Voici la tribune que je publie aujourd'hui dans Le Monde daté du 27 juin.
Piqué par un échec électoral prévisible, en tout cas pour ceux qui dénoncent son inertie depuis deux ans, le PS semble tout a coup pris de folie. Or c'est justement parce que le changement n'a jamais été si nécessaire, et le PS si affaibli, qu'il nous faut garder notre sang froid !
Cessons, tout d'abord, de nous chercher précipitamment des alliés : Modem hier, Verts aujourd'hui, comme si notre salut dépendait de leur âme charitable. Mettons nos propres idées au net : le rapport entre l’idée socialiste et l’exigence écologique n’a jamais été sérieusement pensé. Il serait temps de s’y mettre. Là, sans doute, se trouvent les fondements du renouveau de notre projet. C’est sur ces bases qu’il nous faudra ensuite engager un dialogue avec les Verts.
Ne jetons ensuite pas le bébé socialiste avec l’eau glaciale du dernier bain électoral. Non, le mot socialisme n’est pas dépassé, à la condition, naturellement, de ne pas l’identifier à un passé récent, productiviste sur le plan économique, et trop étatiste sur le plan démocratique et social. Le socialisme est né d’une volonté d’organisation. Ses premiers « prophètes » voulaient, en réaction au désordre produit par le libéralisme économique débridé du XIXème siècle, introduire des règles garantissant le bien commun. L'actuel défi écologique n’est pas sans analogie avec le défi social que le mouvement socialiste a su relever alors. Le socialisme d'aujourd'hui me paraît intellectuellement le mieux préparé pour y répondre;
Oui, également, faisons des primaires une exigence! Mais certainement pas notre unique priorité. Pour régénérer le PS, il nous faut, sans aucun doute, l’ouvrir sur la société ; associer sympathisants et électeurs au choix de notre candidat va donc dans le bon sens. Cela aura en outre pour effet d’adapter enfin le parti à la réalité de nos institutions. Mais, n’en faisons pas la panacée : lançons la même démarche pour élaborer notre projet à travers des « États-généraux du renouveau » ouverts à toutes celles et à tous ceux qui veulent travailler à une alternative. C’est à partir du périmètre politique ainsi obtenu que nous pourrons refonder notre parti, voire en créer un nouveau, et organiser l’élection de son leader.
Sortons enfin des faux débats sur l'éternel retour (ou départ) des classes populaires. La crise nous oblige plus que jamais à nous adresser non à telle ou telle catégorie mais à tous les Français au nom de l'intérêt général. La situation financière et sociale sera dans trois ans à ce point dégradée qu'il faut d'ores et déjà parler au pays le langage de la vérité. Il faudra bien tout ce temps pour le faire entendre. La démonstration a été faite que l’anti sarkozisme n’est pas un projet. Les Français n’attendent pas des protestations mais des solutions. Le PS a besoin d’un regain de crédibilité, plus que d'un surcroît de combativité.
Alors oui, au total, changeons tout du sol au plafond, comme je l’ai entendu dire ces temps-ci par beaucoup qui semblent s’être réveillés d’un long sommeil. Les raisons de la paralysie du PS sont connues : poids excessif et rente de situation donnés aux courants et à leurs chefs de file par la proportionnelle ; base militante trop étroite, volontairement restreinte, pour ne pas bousculer les équilibres internes ; démobilisation du « siège » du parti qui consacre aujourd'hui à la réflexion, aux études et à l’élaboration de son projet environ l'équivalent d'un mi-temps… Le mal est ancien, les causes profondes. Il serait donc naïf de penser qu’un coup d’épaule suffira pour transformer un appareil vermoulu en parti moderne et performant. Ce ne pourra être le résultat d'une prise de conscience collective. Le congrès de Reims a montré que nous étions au bout d'un système. L'ironie est que ce sont ceux qui en bénéficient qui doivent prendre l'initiative de le changer! Pour cela il leur faudra jeter à la rivière les rancunes, les querelles de clans et les intérêts de boutique.
Je nous invite avant qu'il ne soit trop tard à faire le pari de la sagesse et de l'intelligence collectives : le seul que nous n'ayons jamais tenté !
Gaëtan Gorce
Député de la Nièvre, Membre du secrétariat national du PS
Auteur de Choisir, lettre ouverte à ceux qui veulent encore espérer de la Gauche, 2008
Bravo!
C'est pas sorcier finalement.
Puissiez-vous être entendu et suivi.
Rédigé par : SYLVAIN | 29 juin 2009 à 23:17
Si vous êtes entendu, un prix Nobel serait bien la moindre des récompenses qui vous serait dues.
Rédigé par : Fabien Moreau | 27 juin 2009 à 20:55