Le gaullisme n'existe pas, pensait et claironnait le Général de Gaulle. Ce disant, il voulait s'éviter les inconvénients d'une descendance. À voir comment fut géré son héritage, on le comprend !
Le Général faisait partie de ces hommes d'État (y-en-a-t'il d'autres ?) pour lesquels la politique, comme la guerre, est un art tout d'exécution. À partir de principes simples, et dénués de toute considération idéologique (la souveraineté, l'intérêt général), il s'est livré à l'exercice au point d'avoir su parfois incarner la Nation toute entière.
Son seul legs est sa Constitution et, à l'intérieur de celle-ci, l'élection du Président de la République au suffrage universel. Celui que l'on qualifia longtemps d'autocrate, attendait en réalité du suffrage qu'il donne à ses successeurs la légitimité qu'il avait gagnée de l'Histoire. Le trop-plein qu'il prétendait redouter masquait en réalité un grand vide que le sacre populaire devait combler.
Force est de constater que même ainsi réduit aux acquêts, son héritage est aujourd'hui bien mince. La banalisation de la fonction présidentielle a commencé avec le départ du Général, diront ses inconditionnels, mais aussi et peut être surtout avec la cohabitation. Le quinquennat paracheva la manœuvre d'autant que, faute au malheur des temps, a été élu pour cette durée nouvelle le moins gaullien des présidents. Qui, après Jacques Chirac, abaissant la fonction pour complaire à son Premier ministre (un comble) en retirant le CPE, a fini de lui retirer ce qu'elle avait, sinon de sacré, du moins d'incomparable.
Reste donc une nostalgie qui en dit beaucoup sur notre société : la faillite des partis à faire face avec courage à la situation économique et financière, la dérive égotique des dirigeants et des candidats exposés à une usante (et si gratifiante) médiatisation, les petits arrangements passés avec la morale publique, créent une mélancolie démocratique qui rend au Général, par comparaison, et le jeu parfois trompeur de la mémoire, une stature, une pointure qui n'appartiennent plus à la panoplie de « leader » moderne.
Sans doute est-ce pour cela qu'il y a deux églises à Colombey. L'une pour ceux qui, dans la continuité d'un héritage qu'ils revendiquent encore, viennent une fois l'an expier leur trahison et chercher un pardon au pied d'une croix de Lorraine (qui devait, selon le Général, donner au moins du courage aux lapins); l'autre pour ceux qui, sans jamais avoir été gaullistes, se disent qu'après tout la grandeur, qui ne va pas sans ses petitesses (le SAC, Foccart, etc.), vaut mieux que la taille unique...
Peut on encore vraiment comparer? De Gaulle était un homme d'état malgré de nombreuses zones d'ombre, tout comme le fut, pour ma part François Mittérand. J'ai peu apprécié la récupération faite par N.Sarkozy qui s'est servi de de Gaulle pour justifier sa politique et sa position de Petit homme politique, en se revendiquant d'une filiation. De Gaulle pensait que les français étaient des veaux mais que la France était grande. Sarkozy prend les français pour des cons et a réussi en 3 ans à placer la France sur le plan mondial comme un pays à la dérive. L'un aimait LA france, l'autre SA France qui n'ont rien de communes. Mais l'un comme l'autre ont régné trop longtemps.
Rédigé par : gavory | 15 novembre 2010 à 05:27
L' auteur de l ouvrage " le coup d'état permanent " n' a rien changé à la constitution qu'il condamnait quelques années plus tôt , il a même été le plus gaulliste des présidents après le général.
Il faut croire que la grandeur traverse les partis politiques mais ayant eu 18 ans en 1968 je pense que de Gaulle aimait la France mais pas les Français ce qui me fait penser à saint Paul : "celui qui dit aimer Dieu et qui n aime pas son prochain est un menteur"
girard
Rédigé par : girard | 12 novembre 2010 à 20:42
Même si l'on peut reprocher à de Gaulle des choses très graves (par exemple, de n'avoir pas sanctionné la torture en Algérie), il demeure un grand homme d'Etat.
C'est son ouverture d'esprit et son sens profond de l'intérêt général qui ont permis l'esprit et les réalisations du Conseil National de la Résistance, par exemple .
Rédigé par : Micheline Potignon | 11 novembre 2010 à 16:11
Oui les années passent et le jeu trompeur de la mémoire embellit tout, Victor Hugo disait que le nom grandit quand l' homme tombe.J'ai eu la chance de visiter la maison du général nous étions 2 personnes et sans être gaulliste j' étais ému , sa maison et le village, le reste la croix ... c'est pour le cinéma pour les Tartuffes et ils sont nombreux.
le général avait une petite collection de lampes de mineurs lui qui décida de la réquisition lors des grèves je n'ai pas vu de téléphone sur son bureau mais une cabine sous l'escalier-à sa place le téléphone -et l'on pouvait marcher sur la pelouse sans se faire sortir par tante Yvonne pour prendre une photo, oui un simple lieu chargé d' histoire ,émouvant.
Qu'il ait des héritiers j'en doute fort ou alors ils sont si petits que l'on ne les voit pas .
girard
Rédigé par : girard | 10 novembre 2010 à 19:35