À l'approche du feu, la Droite serre les coudes. Difficile de dire si le nouveau gouvernement sera un gouvernement de combat. Nul doute, en tout cas, qu'il en ait la vocation. Nicolas Sarkozy veut rassembler le cœur de son électorat, quitte à fâcher des élus centristes dont il ne connaît que trop la pusillanimité.
La Gauche pourrait certes s'en réjouir : « tout cela pour ça ! », a dit justement Martine Aubry. Et il est clair qu'aucun « nouveau » souffle n'est à attendre de cette « nouvelle » équipe. Mais attention à ne pas se tromper sur la nature exacte de la menace. Elle ne vient pas de cette Droite qui se remet en ordre de bataille mais bien plutôt du Centre, désormais laissé à lui-même. Ou plus exactement, de la tentative de reconstitution d'un Centre à laquelle vont se livrer ses partisans. Qu'émerge un candidat crédible (certes, la tâche sera rude !) et c'est le premier tour de la présidentielle qui se complique et le second qui devient incertain. Ségolène Royal ne s'y est pas trompé en n'hésitant pas à leur tendre la main.
Mais la question est moins celle des hommes que des idées. L'enjeu n'est pas tant de sceller telle ou telle alliance d'appareil que d'occuper le terrain libéré par l'Élysée. La victoire de Nicolas Sarkozy en mai 2007 s'est, certes, construite sur sa dynamique de premier tour. Mais elle a aussi été le résultat direct du report des voix qui s'étaient portées sur François Bayrou quinze jours plus tôt. Comment parer ce risque sinon en adoptant un langage de vérité qui adresse à l'électorat modéré un message de sérieux, de compétence et de responsabilité ?
Il ne s'agit pas de renier nos préoccupations sociales, mais de les intégrer à un projet d'ensemble qui prenne en compte la situation économique et financière du pays. Il ne s'agit pas de renoncer à notre identité, mais de la protéger de toute forme de sectarisme dans l'expression (qui ne serait que le pendant de celle de Sarkozy).
Écologistes, centristes, vont disputer au PS un électorat préoccupé par les enjeux de défense de l'environnement, de gestion de la dette, et d'humanisme social ; de respect des « formes » de la démocratie, aussi. Notre ambition doit se construire selon la chronologie que nous imposent les Institutions : jeter les bases d'une majorité présidentielle dont la majorité parlementaire se déduit.
Il nous appartient dès lors de constituer l'axe politique et idéologique qui nous permettra de faire le lien entre tous ceux qui rejettent aujourd'hui le sarkozysme. Cette alliance ne peut se fonder sur ce seul rejet. Celui-ci ne doit être pris en compte que comme le point de départ d'une démarche plus ambitieuse qui réponde aux attentes profondes de nos concitoyens : comment assurer, pour ne prendre que cet exemple, l'avenir de notre protection sociale sans faire exploser les prélèvements ?
Notre responsabilité est à la mesure des perspectives qui s'ouvrent à nous. Aussi nous faut-il dépasser les enjeux internes, pour élargir notre panorama. Nicolas Sarkozy nous en offre l'opportunité. Il le sait ! Mais il fait le pari que nous ne saurons pas nous en saisir... Il serait dommage de ne pas le décevoir !
Gaëtan Gorce
PS : il nous faudra aussi être attentifs à l'évolution du rôle du Premier ministre. Il est toujours le même et pourtant il n'est pas tout à fait identique au précédent. Il est trop tôt pour dire s'il sort du remaniement réellement renforcé. Les apparences lui sont au moins favorables. Et son habilité peut alors le conduire à tenir un discours suffisamment ouvert pour tenter de faire passer pour sociale une politique libérale, et pour rigoureux un véritable laisser-aller budgétaire et financier.
François Fillon est un homme qui a une « structure » de pensée. Malgré son passé « seguiniste », cette structure est « libérale », c'est-à-dire qu'elle est fondée sur la rétraction de l'État. À nous de le démontrer sans faiblesse lors de nos questions à l'Assemblée. Jusqu'alors, nous l'avons épargné pour privilégier, pour cible, Nicolas Sarkozy, tant il était transparent. Il n'est plus sûr que cela soit tout à fait le cas aujourd'hui.
La recomposition du Centre serait une "menace".. Malgré un esprit d'ouverture affiché, vous jouez contre le pluralisme avec une honnêteté accablante. Sachez que les centristes ne seraient être qu'une force d'appoint pour le PS et l'UMP. Si recomposition il y a, elle ne pourra perdurer que par son indépendance.
Rédigé par : Beaufrere Mathieu | 27 novembre 2010 à 12:01
Bonjour Gaëtan, bonjour à tous,
La plupart de vos observations me semblent refléter la réalité, sauf quand vous soulignez cet aspect de la stratégie de NS " quitte à fâcher des élus centristes ".
Mon point de vue serait plutôt que les conseillers du pouvoir veulent briser les pourtours de leur imposture que l’opposition, nous autres adversaires, avons réussi à délimiter. Autrement dit toutes ces manœuvres ressemblent à s’y méprendre à un exercice de balkanisation préélectorale (donc simulée) de leurs forces alliées.
Autre point auquel je voudrais apporter une nuance, d’accord avec vous pour porter une attention toute particulière sur l'évolution du rôle du Premier ministre. A mon avis, derrière lui se cache le Medef avec qui il travaille main dans la main.
Quant à notre action, vous avez parfaitement raison d’insister pour nous puissions constituer un axe politique et idéologique fiable autour d’un financement, soit raisonnable, mais raisonné et argumenté de notre protection sociale. Pour moi il est incontournable que cela passe par un investissement important en matière de pédagogie économique, un langage de vérité de la part du parti socialiste, en vue de prouver la nécessaire implication des revenus financiers dans la fourchette (par exemple dans le régime des retraites par répartition).
Amicalement.
Rédigé par : AJ77 | 24 novembre 2010 à 18:51
Que d'attentions pour le centre n'a t il pas trop chaud , trop froid, est il bien éclairé -ce n'est pas sur -pour beaucoup qui reviennent de chez sarko que de soins!ils n ont pourtant pas taper sur des casseroles comme à Santiago!.
On disait chez moi "charité bien ordonnée commence par soi même": il serait plus juste de s'occuper de l'humanité souffrante de gauche, il y a parmi de pauvres diables démunis de tout certains d'entre eux qui votent front national car ils se sentent abandonner par la gauche, cette reconquête passe à mon avis avant les humeurs du centre, à moins qu'a 2 ans des échéances électorales le centre soit le point de ralliement pour gouverner c'est à dire pour ne rien changer.
girard
Rédigé par : girard | 20 novembre 2010 à 18:14
Je suis d'accord avec vos prévisions.Il ne faut attendre aucune ouverture de la part de François Fillon, fidèle au libéralisme d'ue région prospère à l'ancienne et aux dynasties de propriétaires...
Son maintien au poste de premier ministre a dû être chèrement revendiqué, surtout dans la perspective de 2012.
En fait les choses sont clarifiées et chacun retourne à sa vocation première.
Rédigé par : Marie-Rose Isambert section socialiste d'Hendaye 64700 | 17 novembre 2010 à 19:50
Ce qui va sans dire , va encore mieux en le disant:si pour complaire au centre vous êtes prêt à mettre de l'eau dans votre vin qui n'est pas très rouge qu'allez vous obtenir?
j'enfonce le clou et je vous redis que si c'est pour faire la même politique que la droite rester chez vous , que si vous pensez qu'il n'y a pas d'alternative je vous en prie rester chez vous, vous épargnerez aux Français une nouvelle déception , il n'y aura pas d'illusions perdues , pas d'équivoque le peuple saura qu' il n'est pas représenté ,que la démocratie n'est qu'une illusion.
nous allons vivre des jours difficiles , je parle des Français de base et si vous ,qui êtes la France du haut, prenez ça à la légère ,c 'est que vous ne méritez pas de prétendre être nos représentants .
En un mot si vous n'avez pas de programme mais seulement des magouilles préparez vous pour siéger à la Douma de NICOLAS II.
Girard
Rédigé par : girard | 17 novembre 2010 à 13:54