L'avantage du temps, c'est qu'il permet de décanter les situations et de mieux saisir la portée réelle des événements. Et ainsi, de faire le point sur la "politique" européenne du gouvernement.
Ce qu'il en ressort ? C'est que François Hollande n'a jamais eu, en réalité, l'intention d'infléchir la stratégie économique de l'Union et que le sommet européen de juin 2012 a été un leurre peu glorieux.
Le candidat du PS s'était pourtant engagé dans sa campagne à obtenir de ses partenaires un plan de relance en contrepartie des efforts que ceux-ci demandaient à la France en matière de rétablissement de l'équilibre de ses comptes publics. L'approche était justifiée et raisonnable. Elle pouvait conduire à un vrai compromis.
Des doutes ont pourtant toujours existé quant à la combativité dont François Hollande, pourtant auréolé de sa toute récente victoire électorale, aurait fait preuve à Bruxelles. Dans le souvenir des dirigeants espagnols ou italiens, les plus ouverts, et pour cause, à cette approche, il n'y eut même pas de vrai débat, la France acceptant d'emblée l'annonce trompeuse d'un pâle plan de soutien fait des crédits disponibles raclés ici ou là.
Le débat qui s'ouvre aujourd'hui sur le « brexit » vient confirmer cette impression que le nouveau chef de l'Etat a alors rendu les armes sans combattre. Il suffit en effet que David Cameron mette sur la table une menace de départ et agite l'idée d'un référendum (dont nul, à la différence de l'attitude prise à l'égard de la Grèce, ne conteste la légitimité) pour que s'engage une négociation au long cours qui a toutes les chances d'aboutir à un compromis favorable aux intérêts du Royaume-Uni.
Au point que l'on est légitimement en droit de se demander, avec le recul, pourquoi la France a renoncé quatre ans auparavant, et ce qu'elle aurait pu obtenir si elle avait fait preuve de fermeté. Il est vrai qu'il ne s'agissait pour nous que d'enjeux secondaires : l'avenir de notre industrie, le recul du chômage alors que le Royaume-Uni se bat pour des symboles, c'est à dire des questions autrement essentielles !
Le pire en effet pour notre président de la République, c'est que la négociation qui s'est ouverte depuis de longs mois a fait tomber l'argument qu'il a toujours opposé à ceux qui, comme moi, le pressaient de rouvrir le dossier : le risque de provoquer une crise politique, cette terrible crise qui résulterait inéluctablement d'une prise de position française courageuse et ferme disant qu'elle ne peut sacrifier sa cohésion sociale sur l'autel de la réduction des déficits, cette crise cataclysmique qui menacerait d'éclater si la France se conduisait à nouveau comme un grand pays dont les intérêts fondamentaux doivent être pris en compte !
En y renonçant, François Hollande a réussi ce miracle de mener la politique de la chaise vide tout en restant solidement assis à sa place. La France ? Absente même lorsqu'elle est là.
Alors j'invite mes collègues et concitoyens à se poser la question suivante : pourquoi lorsque le Royaume-Uni menace de claquer la porte, chacun s'accorde à y voir un sujet raisonnable de discussion et si la France demandait une relance ce serait mettre en danger l'Union, son équilibre, son unité, sa cohésion ?
Peut-être tout simplement parce que le président de la République n'a jamais eu l'intention de mettre en œuvre l'engagement qu'il avait pris durant sa campagne. Parce que lui, et la "classe dirigeante" qui l'entoure s'accommodent au fond d'une situation qui, bien qu'elle condamne une partie de la France au chômage, nous oblige à nous adapter aux exigences d'une économie sans maître qui, malgré la crise de 2008, lui semble être l'alpha et l'oméga du futur auquel se préparer... ou se résigner.
J'avais il y a quelques mois comparé Hollande au colonel Nicholson du roman et film "le pont de la rivière Kwaï ".
Même en me réveillant après une nuit de cauchemars je n'aurait jamais pensé que l'on puisse en arriver là sur le code du travail.
Jean Jaurès le grand Jaurès et Léon Blum ont dû se retourner dans leurs tombes:-Jean ,Léon réveillez vous ils sont devenus fous.
Il n'est plus l'heure de tergiverser on est pour ces gens là ou contre ; pas de neutralité, de faux semblant , le mot traitre me semble bien faible : jusqu'oû iront ils?
On a pu voir jusqu'à Henri Guaino l'ancien conseiller du président précèdent dire qu'il ne veut pas "la destruction de toute règle sociale et "l'esclavagisation "des Français.
L'histoire retiendra qu'il y a eu ceux qui se sont roulés dans le caniveau et les autres, l'heure est à ce choix.
girard
Rédigé par : girard | 22 février 2016 à 12:59
David Cameron a appelé à voter pour la sotie de l'Union européenne (et non de la zone euro, évidemment) dans le cas où il ne parviendrait pas à un accord.
Rédigé par : chatel | 21 février 2016 à 18:17
21 février 2016
« Peut-être tout simplement parce que le président de la République n'a jamais eu l'intention de mettre en œuvre l'engagement qu'il avait pris durant sa campagne. »
FH s'était engagé à renégocier les traités dans le but d'infléchir la construction européenne. Cette renégociation n’aurait pu aboutir que pour autant que tous les Etats européens auraient approuvé la nouvelle orientation voulue par FH. Autant dire que cette promesse ne pouvait pas être tenue, pas plus que ne purent l’être celle de Lionel Jospin (renégociation du traité d'Amsterdam) et celle de Nicolas Sarkozy (renégociation du traité constitutionnel). Au demeurant, personne n'a jamais vraiment cru à cette promesse de FH, pas même ses électeurs.
La situation de l'Angleterre est différente pour deux raisons au moins. La première est que D. Cameron a menacé d'appeler à voter pour la sortie de la zone euro dans le cas où il ne parviendrait pas à un accord. Jamais FH n'a dit cela, ni d'ailleurs LJ ou NS. La deuxième raison est que D. Cameron s’est au fond contenté de demander un statut d’exception pour son pays.
La question qui se pose est désormais la suivante. Pourquoi ne faisons-nous pas la même chose ? Pourquoi ne demandons-nous pas que les institutions européennes nous reconnaissent le droit d’arrêter la libéralisation du transport ferroviaire, d’aider nos entreprises en difficulté, de rétablir le taux majoré de TVA pour les produits de luxe ou ceux dont nous voulons freiner la consommation (gros 4/4, par exemple) etc.
D. Cameron nous a indiqué la voie. Suivons son exemple.
Rédigé par : chatel | 21 février 2016 à 18:14
Je souhaite pour la France que ce président n'ai pas l'outrecuidance d'oser se représenter.
Si ce que tu évoques dans le dernier paragraphe s'avérait juste, cela voudrait dire que ses électeurs ont été trahis.
Son mandat est déjà très largement négatif ,mais se présenter à nouveau est chose possible chez les gens ayant du culot c'est même à ça que l'on les reconnait.
girard
Rédigé par : girard | 18 février 2016 à 17:41