L'on a beaucoup reproché au PS son abstention sur les traités européens cette semaine. Comment, entend-on dire, sur un sujet si grave, vous seriez donc incapable de choisir ! Et vous n'auriez cédé qu'à des considérations tactiques, à savoir préserver votre unité au détriment des enjeux de fond ! Belle et bonne polémique, si précieuse en période électorale, qui frappe pourtant à côté de la cible.
La défaillance n’est en effet pas là où certains croient la voir. Les Socialistes ne pouvaient dire non à un mécanisme - sans doute bien lourd et trop tardif - mais qui constitue à ce jour la seule manifestation de vraie solidarité financière dont l'Union ait été capable. Ils ne pouvaient cependant l'approuver dans la mesure où il s'accompagne aujourd'hui d'un second volet, qui sera soumis plus tard à ratification et qui risque d'enfermer, au nom d'une indispensable discipline budgétaire, la zone Euro dans la spirale au mieux de la stagnation économique, au pire de la récession !
N'avons-nous pas sous les yeux, avec la situation que connaît la Grèce, l'illustration de cette folie qui consiste à conditionner l'aide européenne au marasme économique et social, en prêtant aux Grecs de l'argent qu'on leur interdit de fait de rembourser, puisque la politique recommandée affaiblit et l’investissement et la consommation ? Nous dev(i)ons faire valoir que le choix de la solidarité n'est pas celui de l'austérité, sauf à dégoûter à tout jamais nos peuples de la première.
Aussi le point faible est-il ailleurs ! Dans l'obscure clarté des solutions alternatives portées par la gauche européenne et le PS en particulier. Au-delà des généralités sur le nécessaire moteur franco-allemand (mis en doute, qui plus est, par certaines déclarations malheureuses) et la volonté répétée de ne pas oublier la croissance, on ne trouve ni projets médités, ni mode d'emploi. Le temps n'est plus à brandir la menace (?) d'une renégociation mais d'aller au-delà d'un slogan pour afficher une stratégie qui ne peut être que de relancer l'Europe en proposant une véritable union franco-allemande en matière de soutien à l’industrie, à la recherche, au développement des infrastructures ; en avançant sur la voie d’une nouvelle coopération renforcée ouverte à tous ceux qui voudraient la rejoindre.
Comment redonner foi en l'Europe si l'on donne soi-même le sentiment de ne pas y croire ? Foin des prudences et des habiletés : du souffle ! Sinon le national-populisme a de beaux jours devant lui. Ces vingt dernières années, nous avons feint d'ignorer les mains tendues de l'Allemagne, qu'il s'agisse des propositions Lamers-Schäuble ou du discours de J. Fischer à l'université Humbolt. À nous, désormais, d'ouvrir la porte à l’audace et de proposer à une partie (seulement et c'est regrettable) de l'Europe non de changer le seul destin de la France, comme le propose Hollande, mais celui de notre Union tout entière.