« Mieux vaut en rire qu'en pleurer ! » : à suivre l'adage, la Gauche devrait se réjouir de voir les protagonistes du « drame » qui se joue à l'UMP s'adresser l'un à l'autre des invectives qu'on croirait concoctées par le camp d'en face. Mais peut-être cette rixe, dérisoire et accablante, doit-elle être aussi matière à réflexion ?
Comment ne pas y voir, tout d'abord, une nouvelle preuve de l'incapacité des partis à intégrer leur nouvelle mission ? Celle qu'attend d'eux une opinion de plus en plus rétive à l'opacité des procédures et des débats. Le citoyen, de droite comme de gauche, veut désormais savoir pourquoi et sur quels critères sont opérés les choix qui aboutissent à telle ou telle désignation ou décision. Ségolène Royal l'avait bien compris qui avait fait de cette exigence de participation la clef de son projet. Voici donc nos partis invités à ouvrir le rideau sur leurs pratiques. Qui se révèlent, du PS à l’UMP, fort peu ragoûtantes ! Et pour cause, ayant été conçues non pour être montrées, mais pour permettre de réguler dans le secret des appareils les intemporelles questions de pouvoir et de majorité.
Après le désastre de Reims, la crise au sein de l'UMP nous apporte à son tour la démonstration qu'il ne suffit pas d'injecter un peu de démocratie pour que les choses changent : le recours au vote militant au sein de structures habituées à pondérer les influences et les résultats en fonction de critères propres à la bureaucratie interne, a débouché, dans les deux cas, sur un clash « culturel » et politique. Choisir de braquer les projecteurs sur l'avant-scène suppose que celle-ci ait été préalablement débarrassée, nettoyée des détritus et vieux papiers accumulés dans l'ancien temps. Autrement dit, que la démocratisation et la transparence ne répondent pas à un simple effet de mode mais s'inscrivent dans un changement plus global de l'idée que l'on se fait aujourd'hui d'un parti : « une révolution copernicienne » nous dirait Pierre Moscovici ! Or ce changement, aucun des hommes, ou des femmes, aux manettes au sein du PS ou de l’UMP, n'a envie de l’entreprendre. Parce qu'il menacerait, saperait même, les bases de son pouvoir. D'où le caractère irréaliste et quasi-suicidaire des situations politiques que provoque cette contradiction.
La vraie réponse ne pourrait venir que d'une transformation radicale des formations politiques autour de l'idée de l'intervention citoyenne non plus traitée comme une contrainte nouvelle mais comme une opportunité. De cette boite à outil pourrait ainsi émerger l'idée de primaires ouvertes, à la condition de ne pas les laisser, comme au PS, sans suite... Mais d'autres bouleversements devraient suivre qui conduiraient à redéfinir la place du militant, à affaiblir le rôle des apparatchiks et à rendre au débat d'idées sa vraie dimension. J'y reviendrai !
L'autre commentaire qui s'impose aujourd'hui est suscité par l'attitude adoptée par Jean-François Copé, qui a choisi de ne rien lâcher. Folie égocentrique ou choix stratégique ? Son entêtement interroge. Aussi ne peut-on s'empêcher d'examiner une hypothèse : n'est-il pas en train d’effectuer, à sa manière inimitable, d'arrogance et de brusquerie, la même opération que Chirac en 1976, lors de la création du RPR ? Et de pousser consciencieusement vers la sortie tous ceux dont les pratiques, et les idées, relèvent de la vieille droite, notabiliaire et compassée que Fillon est supposé incarner ? Son calcul serait alors le suivant : il n'y a place sur l'échiquier politique à droite que pour deux partis, l'un du centre-droit libéral, « bourgeois » et européen ; l'autre national, social et populaire. L'UMP, en se situant entre les deux ne pourra survivre. Pourquoi des lors ne pas tenter sur l'électorat d'extrême-droite l'OPA que le FN espère opérer avant lui sur celui de l'UMP ? Ce que celle-ci ne pourra réussir qu'à la condition d'avoir à sa tête un vrai chef capable de s'adresser, sans ciller, à l'opinion, sans constamment se faire rappeler à l'ordre par des « consciences » ou des bonnes âmes protégées par leur statut.
Au final, on le voit, deux options, qui toutes deux conduisent à la fin des partis tels que nous les connaissons : d'un côté, une vraie démocratie participative, renouvelant les modalités de l'expression politique, de l'autre une forme de populisme partisan, cassant lui aussi les intermédiaires, inspirée de la vieille tentation charismatique... À suivre, nécessairement !
"Ouvrir le rideau sur leurs pratiques"l'expression est heureuse, mais derrière le rideau c'est Guignol ce ne sont point ceux qui dirigeaient la France il y a 6 mois encore ou alors !
Tu as bien raison de relever qu'il est plus facile de parler de la démocratie que de la faire vivre.
Ces choses là me font bondir, comme les curés qui parlent de la famille, eux qui sont censés ne pas en avoir.
On se gargarisme avec la démocratie et on recrache c'est pas très ragoutant.
Ce matin je me suis réveillé après avoir fait un horrible cauchemar la démocratie n'existait plus , il n'y avait eu nul coup d'état, non elle avait été tuée par ceux qui étaient censés la représenter !
rené girard
Rédigé par : girard | 26 novembre 2012 à 20:10
Marc Domec
Section P.S. de Darnétal.St-Léger du Bourg-Denis (dpt 76)
Commentaire trés intéressant....
A suivre ....pour la mise en oeuvre !!!
Cordialement.
Marc Domec
Rédigé par : Marc Domec | 26 novembre 2012 à 19:45