La gauche est-elle frappée d'une sorte de malédiction?
L'échec la poursuivrait-elle comme une fatalité dont elle ne parviendrait à s'affranchir? Rien ne doit nous conduire à pareilles conclusions, pas même la litanie de nos difficultés. Le problème tient en quelques mots : la gauche doit se se redéfinir. Les grandes valeurs auxquelles elle s'est identifiée par le passé ne suffisent plus aujourd'hui à la distinguer. Ni la démocratie, ni l'égalité, ni la solidarité ne sont plus ouvertement combattues par la droite, qui en partage désormais les principes même si elle peine parfois à en assumer toutes les conséquences. À tel point qu'en se cachant derrière ses valeurs la gauche donne quelquefois le sentiment de rabâcher.
La première question à traiter est de savoir très exactement dans quelle société nous vivons, quelles sont les forces qui la travaillent et quelles sont les préoccupations qui occupent l'esprit de nos concitoyens. Plus figée qu'inégale, la société française a besoin d'être remise en mouvement. Elle porte moins d'attention à la vieille et belle idée de redistribution qu'à celle d'égalité des chances autour de laquelle nous devrions nous remobiliser; elle est moins soucieuse d'égalité abstraite que de justice sociale, c'est-à-dire d'une organisation sociale, perfectible sans doute, mais au total acceptable par tous; elle est moins désireuse de conflit que de solutions concrètes permettant de surmonter les contradictions dans lesquelles chacun d'entre nous est enserré entre les exigences de croissance, de solidarité ou de protection de la planète.
C'est la belle notion de l'intérêt général qu'il faudrait alors réinventer pour garantir à chacun qu'il sera associé aux décisions mais aussi et surtout que celles-ci seront prises non sous la pression de lobbies mais en fonction du bien commun. La démocratie enfin réside moins désormais, dans la référence à des principes formels que dans l'affirmation de contre-pouvoirs: l'émergence de grands réseaux, le poids dominant de grandes organisations économiques ou administratives menacent en permanence notre liberté de choix, comme notre intimité. C'est cela qu'il faut protéger désormais face à la montée irréversible de grands systèmes d'information de communication, de surveillance.
À ne suivre que ces quelques orientations, on ne manquera pas on le voit, de matière à réflexion. À la condition toutefois de laisser de côté les vieux débats du passé pour, toujours au nom de la liberté et de la justice, ouvrir ceux d'aujourd'hui. Contrairement à ce que certains prétendent, la gauche a toujours les mêmes ennemis : non le capital ou le marché, mais le goût du secret, la défense des privilèges, le mépris de la dignité ldue à chacun... C'est en nous rappelant que notre vocation est d'abord et principalement philosophique et morale que nous retrouverons le chemin des solutions justes, quelles soient politiques, économiques ou sociales. Et non l'inverse.
Bonsoir,
J'irai plus loin encore dans la définition de la gauche. Ce qui manque à notre gauche pardessus tout c'est une utopie.
Attention, il ne s'agit pas d'envisager une utopie comme elle peut être conçue à l'extrême gauche mais bien d'un idéal vers lequel la gauche souhaite tendre. Idéal qui impose la mise en oeuvre de mesures concrètes qui n'aillent pas à rebours des exigences de nos sociétés intégrées. Mais il FAUT un idéal à la gauche.
Je considère que cette utopie peut se trouver dans la construction européenne. Je pense que notre nouvelle frontière se situe ici dans notre capacité à créer un projet européen qui anime à nouveau la société.
Je pense aussi que cette utopie est dans la mondialisation. Non pas une mondialisation fondée uniquement sur l'économie de marché mais une mondialisation qui offre aux peuples la possibilité d'enfin se découvrir.
Rédigé par : Frédéric58 | 11 juillet 2008 à 21:31