Que faire ? La question familière depuis toujours au mouvement socialiste, nous accompagne de nouveau ? Que faire face à l'échec d'une politique, à la défaite de nos idées, à la montée des extrêmes ? Que faire face au désarroi de nos concitoyens, et d'abord de nos électeurs et de nos militants, à la résignation de nos élus, à l'arrogance inconséquente aussi de certains de nos représentants ? Attendre un inéluctable échec ? Ou tirer la leçon des événements passés pour retrouver l'élan que peut encore nous donner le formidable projet dont nous sommes les héritiers ? Ces questions je te les ai posés après que tu aies accédé aux responsabilités qui sont les tiennes, dans un esprit constructif ne maniant ni la fronde ni la brosse à reluire. Les réponses que je m'étais permis de te suggérer me semblent près de 4 mois plus tard toujours d'actualité. Autant du coup te les rappeler ! Alors ? La première étape, parce qu'elle est prévue par nos statuts, passe inéluctablement et très vite par un Congrès. Laisser prospérer les dissidences, les rébellions, les frondes; renoncer à les trancher de la seule manière satisfaisante qui soit (par le vote et le débat) serait une solution bien pire. Pour autant, il ne saurait être question d'organiser ce Congrès en laissant le champ libre aux courants qui ne sont plus que des assemblées de rentiers réunies pour se partager ce que le parti peut encore distribuer de prébendes ou de mandats. Sa préparation devra en conséquence être confiée à une sorte de "comité des sages" qui pourrait suggérer :
1) que le vote ait lieu sur un seul texte, amendable, afin de concentrer et de clarifier la discussion.
2) que la représentation proportionnelle soit suspendue, trois à quatre ans, le temps de permettre la reconfiguration du parti autour des sensibilités nouvelles que le débat de fond rendu possible par la disparition des clans ne manquera pas de faire naître.
La deuxième étape, à l'occasion du Congrès et sur la base des travaux des États généraux (qui devraient donc en être le prélude) sera de faire émerger une nouvelle synthèse permettant de dépasser l'opposition stérile entre les "deux" gauches, l'une se voulant fidèle à notre histoire, mais qui ne l'est en réalité qu'à ses préjugés, l'autre se prétendant moderne mais ne cherche en fait qu'à masquer son désarroi et ses abandons. Cette synthèse pourra être tentée autour de quelques idées simples :
1) la reconnaissance de la nécessité d'une politique de redressement économique... 2)...pour autant qu'elle soit conçue et menée dans la perspective d'un nouveau modèle de production lié aux exigences de la transition énergétique...3)... et pilotée par un État réformé, démocratisé, décentralisé...4)... dans une Zone Euro mobilisée autour d'objectifs de croissance et de convergence des économies des pays membres. On l'aura compris, une telle démarche suppose, pour réussir, que tous et toutes, au nom de la survie de notre mouvement, acceptent de geler leurs ambitions personnelles et de neutraliser les enjeux de pouvoir le temps nécessaire au débat et à sa conclusion. Est-ce trop espérer que de croire encore à un sursaut ou que de compter sur l'instinct de survie de dirigeants qui se savent peut-être en sursis ? A défaut, je ne donne en effet pas cher de notre avenir commun. Mettre le couvercle sur toute discussion n'est en effet plus possible : l'ustensile a déjà servi à Toulouse et pour quel résultat ! Laisser, autre voie, le champ libre aux courants reviendrait en revanche à ouvrir la boîte de Pandore sans aucune chance de la refermer à l'approche des présidentielles. Du coup, c'est le beau rôle qui te revient pour autant que tu veuilles bien te hisser à sa hauteur : faire le choix des idées et tenter de rassembler autour d'un projet tourné vers l'avenir ! Depuis 20 ans, c'est la seule option qui n'ait pas été tentée. C'est dire que tu as le champ libre.
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