ne produiront leurs effets que dans plusieurs années. Or, c'est immédiatement qu'il faut agir : la poussée du chômage témoigne de l'absolue nécessité d'un choc, qu'on l'appelle comme on veut, si l'on ne veut pas laisser la situation continuer à se dégrader.
Mais comment faire ? L'outil monétaire, la dévaluation, si souvent utilisée dans notre histoire, n'est désormais plus disponible. Les moyens pour relancer le pouvoir d'achat font défaut d'autant qu'une éventuelle relance de celui-ci pourrait servir plus aux importations qu'à la croissance. Dès lors, il n'existe que deux options.
Soit un choc budgétaire, consistant à injecter 30 Mds€ d'investissements publics dans l'économie, ce qui supposerait que nous obtenions de l’Europe que les dépenses d'avenir soient décomptées du plafond de 3% s'appliquant aux déficits. Pourraient en bénéficier les infrastructures publiques : ainsi la SNCF bute sur la question du renouvellement de ses rames Corail, soit 4, 5 Mds € dont pourrait bénéficier Alstom...
À gauche, c'est évidemment cette solution qui aurait dû avoir notre préférence sauf qu’elle est aujourd'hui hors de portée, compte-tenu de l’attitude de nos partenaires.
Soit, comme le propose Gallois, un choc de compétitivité, c'est-à-dire une baisse spectaculaire des cotisations sociales pour dégager les marges des entreprises et les faire bénéficier, face à leurs concurrents, d'une diminution de leurs coûts. Cette baisse pouvant s'accompagner de la conclusion de contrats avec les branches professionnelles, pour faire du doublement du nombre de jeunes accueillis en alternance la contrepartie de l'aide apportée...
C'est pourtant une 3ème solution qu'a choisie le gouvernement ! Le recours, habile, au crédit d'impôts s'apparente à la formule préconisée par L. Gallois. En revanche, son délai de mise en place fait qu’elle ne s’appliquera qu'en 2014. Et même si l'on peut espérer que les entreprises anticipent son impact, celui-ci ne pourra se faire immédiatement sentir. Les prochains mois risquent dès lors d'être particulièrement difficiles, en particulier sur l'emploi. Ce qui, pour la gauche pourra se traduire par l'éloignement, déjà amorcé, de son électorat. Joint à la faiblesse économique actuelle, cet affaiblissement politique pourrait lui coûter cher. Aussi, ne devrait-elle pas, en parallèle, faire le choix de s'inscrire sans naïveté dans le rapport de forces que cherchent à nous imposer les adversaires d'une politique de justice ? Le recul devant les « pigeons » ou sur les œuvres d'art dans l'assiette de l'ISF, le compromis très insatisfaisant conclu sur les dépassements d'honoraires, laissent en effet à nos concitoyens le sentiment que la gauche risque, une fois de plus, d'oublier ses bases !
Il n'est pas trop tard pour reprendre certaines de ces mesures : comment justifier par exemple que le créateur de start-up qui réalise sa plus-value en vendant son entreprise ne soit pas nettement plus taxé, s'il décide de vivre de ses rentes, que s'il réinvestit son revenu ? Il en va de même du propriétaire d'une œuvre d'art valant plus de 50.000€, dont l’argent serait aujourd’hui plus utile à la croissance! Une bonne politique ne doit jamais regretter d'obtenir la bienveillance de ses adversaires ou des sceptiques. Mais elle ne mène à rien sans la confiance de ses soutiens.
Bref, une économie plus compétitive, c'est bien ! Avec un gouvernement compétitif, c'est mieux !
Après le "compromis très insatisfaisant sur les dépassements d'honoraires"comme tu viens de l'écrire c'est aujourd'hui la gréve des bistouris et je ne peux m'empêcher de penser à ce médecin qui il y a 40 ans de cela qualifiait les grévistes dont j'étais de "minables"-il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau.
girard
Rédigé par : girard rené | 12 novembre 2012 à 20:08
Qui doit faire la politique de la France? les élus ou les "pigeons" qui n'ont aucune légitimité mais les moyens eux de se faire entendre ou les Charles Berling ou autre François Berléand sur la bière?
Tout cela est consternant!
Oui tu as bien raison la base a la sentiment d'être oublié et c'est plus qu'un sentiment : un constat.
La majorité a tout a y perdre rien à y gagner et dans ce cas ça en sera finit pour 30 ans autant dire pour l'éternité pour beaucoup d'entre nous!
Un recul , c'est la porte ouverte à un second recul, sans limite, rien n'est perdu , mais il est temps de réagir.
girard
Rédigé par : girard rené | 09 novembre 2012 à 20:05