Je publie aujourd'hui, aux éditions
Lignes de Repères, Choisir, lettre ouverte à ceux qui
veulent espérer de la gauche. Pourquoi? Parce qu'il faut
croire en la Gauche! Non comme une injonction mais par lucidité.
La lutte qui depuis des siècles met aux prises l'ordre et le
mouvement, la force des choses et celle des idées, n'est pas
prête de s'achever. Sa dialectique constitue le moteur de notre
démocratie. À chaque génération d'en
renouveler les arguments.
Comment, pourtant ne pas désespérer?
La double victoire de François Mitterrand en 1981 et 1988, a,
avec le recul du temps, pris toutes les apparences d'une parenthèse.
Trois défaites successives à l'élection
présidentielle pourraient même faire croire à une
fatalité, conjurée seulement par accident à la
faveur, en 1997, d'une dissolution aventureuse.
Ma conviction, celle répétée
tout au long de mon livre, c'est qu'il n'en est rien : la Gauche ne
peut imputer ses échecs qu'à elle-même.
Comprendre ses erreurs, en démontrer le mécanisme,
constitue par conséquent son premier devoir. Sauf à les
laisser, comme cela est arrivé une fois de plus en 2007, se
répéter.
J'en appelle à la fin du parti
d'Épinay, qui a rempli son office, mais n'est plus aujourd'hui
l'outil affûté qui permettra la reconquête.
J'en appelle à l'émergence
d'une nouvelle génération, qui se prépare depuis
des années à l'Assemblée ou sur le terrain
local. Pour elle aussi, l'heure du choix est venue : celui de prendre
son destin en main ou de laisser ceux qui n'ont pu l'emporter qu'avec
François Mitterrand et qui sans lui n'ont su qu'accumuler les
échecs, continuer à dicter leur loi.
J'en appelle enfin à une
véritable régénération intellectuelle et
morale. Faute de se renouveler, la Gauche est en passe de devenir un
anachronisme.
C'est à cette régénération
que veut contribuer, modestement, cet ouvrage. J'ai souhaité
en effet aller au-delà d'un témoignage. Démissionnaire,
au lendemain de nos échecs de 2007, de la direction du PS,
j'ai voulu à la fois fixer mes désaccords et tenter de
dégager une perspective. Après une année entière
à faire le procès d'un système, j'ai choisi de
me faire dorénavant l'avocat de celui qu'il faut lui
substituer. Ce livre esquisse les dix pistes d'une possible
reconstruction. Il laisse de côté de nombreuses
questions sur lesquelles il me faudra revenir. Mais je forme le voeu
que toutes celles et tous ceux qui ne veulent pas désespérer
de la Gauche l'acceptent comme une contribution honnête au
travail que nous devons faire pour rendre à la Gauche, avec la
fierté d'être elle-même, le goût de la
victoire et l'énergie qui y conduit!