Si le "changement" a constitué la base du projet du candidat Hollande, il semble avoir déserté son agenda présidentiel. On peut y voir de la duplicité ou la marque d'une résignation fataliste à l'ordre des choses, c'est à dire des marchés. Je ne le crois pas ! On peut y lire, plus prudemment, l'effet d'un repli tactique, une "pause" en quelque sorte, dans l'attente que l'heure sonne enfin des réformes. Peut-être ! On peut plus sûrement y trouver l'illustration de l'absence d'un consensus sur la nature et le contenu des transformations à opérer au sein de la majorité comme à l'intérieur du Parti Socialiste. La piste est pourtant toute fraîche et l'impact de la crise financière l'avait défrichée : l'échec des théories néo-libérales n'ouvrait-il pas la voie à une politique nouvelle visant à rétablir la primauté des démocraties sur les forces folles des marchés financiers ? Mais cela aurait supposé que la Gauche se soit livrée, antérieurement aux échéances, à une analyse serrée de la crise et des moyens d'en sortir... alors qu'elle s'est bornée à mettre en œuvre une façon, novatrice c'est vrai, de choisir son candidat ! Du coup, si l'on peut reprocher aujourd'hui au gouvernement d'être "déboussolé", c'est d'abord en raison d'un défaut initial de perspective ! Carence difficile à corriger "dans le mouvement" mais néanmoins pas insurmontable.
Sauf qu'à ce problème de vision vient s'en ajouter un autre plus délicat à surmonter. Le "changement" (réforme fiscale, retour durable à l'équilibre de la protection sociale, mise en route d'une vraie transition énergétique, définition d'une politique européenne tournée vers la relance) suppose pour s'enclencher et s'imposer de s'appuyer sur une "force motrice", c'est à dire la confiance et la mobilisation d'une majorité de Français. Il faudrait, pour cela, une pédagogie acérée de la crise, complétée de travaux pratiques : quelles mesures ont bénéficié depuis 18 mois aux plus modestes et aux catégories moyennes susceptibles de les amener à soutenir notre action ? Quels signes ont été donnés aux salariés face à la vague de licenciements ? Aux jeunes face à la poussée du chômage ? Aux territoires les plus fragiles face à l'effondrement de nos industries traditionnelles ? L'urgence est du coup de travailler à un programme ramassé, en quelque sorte : "coup de poing" qui dans chacun de ces domaines balise le terrain; à un programme tourné aussi vers la relance de l'Union qui passe par un mémorandum français posant les questions qui fâchent et montrant à nos partenaires comme à nos concitoyens notre détermination. Il conviendrait enfin de passer d'une attitude "technocratique" à une démarche visant à associer étroitement les Français. Dommage à cet égard que la réflexion engagée sur "la France dans dix ans" ne laisse aucune véritable place aux "gens" compte tenu des délais trop brefs de cette consultation. Dommage que la diminution des dépenses publiques ne soit pas l'occasion d'une implication systématique des agents comme des usagers du service public. Dommage, enfin, que le nouvel acte de décentralisation porte avant tout sur les structures administratives plutôt que sur les projets de territoires.
Dois-je enfin évoquer le "rôle " du PS ? L'erreur a été faite à Toulouse de penser "classiquement" que le rapport à l'opinion se faisait par les médias ! Mais il se fait aussi via les syndicats, le milieu associatif, les élus de terrain, ce que le Parti aurait pu assurer s'il s'était ouvert sur la société. On a préféré le refermer sur lui-même. L'anesthésie a cependant trop bien réussi ! Et l'on peut se demander s'il se réveillera un jour compte tenu de l'affaiblissement qu'illustre le départ de plus en plus d'élus et de militants sincères ! Aussi faut-il hâter son réveil non en coupant la tête du seul Premier secrétaire, mais en renouvelant la direction tout entière, et du même coup ses méthodes !
Cette réorientation de l'action gouvernementale, il faut l'opérer maintenant pour limiter les dégâts aux municipales... ou si l'on a déjà tiré un trait sur celles-ci dès après elles ! En tout cas, avant qu'il ne soit trop tard !
"On peut plus sûrement y trouver l'illustration de l'absence d'un consensus sur la nature et le contenu des transformations à opérer"
Entièrement d'accord. Le contenu du changement promis était d'ailleurs demeuré flou pendant la campagne. La lutte contre la finance est un programme bien trop vague pour pouvoir inspirer une politique.
"Le "changement" (réforme fiscale, retour durable à l'équilibre de la protection sociale, mise en route d'une vraie transition énergétique, définition d'une politique européenne tournée vers la relance)"
Le changement aurait dû en effet concerner la fiscalité, l'équilibre des comptes, la transition énergétique et d'autres domaines encore (la réduction des inégalités, l'extension du périmètre de l'Etat etc.). Mais la redéfinition de la politique de l'Europe, par définition, ne dépend pas que de nous. Nous pourrions bien sûr adresser à nos partenaires un " mémorandum posant les questions qui fâchent et montrant (...)notre détermination". Mais comment croire un seul instant que cela suffirait à modifier la politique de l'Europe alors que celle-ci est constitutionnalisée dans les traités ? JLM fait la même erreur lorsqu'il croit qu'il suffirait à la France de "taper du poing sur la table" pour que les autres pays se soumettent à ses vues. Nous pouvons proposer de changer la règle du jeu, ce qui impliquerait une modification -très improbable des traités- mais nous ne pouvons en aucune façon l'exiger. Que dirions-nous d'ailleurs d'un pays qui agirait de la sorte pour changer la politique de l'Europe dans un sens qui ne nous conviendrait pas ?
Rédigé par : chatel | 29 octobre 2013 à 09:13
Trop tard ,il est trop tard;ce que tu viens de dire est concevable dans la foulée qui suit une élection quand le détenteur de l'autorité nationale et républicaine , le président, a pour lui la confiance de la majorité du pays , ce qu'il n'a pas fait alors il ne va pas le faire maintenant .
Sans moquerie constatons qu'il est tombé au niveau du franc 4 sous, au niveau du franc après la guerre de 14/18 par rapport au franc or:20 pour cent.
Je ne crois pas aux miracles , pas plus qu'a une nouvelle bataille de la Marne,je ne suis d'ailleurs pas certain qu'il aille au terme de son mandat.
Je ne crois pas à une baisse du chômage, alors que faire?
Nous allons commémorer l'an prochain le centenaire de l'horrible boucherie que fut cette guerre que nous pensons avoir gagner, mais nous n'avons gagné que la descente sur le long parcours du déclin amorcer par ce conflit, descente qui n'est pas terminée.
Rédigé par : girard rené | 28 octobre 2013 à 20:32