Qu'a-t-on retenu de mon blog de la semaine dernière ? Que François Hollande voulait contourner la Commission européenne. Et une partie de la Presse de s'en émouvoir ....alors que nos Présidents successifs n'ont rien fait d'autre depuis vingt ans ! Mais des raisons pour lesquelles le Chef de l'Etat était" contraint" d'agir ainsi," il n'en est rien resté".
Aussi suis-je obligé d'y revenir, ce qui se joue n'étant pas l'image d'un Président mais l'avenir de notre industrie et de nombreux territoires.
Faut-il le redire ? La politique que nous assigne l'Union confine à l'absurde ! Alors que la reprise est plus que molle, l'UE continue d'enjoindre aux États les plus fragiles de réduire leurs dépenses et donc de freiner l'activité. Mais aux Etats forts, qui croulent littéralement sous les excédents (plus de 200 mds d'excédents extérieurs pour l'Allemagne), il n'est rien demandé. Même les États-Unis s'en étonnent sans susciter sur le "Vieux Continent" aucun débat.
A ce jeu pourtant, c'est l'Europe entière qui se trouve perdante, victime du désaveu des opinions d'une part, et d'une concurrence à la baisse des salaires ou des charges de l'autre. Celle-ci ne pourra pas par définition faire que des vainqueurs. Prenons l'exemple de l'Espagne qui se réjouit d'avoir entamé le redressement de sa balance extérieure grâce à une baisse d'environ 7% de ses prix de revient permise par une plus grande flexibilité des salaires et du temps de travail ! Vers qui exporte-t-elle sinon pour plus des 2/3 vers le reste de l'Union démontrant une fois de plus s'il en était besoin que l'excédent des uns ne peut venir que....du déficit des autres ! Aussi serait-il temps de revenir à l'esprit de l'Union, c'est à dire la solidarité pour mettre en place un plan coordonné de relance par l'investissement permettant, entre autres, de recycler les excédents allemands (un surcroît d'épargne) au service des besoins de financement qui existent dans nos infrastructures communes (ferroviaires, électriques, numériques, universitaires) aujourd'hui sacrifiées. Le retard au redémarrage que nous sommes en train de prendre par rapport à nos vrais concurrents (les États-Unis, l'Asie) risque de se révéler insurmontable. AT-Kearney ne vient-il pas de nous rappeler que l'Europe ne comptait plus que huit représentants parmi les cent premières entreprises mondiales de High-Tech ?
Mon message n'a dès lors qu'un seul but : provoquer, provoquer le débat alerter sans trêve sur une stratégie qui ne peut perdurer sauf à mener à la casse de notre industrie et par contrecoup de l'Union elle-même. Alors que faire ? Entamer une double relance dont le France devrait prendre l'initiative:
- celle de la solidarité politique de l'Euro tout d'abord dans l'esprit de ce que viennent de proposer des deux cotés du Rhin les partisans d'un impôt commun sur les Sociétés (destiné à alimenter un fonds de soutien) et d'un Parlement de l'Euro constitué de représentants des Parlements nationaux !
- celle de la solidarité économique ensuite en prenant au pied de la lettre la formule de Jacques Delors : la rigueur aux États, la relance à l'Union, nous conduisant à mettre en place un plan massif de soutien à l'investissement susceptible de remettre en marche nos économies. A défaut, la France pourrait être à l'origine d'un projet de même ordre coordonné avec les différents États prêts à s'y engager. Il n'y a là rien d'impossible pour autant que l'objectif soit clairement assumé !
Chaque mois qui passe rendra plus difficile l'exercice et surtout en retardera les effets alors qu'il y a urgence.
Depuis deux ans, si j'ai regretté un déficit de pédagogie, j'ai toujours apporté mon soutien à l'effort de redressement engagé. Mais au point où nous sommes arrivés celui-ci ne peut être poursuivi qu'à la condition d'être complété d'un vrai plan de relance tourné vers les dépenses d'avenir. Il n'est en effet pas besoin d'être grand clerc pour anticiper, en revanche, ce que notre inertie pourrait produire: un rejet durable de l'Europe déjà largement perceptible, la poursuite de la destruction de nos emplois industriels massivement entamée depuis dix ans, le maintien d'un taux de chômage élevé, et des sanctions électorales à répétition.
Autant de raisons, quoi qu'il en coûte, de "lancer l'alerte " !