Allez voir au théâtre de l'Odéon l'Adagio d'Olivier Py : une « pièce » supplémentaire pour un impossible puzzle consacré à la vie de François Mitterrand. L'acteur est remarquable, même si l'on peut regretter, par le choix du metteur en scène sans doute, qu'il ait transformé une méditation en une longue plainte qui correspond assez peu à la réalité du personnage.
Olivier Py a choisi de faire œuvre documentaire plus qu'artistique. En s'appuyant exclusivement sur les propos tenus par François Mitterrand il fait à ceux qui ne l'ont pas connu une belle leçon d'histoire et peut réveiller en nous la nostalgie d'un temps où les hommes d'État avaient de l'esprit et des lettres et pas seulement « celles qui forment le mot sot ». Pour autant, on peut regretter ensuite qu'Olivier Py n'ait pas choisi, quitte à trahir un peu son personnage central, de transcender celui-ci en en faisant un personnage de fiction pour mieux atteindre son but.
En raison du parti pris qu'il a choisi, on en apprend finalement assez peu sur les secrets d'une vie et d'une mort...
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Merci à Alain Juppé d'avoir sauvé l'honneur. La résolution votée par le Conseil de Sécurité est un indiscutable succès diplomatique et il a su prendre les risques qu'il fallait pour cela. Il serait naïf de croire que tout désormais va se passer sans heurts, parce que le recours à la force signifie bien la guerre et que si l'on sait pourquoi on y entre, l'on sait moins souvent à l'avance comme l'on en sortira. C'était cependant une gageure que d'obtenir et le soutien de la Ligue arabe et celui d'une majorité du Conseil de Sécurité et mieux encore l'abstention de la Chine et de la Russie.
J'ai suffisamment critiqué ici la faiblesse de nos précédents ministres pour ne pas manquer aujourd'hui de saluer la réussite de l'actuel. Reste cependant bien des ambiguïtés comme par exemple, sur le rôle attendu de l'Union pour la Méditerranée. Et si l'on change de champ stratégique, il ne faudra pas longtemps pour qu'Alain Juppé soit à nouveau mis au défi de trouver une réelle cohérence comme par exemple sur le dossier de l'Afghanistan. Mais chaque chose à son heure...
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Parlons aussi des cantonales. Ce scrutin coupé en tranches qui risque de faire l'ordinaire d'un minimum de nos concitoyens ce dimanche. La colère est là, qui gronde. Faut-il rappeler qu'elle est mauvaise conseillère ? Et si l'on peut trouver des raisons de voter pour les extrêmes, il n'y a pourtant pas d'excuse à le faire. Le citoyen est en droit d'attendre de ses représentants qu'ils fassent preuve de responsabilité. Mais ce ne peut être que sous couvert de réciprocité. Il est regrettable que nous Socialistes tardions tant à présenter nos propositions, comme notre candidat et ce faisant, nous prenons le risque de laisser le champs libre à ceux qui ont la parole et l'anathème facile. Mais la droite porte une responsabilité bien plus grande encore qui n'hésite pas à reprendre jusqu'au vocabulaire d'un concurrent qu'elle s'obstine, par un calcul absurde, ou une non moins absurde maladresse, à valoriser.
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Comment enfin ne pas avoir mieux qu'une pensée pour ceux qui, à Fukushima se sacrifient pour tenter de sauver de leur centrale ce qui peut encore l'être, et mettre leur peuple à l'abri d'une catastrophe ? On ne sait ce qui doit l'emporter de la surprise ou de l'admiration confronté à une forme d'héroïsme qu'on ne croyait plus possible et que ces hommes et peut être ces femmes incarnent simplement en écoutant ce que leur dicte leur devoir. Financiers de tous bords, spéculateurs gorgés de cynisme, maîtres-queue de toutes les cuisines politiques ou commerciales, sceptiques professionnels, Chefs d'États corrompus, saurez vous mesurer la valeur de ces actes qui vient précisément de ce qu'ils sont gratuits ?