Que le Président de la République ait décidé de mettre ses paroles en accord avec ses actes, nul ne songera à s'en plaindre. Le redressement ne se fera pas sans efforts et ceux-ci méritent d'être justifiés. Mais la direction choisie risque de se révéler incomplète sinon déséquilibrée. Réduire les dépenses publiques ? L'état de nos finances ne nous laisse guerre le choix, tant on a abusé de l'impôt. Alléger les "charges" des entreprises ? Dans le contexte, imposé par l'Allemagne à toute la zone Euro, d'une course à la compétitivité, y renoncer serait suicidaire ! Mais le problème est ailleurs.
Sur la forme, tout d'abord, rien n'a été dit ni précisé sur la place qui sera donnée aux partenaires sociaux dans la négociation de ce pacte de responsabilité. Impossible d'imaginer pourtant, sans céder à la tentation de la conditionnalité, qu'un nouvel effort soit accompli (après le CICE) en direction des entreprises sans que des engagements clairs soient obtenus du Medef en matière d'emploi, pour ne prendre que cet exemple, et notamment d'emploi des jeunes. C'est donc à la négociation que devrait être subordonnée la mise en œuvre des avantages prévus par le Pacte. Et, dans la mesure où le Medef représente assez mal le réseau de nos entreprises industrielles, il conviendrait que cette discussion soit privilégiée à l'échelle des branches dont on pourrait du même coup encourager le regroupement. De même, ne peut-on une fois de plus manquer de s'interroger sur la façon dont la diminution des dépenses publiques sera obtenue. La marge de manœuvre à l'échelle de l'Etat reste plus que limitée et ne devrait être utilisée qu'en impliquant fonctionnaires et usagers. Mais chacun sait bien que l'essentiel ne pourra venir que d'une réforme en profondeur de notre système de protection sociale qu'il serait redoutable d'abandonner à des technocrates ! On est donc en droit d'exiger une méthode et des objectifs visant à améliorer non le niveau de protection mais l'efficience du dispositif. Bref, que le mot "responsabilité" soit décliné complètement et à l'égard de toutes les parties au Pacte du même nom...
Sur le fond, ensuite, et ceci au moins à deux égards.
Comme il a déjà été exposé ici, l'injustice de notre système fiscal rend tout d'abord insupportable le transfert sur l'impôt de charges nouvelles. L'on ne peut que s'étonner dans ces conditions que pacte de responsabilité et réforme fiscale n'aient pas été présentés de concert. Peut-être la conférence de presse du 14 janvier permettra-t-elle d'y voir plus clair à ce sujet ? Il est clair en tout cas que la fiscalisation d'une partie des cotisations familiales ne serait acceptable qu'à cette condition !
Mais il y à plus grave encore. Le Président semble avoir en effet totalement omis l'enjeu d'une relance sans laquelle son projet de Pacte ne pourra avoir sur l'emploi que des effets homéopathiques. On nous annonce, certes, une initiative franco-allemande pour le printemps, mais tout laisse craindre, à commencer par le programme de la nouvelle coalition mise en place outre-Rhin, qu'elle n'aille guère plus loin que le compromis annoncé lors du Sommet de Juin 2012 et dont l'impact sur la croissance s'est révélé, comme on pouvait s'y attendre, quasi-nul. Du coup, l'urgence reste bien à la mise en place d'un programme national de soutien à l'activité via l'investissement public. Réduire les dépenses sans préserver celles qui préparent l'avenir reviendrait à consentir, comme l'a fait le dernier budget, à une hausse du chômage et à la destruction de notre armature industrielle. Ce à quoi un gouvernement de gauche ne saurait consentir !
Or, à défaut d'une telle volonté, le compte n'y sera pas pour une majorité de Français ! La France a certes besoin d'une ligne claire. Et tant mieux si le Président est décidé à l'exposer et à la défendre. Nos concitoyens sont par ailleurs toujours prêts à accepter des efforts s'ils sont convaincus que cela aidera le Pays à retrouver un élan.
Mais leur réaction risque d'être bien différente s'ils réalisent que la politique suivie sacrifie leur avenir, en tout cas celui des salariés comme des territoires ou des activités industrielles les plus fragiles et les plus exposés ! C'est donc pour prévenir ces risques que le projet de Pacte devrait être complété sauf à n'en faire qu'un instrument de communication politique destiné seulement à obtenir l'assentiment des commentateurs.
Formons le vœu que ce soit d'autres ambitions qui gouvernent nos gouvernants !
La manière dont le Président de la République a parlé de la France lors de ses vœux, mettant l'accent sur l'histoire qui la rassemble et le projet qui doit la mobiliser, m'a à cet égard plutôt rassuré. A suivre...
"Réduire les dépenses publiques ? L'état de nos finances ne nous laisse guerre le choix, tant on a abusé de l'impôt"
S'exprimer ainsi, c'est parler comme les libéraux. Des impôts élevés ne sont pas nécessairement abusifs, s'ils s'accompagnent d'un haut niveau de services publics. Nos concitoyens ne trouveraient pas leurs impôts trop élevés si les transports en commun coûtaient moins cher (ou même étaient gratuits en ville), si la connexion internet était gratuite grâce à une couverture WiFi de l'ensemble du territoire assurée par l'Etat, etc. Le problème est que les impôts augmentent parallèlement au désengagement de l'Etat.
Nos concitoyens ont en plus le sentiment -qui n'est pas toujours illusoire- que l'argent de leurs impôts est gaspillé (par exemple lorsqu'il est utilisé pour financer les dépenses de communication des élus).
Rédigé par : chatel | 12 janvier 2014 à 13:28
Si ce gouvernement est honnête et juste il ne devra rien accorder au patronat sans contreparties.
Souvenons nous la baisse de la tva dans le secteur hôtelier ce fut un cadeau de Sarko à cette profession sauf de rares exceptions le consommateur n'en a rien retirer et le personnel non plus-plus jamais ça-
Il faut négocier comme des marchands de tapis rien sans rien, le patronat n'est pas là pour faire plaisir à quiconque mais et c'est logique pour faire du profit.
S'il y trouve son compte il créera des emplois en contrepartie de ce qu'il aura obtenu , mais n'essayons pas de remplir le tonneau des Danaïdes , l'argent est rare pour beaucoup de Français.
Pour ce qui est de la présentation des voeux ayant tellement écouté d'hommes politiques,parler pour ne rien dire j'ai comme beaucoup de Français éteint ma télévision.
girard
Rédigé par : girard rené | 06 janvier 2014 à 20:02