S'engage aujourd'hui à l'Assemblée un premier débat sur la Libye. Je me suis déjà réjoui du succès diplomatique remporté par la France en obtenant le vote de la résolution 1973 autorisant une intervention militaire pour protéger les populations civiles. La mise en œuvre de cette résolution n'a pas tardé et son efficacité, s'agissant de Benghazi, a été démontrée ce week-end.
Pour autant, demeure une ambiguïté qui pourrait, au fil des semaines, si l'intervention se prolongeait, devenir un véritable problème. Le mandat de l'ONU n'ouvre nulle perspective sur le type de solution politique susceptible d'être trouvée à la situation intérieure libyenne. Le fait que les troupes fidèles à Kadhafi aient vu leur offensive brisée n'empêche pas celles-ci de se maintenir dans les villes reconquises et d'entretenir une forme de guerre civile qui pourrait déboucher sur une évolution à la soudanaise, ce que personne ne peut évidemment souhaiter.
Il n'est dès lors qu'une piste possible : celle du soutien diplomatique assumé au conseil national de transition, qui n'a toujours pas été reconnu par la Ligue Arabe. Puisque c'est de l'intérieur de la Libye que doit venir la solution, il faut aider, à toute force, une solution politique intérieure à s'affirmer. Ce travail diplomatique intense devrait évidemment s'inscrire dans une stratégie plus globale. Si la Libye, en raison de la personnalité et du comportement de son chef, a nécessité un traitement exceptionnel, à savoir le recours à la force, elle ne constitue pas un cas isolé. Au Barhein, en Syrie, au Yémen, une répression sanglante semble s'abattre sur les manifestations populaires, ce qui exige de notre part que nous dénoncions sans détour les violences disproportionnées auxquels se livrent les gouvernements concernés et que nous les invitions à plus de précaution, comme à favoriser le dialogue.
Cette approche risque de ne pas être privilégiée par les États-Unis , compte tenu des intérêts stratégiques qui sont les leurs dans le Golfe (et qui sont aussi pour partie les nôtres), ce qui plaide pour que nous mettions tout en œuvre pour que la coordination des attaques sur la Libye ne soit pas confiée à l'OTAN.
Pour la première fois, la Ligue arabe a souhaité s'engager officiellement, à l'ONU et a soutenu la résolution concernant la Libye. À observer la valse-hésitation de son secrétaire général, on peut craindre que la Ligue spéculait en réalité sur le Veto russe ou chinois. Elle est aujourd'hui prise au piège de ses propres responsabilités. Il faut l'inviter à les assumer et l'y aider. Notamment en ouvrant avec elle une discussion plus large sur l'avenir de tout le Nord de l'Afrique dont elle doit être, avec l'Europe, le partenaire privilégié, y compris dans le domaine économique et social.
Ce qui revient à dire qu'il est temps pour la France de se redonner « une politique arabe » qui passe par un appui sans réticences au processus de démocratisation en cours, le respect des institutions internationales existantes dans la région, à savoir la Ligue arabe et la mise en place d'un plan d'aide économique ambitieux qui conforte la volonté de développement et de justice sociale des premiers peuples à se libérer, à savoir l'égyptien et le tunisien.
Ces objectifs devraient être énoncés sans détour et si possible en liaison avec les autres états membres de l'Union européenne; Reste à trouver, pour y parvenir la bonne méthode : celle du fait accompli trouvant rapidement ses limites.
Je voudrais dire que les médias nous ont menti une fois de plus , car que voit on ? des hommes et des femmes qui aspirent à la démocratie , leurs choix n' étaient pas le dictateur ou l'Islam mais la troisième voie celle de la démocratie avec ses imperfections et ses erreurs .
Pour ce qui est de la Lybie un leader de l'opposition disait ce matin qu'il souhaite une assemblée constituante pour donner à ce pays une constitution , nous ne pouvons que nous réjouir de cela .
girard
Rédigé par : [email protected] | 29 mars 2011 à 19:58
Des Tunisiens ont manifesté ce 23 mars devant l’ambassade suisse à Tunis. Ils réclamaient « la restitution de l'intégralité des fonds illicites placés par l'ancien président et son clan aux banques helvétiques étatiques et privées », ceci au plus vite. L’appui de la France et de l’UE au processus de démocratisation en Tunisie ne devrait-il pas inclure une rapide restitution des fonds de l’ancien président à la Tunisie par les banques françaises et européennes ?
Annick Louvel du groupe coopol ‘Solidarité avec les Tunisiens dans leur révolution vers la démocratie’.
Rédigé par : Annick Louvel | 24 mars 2011 à 11:35
Le problème avec Sarkozy est qu'il navigue sans boussole en politique extérieure comme en politique intérieure. Même s'il fallait aider les insurgés, comment croire un gouvernement qui, il y a un peu plus de deux mois proposait de l'aide au dictateur tunisien et dont le "conseiller spécial" passait ses congés en Lybie ?
Rédigé par : André | 22 mars 2011 à 17:26