QUESTION AU GOUVERNEMENT SUR LA SITUATION DE L'EMPLOI
M. le président. La parole est à M. Gaëtan Gorce, pour le groupe socialiste.
M. Gaëtan Gorce. Monsieur le Premier ministre, votre ministre de l'emploi a manifestement plus de talent pour faire disparaître les chômeurs que pour faire apparaître de vrais emplois. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Il fait disparaître les chômeurs, comme le joueur de flûte de Hamelin faisait disparaître les enfants au son de son instrument. (Huées sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Daniel Mach. Minable !
M. Gaëtan Gorce. Depuis juin 2002, le chômage a augmenté de plus de 120 000 personnes. Plus grave encore, le nombre d'emplois marchands a diminué lui de plus de 200 000 - 40 000 entre juin 2004 et juin 2005.
Comment dans ces conditions ne pas voir que la baisse des chiffres du chômage que vous affichez aujourd'hui n'est qu'une baisse statistique, qui ne correspond en rien à la réalité du terrain ?
M. Yves Fromion. Jaloux !
M. Gaëtan Gorce. Vous ne cherchez à soigner que les apparences, pas les victimes du chômage. J'en veux pour preuve la faiblesse du budget de l'emploi que nous venons d'examiner : alors que vous le présentez comme l'une de vos priorités, il n'augmente que de 0,7 %, c'est-à-dire moins que l'inflation.
Au moment où notre pays connaît les difficultés que l'on sait dans nos quartiers, on pouvait espérer que le Gouvernement aurait compris que ce n'est pas avec des effets d'annonce que l'on fait une politique.
Lorsque l'on veut défendre l'emploi dans les zones les plus difficiles, il ne faut pas simplement y mettre des ministres, avec des discours pour le moins contestables, il faut y mettre des moyens, des hommes et des crédits. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Daniel Mach. Et qu'a fait Jospin ?
M. Gaëtan Gorce. Je comprends que cela puisse vous énerver, c'est malheureusement la réalité, celle qui est ressentie par les Français.
En entretenant les illusions comme vous le faites aujourd'hui, vous nourrissez le désarroi et la colère de demain. Dans ces conditions, comment pouvez-vous justifier le fossé béant qui sépare encore vos discours sur l'emploi des moyens insuffisants qui lui sont réellement consacrés ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement.
M. Jean-Louis Borloo, ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. Monsieur le député, je ne m'étendrai pas sur les joueurs de flûte et les joueurs de pipeau,...
M. Maxime Gremetz. Bien que vous soyez très doué pour jouer de cet instrument.
M. le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. ...ce n'est pas la mélodie que les Français souhaitent entendre. (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Plus sérieusement, nous nous sommes efforcés, au travers des mesures que nous avons prises, de considérer toute personne qui cherche un emploi comme une ressource humaine qu'il faut former, mieux former, accompagner, mieux accompagner.
M. Maxime Gremetz. C'est du pipeau !
M. le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. Il faut recevoir les demandeurs d'emploi non pas une fois par an mais une fois par mois, faire les prévisions de besoins par bassin, mettre en oeuvre des moyens considérables pour adapter l'offre et la demande, bref rentrer dans une logique de ressources humaines.
Dire que tout et parfait serait exagéré (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste), mais cela ne vous empêche pas d'être favorable, comme nous, au regroupement des services de formation, des ASSEDIC et de l'ANPE. Nous connaissons une baisse du chômage,...
M. Jean Glavany. Mais il n'y a pas de hausse du salariat !
M. le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. ...elle est patente depuis six mois. En tant qu'élu de la représentation nationale, cela devrait vous donner le sourire plutôt que de vous inspirer ce type de discours. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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