Intervention de Gaëtan Gorce le 10 novembre 2007 lors de la journée de débat « Refonder le clivage Droite / Gauche
Si nous sommes ici, c'est parce que nous aimons la Gauche ; parce que nous ne pouvons nous résigner à son échec ; surtout parce que nous ne pouvons nous résoudre à cette impuissance à se transformer à sa régénérer dans laquelle elle semble aujourd'hui vouloir s'enfermer. La gauche n'a de pire ennemi qu'elle même. Notre conviction , c'est que le Parti socialiste a toutes les ressources humaines, politiques, intellectuelles, pour réussir son renouvellement. Mais il se heurte, pour y parvenir, à deux obstacles majeurs, que nous avons pour devoir de dénoncer, contester et combattre :
d'abord « l'attentisme », celui qui, joue de la force des habitudes, qui trouve toujours de nouveaux prétextes pour ne rien changer : la crainte du chaos, la guerre des chefs, les risques que contient tout changement à l'approche des élections municipales. C'est cet attentisme qui aujourd'hui nous mine, transformant toute question à trancher en obstacle à franchir.
A l'attentisme s'ajoute ensuite une autre dérive dangereuse, ce que j'appellerai « l'arrangisme », qui se donne aujourd'hui libre court et qui consiste à opérer les recompositions, les alliances, les futures synthèses, sans aucun rapport avec les questions de fond, sans souci de l'orientation politique commune, en continuant à brouiller les repères et les enjeux.
Ceux qui se livrent à cela commettent une erreur majeure de perspective. Ils voient dans notre échec de 2007 un nouvel accident, alors qu'il est la conséquence de notre incapacité durable à rénover notre Parti, son organisation, son projet, à tourner la page d'Epinay et à inventer un socialisme d'aujourd'hui.
Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est, en revanche, parce que nous sommes les uns les autres convaincus que l'avenir de la Gauche et du Parti socialiste passe par une double exigence :
l'exigence d'abord de refondation intellectuelle : ce sont les fondements mêmes sur lesquels est bâti le projet de la Gauche qu'il faut aujourd'hui retravailler. Et c'est le sens de nos débats, qui visent non pas à récuser le clivage droite / gauche, mais bien au contraire à le refonder, à l'actualiser, en un mot à le moderniser pour tenir compte de la rupture qui est intervenue dans les années 80 à travers l'accélération de la mondialisation et l'individualisation des rapports sociaux. La Gauche aujourd'hui ne ressemble plus à celle des Trente Glorieuses. Le communisme s'est effondré et avec lui l'idée d'un sens de l'histoire, d'une lutte entre le Bien et le Mal, c'est à dire entre l'État et le marché. L'écologie s'est imposée comme une priorité vitale et comme une composante de la Gauche politique. Ce sont ces changements qu'il nous faut assumer, intégrer à l'intérieur d'un grand Parti ayant vocation à regrouper toutes ces idées neuves. Face à une droite qui n'est pas libérale mais conservatrice, qui utilise le mot de rupture pour mieux poursuivre ses politique traditionnelles, pour mieux servir les mêmes clientèles, la Gauche doit retrouver l'esprit du mouvement, incarner le changement et s'identifier avec le besoin de réforme et de modernisation de l'entreprise comme de l'État ou de notre système de protection sociale.
La seconde exigence est celle de la clarification politique. Il existe dans notre Parti deux orientations distinctes et entre lesquelles il faut choisir : d'un côté les fondamentalistes, ceux qui estiment que la Gauche s'est trop éloignée de ses valeurs de base, d'ailleurs mal définies, et qui renvoient aux grands moment des années 70, et les Rénovateurs qui pensent au contraire que nous sommes entrés dans un monde radicalement nouveau et que la fidélité à nos valeurs doit s'accompagner d'une révision complète et sans tabou de notre projet politique.
Nous proposons a tous ceux qui se reconnaissent dans cette approche de se retrouver dans une nouvelle majorité qui doit être une majorité d'idées et non un système d'alliances factice uniquement destiné à compter ses voix et ses mandats. Nous proposons une démarche, dynamique autour d'idées et de valeurs, non un retour aux vieux courants.
Le paradoxe, et sans doute la cause de nos échecs, c'est que cette mutation, nos électeurs l'ont accompli avant nous. S'ils se reconnaissent toujours clairement sur une échelle Droite / Gauche, ils sont beaucoup plus dubitatifs pour exprimer leur proximité à l'égard des partis et en particulier du Parti socialiste. Ce qui montre clairement le décalage qui s'est installé entre leurs attentes et notre projet. Les électeurs de Gauche réclament à la fois la protection de l'État mais d'un État plus efficace ; ils veulent que cette intervention ne mette pas en danger par un poids excessif de la fiscalité le développement des entreprises et l'esprit d'initiative. Ils expriment toujours un attachement massif à la solidarité et à la justice sociale, mais ils refusent de les dissocier d'un appel à la responsabilité de chacun. Bref, ils nous montrent la voie de ce qu'il nous reste à faire. C'est ce dont nous allons débattre aujourd'hui. Non pas à partir de forums vagues et rapidement bricolés, mais autour de questions précises sur lesquelles nous prenons position pour donner à la rénovation un contenu et son véritable agenda :
nous devons d'abord redéfinir l'idée même que nous nous faisons de l'État et de son rôle en sortant des opposition grossière entre l'État et le marché. La gauche doit être le parti de la Réforme du service public et de la protection sociale, non pour des raisons idéologiques ou comptables, mais parce que dans un contexte où les prélèvements pèsent lourdement sur nos concitoyens, ceux-ci doivent avoir la garantie que les objectifs de justice, de solidarité, d'égalité des chances sont bien atteints.
Nous voulons également que la gauche revoit sa vision de l'entreprise et s'affirme comme la force politique qui veut garantir le niveau de vie de nos concitoyens en soutenant l'initiative économique et en faisant de l'entreprise le lieu, non de l'affrontement, mais d'une nouvelle dynamique sociale.
Nous voulons enfin réintégrer l'écologie au coeur de notre projet sans le sous traiter à tel ou tel autre Parti et refonder notre vision de l'Europe en tenant compte des nouveaux équilibres du monde.
Pour y parvenir il y a naturellement un préalable : une réforme en profondeur du Parti socialiste, qui doit apprendre à choisir, s'appuyer sur ses militants et faire le choix d'une majorité.
La nouvelle Gauche française arrive au fond au bon moment pour dresser l'acte de décès (un peu tardif en France c'est vrai) du socialisme traditionnel, mais surtout pour prendre le relai, politique, d'une sociale démocratie à bout de souffle, et idéologique, d'une troisième voie dont l'efficacité est désormais émoussée.
Carlo
Quel plaisir ressentez-vous à débiter des insultes et commentaires si simplistes ?
Retournez chez vous, ...à l'UMP.
Rédigé par : le concombre masqué | 15 novembre 2007 à 19:14
Selon vous, la droite ne serait pas libérale mais conservatrice. C’est faux. La droite est aujourd’hui libérale en ce sens qu’elle veut libérer les forces du marché et refuse donc que l’Etat intervienne dans son fonctionnement, ou, à plus forte raison, qu’il se substitue à lui. Parce que justement elle est libérale, la droite craint, malheureusement comme vous même, que l’Etat ne « mette en danger par un poids excessif de la fiscalité le développement des entreprises et l'esprit d'initiative ». Mais la droite actuellement au pouvoir n’est nullement conservatrice : elle prône la rupture et s’efforce de la réaliser comme on peut le voir aujourd’hui. Son but est de liquider l’Etat social mis en place après la guerre. Il y a tout lieu de penser que sur point votre propre projet ne se distingue guère du sien. Merci de bien vouloir me publier.
Rédigé par : carlo | 12 novembre 2007 à 14:57