Le vote irlandais n'est bien sur pas une bonne nouvelle pour l'Europe. Voici plus de quatre ans que celle ci se débat avec un sparadrap institutionnel dont elle croyait bien s'être enfin débarrassé a Lisbonne. Aussi, la tentation aujourd'hui peut être grande de chercher a contourner Dublin pour garder la reforme des institutions européennes sur ses rails.
L'enjeu est en effet considérable et la perspective d'une nouvelle négociation ne peut être sérieusement envisagée. Mais cela peut il nous autoriser à jouer avec le principe fondateur de nos systèmes démocratiques, à savoir le vote et la souveraineté populaire?
On ne peut consulter les citoyens et tenir leur verdict pour négligeable.
En agissant ainsi on compromet beaucoup plus surement l'idéal et le projet européen qu'en lui imposant de nouveaux délais . Ceux ci sont ils d'ailleurs bien nécessaires ? Ne conviendrait il pas de tirer sinon les leçons (bien contradictoires) du moins les conséquences des trois référendums tous négatifs survenus ces dernières années ? Et de consacrer alors nos efforts a reformuler notre démarche?
N'est-ce pas l'occasion de repartir des politiques et a l'intérieur d'institutions bien imparfaites mais désormais impossibles à 27 à sérieusement amender, de faire le choix thèmes par thèmes de coopérations renforcées, d'initiatives a la carte, en bref d'une Europe plus intégrée mais sur une une base variable et ne rassemblant a chaque fois que les plus motivés ? Le couple franco-allemand peut jouer dans ce cadre à nouveau un rôle décisif à la condition de ne pas ignorer les autres pays fondateurs et de donner à l'Espagne la place qu'elle revendique a juste titre.
Ma conviction est faite depuis longtemps que la question pour l'Europe n'est pas celle de sa frontière extérieure qui pourtant, de la Turquie a l'Ukraine fait couler beaucoup d'encre... mais bien celle de ses frontières intérieures, celles que peuvent dessiner les états et les leaders qui sauront tirer les conséquences de la nouvelle configuration européenne sans renoncer a l'idéal fondateur d'une intégration plus poussée. Les dossiers de la défense, de l'énergie, de la coopération économique, de la recherche attendent leur Jean Monnet...
L'Europe a t'elle besoin de petits projets sectorisés en compétence et géographiquement ou a t'elle besoin d'un grand projet fédérateur (et non fédéral!!)?
Je ne suis pas partisan d'une fragmentation car elle n'offre plus de visibilité pour les gens. Cela veut aussi dire que pour la défense, par exemple, elle est réalisée avec l'OTAN. Est ce vraiment l'Europe de la défense que nous souhaitons?
Ce qui a fait avancer l'Europe ces dernières années, de mon point de vue, c'est lorsque le couple franco allemand s'entendait et se respectait, quand il était incarné par des dirigeants qu'une convergence de vue faisait avancer. C'est aussi lorsque la Commission Européenne assurait un leadership sur l'avancée les idées européennes (la Commission de J. Delors) et que le phénomène du lobying n'était pas existant comme il doit l'être maintenant.
Ce qui est un frein à un progrès européen actuellement, c'est que nul leader politique (et surtout pas le notre) ne fait de l'avancée européenne un élément fondamental. C'est que personne ne fait la promotion des avancées résultant de la réglementation européenne, c'est que nul homme politique national n'assume la part de responsabilité de l'échellon national dans les retards que prend notre société préférant rejeter la responsabilité de nos problèmes sur l'Europe.
Rédigé par : Frédéric58 | 25 juin 2008 à 19:12
"Le vote irlandais n'est bien sûr pas une bonne nouvelle pour l'Europe". Le vote irlandais est au contraire une excellente nouvelle. Il traduit l'exigence d'une réorientation de la construction européenne. C'est d'ailleurs ce que reconnaît G Gorce avec son idée d'une Europe à géométrie variable fondée sur des coopérations renforcées.
Rédigé par : chatel | 19 juin 2008 à 12:49
N'y a-t-il pas eu deux référendums positifs ? Espagne et Luxembourg.
Rédigé par : melchior griset-labûche | 17 juin 2008 à 17:23