Le vote du 7 juin aura évidemment une grande importance pour l'Europe.
Il s'agit rien moins que de doter son Parlement d'une majorité qui aura en charge non seulement de faire face à la crise, mais aussi d'accompagner la mise en oeuvre du traité de Lisbonne une fois ratifié (ce qui, on doit l'espérer, ne devrait plus tarder).
Mais l'enjeu est aussi national. On scrutera les résultats qui départageront les principaux partis et on ne manquera pas d'en tirer les conséquences. C'est à ce stade qu'il faut garder l'esprit clair.
L'on peut en effet d'ores et déjà avoir une certitude : c'est que la droite réalisera un score historiquement bas. L'UMP ne dispose en effet d'aucune véritable réserve et le soutien au Président de la République semble désormais limité à celle-ci.
L'autre certitude, c'est que la gauche, toutes tendances confondues, retrouvera un étiage bien supérieur à celui du premier tour de la Présidentielle. Mais pour quoi faire? Là se situe l'enjeu du score que réalisera le Parti socialiste. Plus celui-ci sera élevé et plus il sera en situation de devoir, et de pouvoir, fédérer. Et de le faire à ses conditions. La question de ces rapports avec le Modem, pour ne prendre que cet exemple, se posera dans des termes différents selon que le résultat du PS oscillera entre 20 et 23% ou entre 25 et 27%. Dans le premier cas , le PS ne pourra faire l'économie d'un front républicain dans lequel la question de la présence centriste ne pourra être éludée. Dans le second, il pourra au contraire dicter son agenda en prenant l'initiative d'Assises de l'Alternative, dont il constituerait alors l'axe naturel.
Dès lors, l'ambition affichée du Parti socialiste devrait clairement être d'arriver en tête et de devancer l'UMP. Au vu des sondages, cet objectif semble cependant quasi inaccessible (mais faut-il s'y résigner?). Non seulement parce que cette ambition semble naturelle : dans un contexte de crise économique et de défiance à l'égard du pouvoir, c'est de cette façon que devrait s'exprimer la sanction que l'opinion souhaite infliger à celui-ci. Non seulement parce que cette ambition serait électoralement efficace, puisqu'elle constituerait le meilleur argument pour mobiliser notre électorat, encore hésitant et une fois de plus tenté par la dispersion. La vocation de l'opposition ne doit-elle pas être en toute circonstances de devancer la majorité? Mais aussi et surtout parce que cette ambition nous serait salutaire : elle traduirait la volonté retrouvée du Parti socialiste de reprendre l'initiative et d'aller de l'avant. La page serait ainsi tournée des divisions et des querelles mais surtout des débats auto-centrés dont notre électorat s'est depuis longtemps lassé.
Curieusement, cette ambition n'est aujourd'hui que rarement évoquée. Seul Vincent Peillon en a fait publiquement un objectif. Pour toutes les raisons qui viennent d'être évoquées, électorales et stratégiques, on ne peut que lui donner raison. Formons le voeu que l'unité affichée mercredi soir lors du meeting commun de Martine Aubry et de Ségolène Royal redonne à notre parti l'envie d'être conquérant et aux électeurs de gauche l'envie de l'y aider...