Cher(e)s camarades,
Y a-t-il une fatalité à ce que nous nous comportions comme les petits héritiers d'une grande histoire?
Ceux qui avant nous portaient l'idée socialiste ont su consolider la République, créer de toutes pièces un nouveau modèle de société, organiser par la paix une belliqueuse Europe. Et nous, nous mégotons sur les droits des chômeurs, ergotons sur le travail du dimanche, chipotons sur la durée des contrats de travail !
Manquons-nous à ce point de défis à relever ?
Ou bien plutôt de lucidité et de courage pour les affronter ?
Manuel, dont je veux saluer l'engagement et la valeur, veut "moderniser", "réformer" le Pays. À la bonne heure ! Mais pour le conduire vers quelle destination ? Vers quel type de société ?
S'agit-il de ressembler à d'autres que plus grand chose ne distingue du modèle anglo-saxon ou de réinventer sous une forme nouvelle notre exception française, qui n'est que l'autre nom de la République ?
La Gauche, c'est la République et le Premier ministre a su tout à l'heure trouver les mots pour le dire.
Mais la gauche, c'est plus que la République, c'est le refus de se plier à l'ordre des choses. C'est en somme, le Socialisme ! BCE beau et vieux mot qui chantait comme l'espérance aux oreilles des plus modestes. Et lorsque ceux-ci s'éloignent de nous, c'est un peu de l'idée socialiste qui s'éloigne avec eux !
Comment comprendre - alors que la crise financière de 2008 nous a fourni la preuve de la faillite d'un système - que certains d'entre nous puissent se proclamer aujourd'hui encore qui, social-libéral, qui, social-démocrate, prêchant l'adaptation à un modèle qui se fissure de toutes parts ?
Je respecte leur point de vue. Mais je leur dis amicalement que leur cadran s'est arrêté en 2008.
Ce qui pouvait s'entendre voici 10 ans, ne peut plus l'être aujourd'hui au milieu du chaos provoqué par la crise financière et bientôt écologique.
N'est-ce pas l'évidence ?
Avons-nous oublié que nous vivons selon le même modèle, à peine amendé, que celui qui nous a conduits au bord du gouffre... et dont nos budgets payent aujourd'hui encore le terrible prix ?
Le défi n'est plus de nous adapter à l'économie mais de ne pas abdiquer face à elle.
À ce défi, ni le techno-pragmatisme, ni la nostalgie des radicalités d'antan ne peuvent constituer une réponse.
Pour le dire autrement : l'avenir ce n'est ni Macron, ni Mélenchon ! Il n'est ni chez Blair, ni chez Schroeder, ni chez Renzi, en gros : pas chez ceux qui ont les idées dans le dos, mais partout où s'invente un autre modèle, innovant, coopératif, collaboratif...
Ne serait-il pas temps de conjurer cette sorte de fausse lucidité qui nous fait admirer la social-démocratie une fois qu'elle n'est plus opérationnelle, et la troisième voie après qu'elle eut rendu l'âme ?
Il n'y a rien de pire que cette paresse idéologique qui nous fait prendre les vessies d'un bien frustre néo-libéralisme pour les lanternes du progrès.
C'est un nouveau chemin qu'il nous faut prendre qu'empruntent déjà en tâtonnant les gauches grecque et espagnole.
Face à la crise financière et climatique, jamais nous n'avons eu autant besoin de refonder la crédibilité et la légitimité de l'action publique !
Face au déchirement de nos sociétés, jamais nous n'avons eu tant besoin de solidarité et de justice !
Il est temps de s'en rendre compte et d'engager la bataille, politique et intellectuelle non en empruntant les armes de l'adversaire mais en réaffutant les nôtres sur l'aiguisoir de la réalité d'aujourd'hui !
Au fond, à travers l'éco-socialisme, car tel est le nom que nous devons donner à ce projet, nous nous trouvons dans la situation exaltante de ceux qui, à l'orée de la première révolution industrielle, ou au lendemain des convulsions de la Grande crise et de la guerre effroyable qui suivit, se demandaient déjà comment placer l'intérêt collectif au dessus de la loi absolue de la concurrence.
À cette responsabilité, nous ne pouvons pas nous dérober. Sauf à laisser à d'autres le soin d'apporter leur réponse, qui ne sera pas celle de la démocratie et de la solidarité, à des problèmes qui, eux, demeureront posés. Si le prix à payer pour la fuite en avant technologique reste le chômage de masse ; si le tribut exigé par la mondialisation libérale demeure la crise climatique et les mouvements migratoires et sociaux qu'elle provoquera inéluctablement, il vaudrait mieux que la solution vienne du vieil humanisme qui nous anime et auquel nous devons rendre son imagination !
Mais ne nous y trompons pas c'est bien d'un combat qu'il s'agit ! Qui suppose de la lucidité, de l'ardeur et de l'inventivité.
La COP 21 le montrera bien. Ceux qui croient que le consensus prévaudra ou suffira en seront une fois de plus pour leurs frais. Il n'y aura pas d'action réellement efficace contre le réchauffement tant que les lois dominantes seront celles de la rentabilité maximum.
L'éco-socialisme n'est pas l'expression d'une vague compassion pour la planète mais la réaffirmation, sur un mode nouveau, de la volonté de transformation sociale sans laquelle il n'y a pas de socialisme !
Non, le temps n'est plus aux habiles et aux petites habilités, aux malins et à leurs petites malignités.
Leur succès d'un jour sera bien éphémère.
Parce que nous avons changé d'époque, nous devons changer de modèle de penser.
C'est ce mouvement qu'il nous faut maintenant impulser.
Au lendemain de la scission de Tours, Léon Blum, fidèle au parti de Jaurès avait voulu garder "la vieille maison".
Eh bien, c'est la "jeune maison" du socialisme et de l'éco-socialisme, qu'il nous faut désormais bâtir, ouverte aux quatre-vent, à la société comme au reste de la gauche.
Une " jeune maison" que nous bâtirons avec un élan de cœur mais aussi une exigence intellectuelle qui fera des socialistes d'aujourd'hui non les pâles liquidateurs d'une ancestrale organisation mais les vrais héritiers d'une grande et belle histoire !
Vive la gauche, vive l'idée socialiste !
@jaeckle daniel
"Réaffirmons que cette exigence de plein emploi n'a de sens que s'il se décline à l'échelle de tous les territoires européens."
Et que faire si cette exigence d'un "plein emploi aux couleurs du modèle social républicain" n'est pas majoritaire en Europe ? Le modèle dominant n'est-il pas plutôt celui du "plein emploi anglo-saxon ou ordo-libéral: c’est à dire pauvre et précaire" ?
Cessons de prétendre que la solution que nous cherchons se situe à l'échelle européenne alors que le modèle européen issu des traités est incompatible avec les valeurs auxquelles on déclare par ailleurs demeurer attaché.
Rédigé par : chatel | 22 juin 2015 à 08:46
Gaëtan, je viens de penser à l'instant , si tu as toujours la possibilité d'approcher le Premier Ministre de la République Française je veux dire Manuel Vals te serait-il- possible de lui suggérer de prendre un bouffon , la dépense ne serait pas excessive et cela rendrait un excellent service à la république et à la démocratie.
Imagine un peu un pauvre citoyen pouvant dire son fait à un si haut personnage qui a il me semble un égo quelque peu démesuré et sans risque ou presque et qui plus est en étant payé pour ça!une bonne place et plus qu'utile , indispensable.
Je pense que mon idée ne soit jamais suivi d'effet et c'est bien dommage pour la France car nous n'avons pas encore tout vu.
C'était ma contribution -sans truelle-pour bâtir la nouvelle maison et surtout pour que l'ancienne ne s'écroule pas et que nous nous retrouvions sous les décombres .
girard
Rédigé par : rene girard | 08 juin 2015 à 19:44
Bigre non l'avenir n'est ni à Macron ni à Mélenchon ,il est encore moins à Valls ou à Hollande, on a déjà donner .
Changer de modèle de penser c'est bien d'autant plus que vous aurez du temps pour justement penser , beaucoup de temps mais vous n'aurez peu de monde pour vous écouter.
On est tombé bien bas bien bas, l'opposition ne permet aucun espoir et nous avons la nausée , dans ces conditions construire "la jeune maison du socialisme"est impossible car on va cruellement manquer de maçons in secula seculorum.
girard
Rédigé par : rene girard | 08 juin 2015 à 18:50
Mille fois oui.
Mais comment répondre à la question de la méthode permettant d'installer le débat dans les termes dans lesquelles tu le poses. Depuis 20 ans déjà nous vivons sous le joug des dogmes néo-libéraux que nous ne parvenons pas à bousculer; malgré la qualité des travaux de tous ceux qui fustigent ces règles imposant des dérives où seule l'explosion des inégalités peut se réclamer d'un nouvel universalisme.
Et nous ne pouvons rien attendre de cet invraisemblable dégradation du débat public et politique où une petite camarilla politico-médiacratique impose ses misérables thématiques politiciennes.
Pour relever le défi de la "nouvelle société" à construire il est également nécessaire de batailler sur le front de l'information économique et sociale. Et pour lier ces deux thématiques dans une dynamique susceptible de chahuter les concepts et d'ouvrir d'autres horizons je reste convaincu que le meilleur fédérateur des combats à livrer est la refondation de cette belle ambition du Plein Emploi.
Un nouveau plein emploi ferment d'une Europe à relancer et à fédérer autour de nouvelles perspectives .
Mais pas le plein emploi anglo-saxon ou ordo-libéral: c’est à dire pauvre et précaire.
Un plein emploi aux couleurs d’un modèle social républicain faisant expressément référence au préambule de notre constitution, fidèle aux conventions internationales et aux traités qui fondent nos politiques publiques..
Un plein emploi qui servira de boussole et de révélateur à de nouvelles organisations politico-sociales; accélérateur des transformations de nos modèles productifs; intégrant d'autres approches des territoires et de la citoyenneté, plus responsables et plus engagées.
Et réaffirmons que cette exigence de plein emploi n'a de sens que s'il se décline à l'échelle de tous les territoires européens.
Cela relève clairement de le définition d'un agenda politique et social.
Deux ans c'est court! Mais seuls ceux qui jouent peuvent gagner....
Daniel Jaeckle
Rédigé par : jaeckle daniel | 08 juin 2015 à 12:06