En ce jour anniversaire du 6 mai comment ne pas revenir sur les trois premières années du quinquennat et chercher à en comprendre la logique ? Un premier constat s'impose : si les choix effectués par le Président de la République peuvent se comprendre, ils n'ont manifestement pas été compris. Parce qu'ont été commises à la base deux erreurs qu'il faut bien qualifier d'originelles.
La première, celle qu'il était possible d'éviter, est une occasion manquée : pourquoi ne pas avoir tenu, dès juin 2012, en dressant l'implacable bilan de nos prédécesseurs, un discours de vérité ? Nous avons été nombreux à l'époque à souhaiter que le nouveau pouvoir prenne l'opinion à témoin de la situation dramatique dans laquelle la droite avait laissé le Pays. Cela aurait sans doute obligé à présenter un plan de redressement rigoureux (et l'on sait que François Hollande n'a jamais aimé "la sueur et les larmes") mais comment ensuite mener une politique de rigueur sans donner le sentiment soit d'avoir sous-estimé la gravité de la réalité soit de l'avoir délibérément masquée ? Le procès en crédibilité désormais instruit en permanence y trouve une inépuisable source d'arguments.
La deuxième erreur au fond n'en est pas une. En tout cas, ce n'est qu'après coup que l'on peut désormais en juger. Elle réside dans le choix qui a été fait de substituer à la lutte qui devait être menée pour obtenir une relance européenne un pacte national construit exclusivement sur la baisse des cotisations sociales. C'est de son échec à convaincre ses partenaires au premier sommet européen auquel il a participé en juin 2012 que le Président a tiré la conclusion qu'il n'avait d'autre issue que d'entrer dans la bataille de la compétitivité.
Ce choix, je l'ai dit, pouvait se comprendre : face à la résistance de nos partenaires, était-il possible de renoncer à la carte nationale ? Le problème est que l'option choisie reposait sur des appréciations erronées.
D'abord de nos marges de manœuvre en Europe : nous nous sommes résignés trop vite, nos ministres considérant à tort que le poids de la France se mesurait à l'état de ses comptes, à conduire à son terme le débat sur la relance européenne. C'était laisser le champ libre au conservatisme allemand en se privant pour longtemps du soutien de l'Italie et de l'Espagne déçus par notre précoce apathie.
Mauvaise appréciation ensuite de l'impact attendu de la baisse des cotisations sociales : non seulement parce que celles-ci ont été étalées dans le temps, ce qui a réduit leur impact ; mais aussi parce que notre problème de compétitivité ne vient pas, sauf pour certaines de nos PME, du coût du travail. Si l'on veut bien considérer son coût unitaire, c'est à dire par unité produite, ce coût est resté stable en France en euros constants depuis 20 ans et a collé à celui des autres pays de la zone euro... à l'exception de l'Allemagne non pas tant d'ailleurs dans l'industrie que dans les services. Notre déficit d'efficacité est du coup d'abord lié à la faiblesse de l'investissement, l'insuffisance de notre stratégie industrielle, notre retard en matière de recherche et de dialogue social, tous problèmes qui se sont plutôt aggravés depuis 3 ans alors qu'ils devraient être au cœur des réformes.
D'où mon/notre insistance à obtenir la réorientation des crédits promis aux prochaines échéances du Pacte de responsabilité vers l'investissement. Pourquoi ne pas mettre en place un crédit d'impôts destiné à financer la transition énergétique qui doit constituer l'axe des politiques d'avenir en conformité avec les perspectives de la Conférence Climat de décembre ?
En politique, une erreur ne se reconnaît jamais, disait François Mitterrand, mais se corrige.
Là est la troisième erreur qui nous menace et qu'il ne faut pas commettre parce qu'elle serait, cette fois, inexcusable parce qu'irrécupérable !
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J'avoue avoir eu du mal à m'engager dans ce Congrès. L'expérience des précédents, qu'ils aient été suicidaires comme à Reims ou tronqués comme à Toulouse, aurait suffi à me convaincre de l'inanité d'une telle démarche. Notre parti est malade. La confusion des idées y règne en maître. Et nulle volonté n'existe parmi ses dirigeants d'y changer quoi que ce soit.
Pour autant, et en attendant une transformation radicale qui relève aujourd'hui de la profession de foi, si j'ai décidé d'entrer dans le débat, c'est parce que, comme tout socialiste normalement constitué ( c'est à dire guidé par ses convictions et non ses intérêts d'appareil ou d'élu local), je ne peux me résoudre à laisser se poursuivre la dérive dans laquelle nous sommes engagés. Et dont le résultat est palpable sur le terrain économique , social et aussi, par conséquence, électoral.
Après trois ans de malaise ressenti par toute la gauche, le temps est donc venu d'avoir une véritable explication et de se demander si le choix de politique qui a été fait en janvier 2013 doit être confirmé et poursuivi ou s'il ne faut pas rapidement lui substituer une démarche déterminée pour faire reculer le chômage et soutenir notre industrie !
Ce n'est pas un mince débat et notre parti s'honorerait de le conduire.
Ce n'est pourtant pas le choix qui a été fait par son Premier secrétaire désigné. Tout est en effet mis en œuvre depuis un mois, via une Motion " attrape-tout" pour brouiller les cartes.
Il n'y a pas plus réformateur aujourd'hui, que le dirigeant conservateur du PS ! Son texte énumère en creux les reproches à faire au gouvernement et se prononce désormais contre une augmentation du nombre de jours travaillés le dimanche ou pour une réorientation des crédits du CICE en faveur de l'investissement et de l'emploi. On en oublierait presque que ses déclarations d'intention sont signées de ministres qui, dans leur action quotidienne, disent et font exactement l'inverse. C'est bien la définition du jeu de dupes auquel on nous invite....
Alors, de qui se moque-t-on ? On est en droit d'approuver la politique suivie depuis 3 ans . Mais il faut l'assumer ! On est en droit de penser qu'elle n'aboutira pas à une catastrophe électorale. Mais alors il faut le démontrer !
S'il fallait chercher un signe de l'état dans lequel se trouve le PS, situation que je dénonce sans faiblir depuis des années, il suffirait de relever l'état d'esprit de ceux qui le dirigent et qui ne nous jugent pas dignes d'un débat complet et sincère.
Au Congrès de Toulouse, je n'avais cessé de mettre en garde contre les conséquences d'un processus ( la cooptation du Premier secrétaire) qui ne pouvait déboucher que sur un échec. Le départ précipité d'Harlem Désir en a apporté après coup la démonstration.
Aujourd'hui, je peux prédire sans grand risque de me tromper que le contournement du débat débouchera sur un autre échec en éloignant de nous ce qu'il nous reste de militants sincères et de sympathisants attentifs.
Comment s'y résigner? Que ceux qui ont en charge d'organiser ce Congrès aient choisi d'en faire un "faux-semblant"nous renseigne suffisamment sur ce qu'il convient de faire : imposer le débat et obliger à un vrai choix !
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La préparation de ce Congrès témoigne de ce que l'appareil du PS peut faire de pire : éviter le débat, susciter à tout prix les ralliements, réunir les uns et les autres en dépit de ce qu'ils pensent uniquement pour servir de petits intérêts de clan, préserver des places, sauver des candidatures ou des mandats.
C'est pourquoi, malgré mes désaccords sur de nombreux points, j'ai choisi de rejoindre la seule Motion dont les promoteurs ont le courage d'aller jusqu'au bout de leurs critiques en proposant aux militants de se prononcer clairement sur la politique qui est suivie.
Et c'est en ce sens que je suis intervenu lors du CN de samedi.
Mon intervention au Conseil national du 11 avril
La confusion, d'autres avant moi ont dit le "flou", amis et camarades, la confusion, voilà l'ennemi ! Confusion des idées, des politiques, des mots, des alliances des stratégies. Confusion qui prévaut depuis trois ans dans la politique que nous menons. La Confusion qui fait système et qui nous a conduits là ou nous sommes. La confusion qu'on cherche encore aujourd'hui à faire prévaloir dans ce parti en bâtissant des coalitions improbables. La confusion qui conduit des élus, des hommes et des femmes honnêtes à voter en dépit de leurs convictions, à valider ce qu'ils réprouvent, à endosser ce qu'ils redoutent.
Cette confusion qui conduit à privilégier les petites habilités, de petits arrangements qu'a dejà balayé comme fétu de paille et que balaiera demain la crise qui nous éprouve.
Confusion qui pourrait ainsi nous amener à nous tromper sur les enjeux de ce Congrès.
Il ne s'agit pas de contester la légitimité du chef de l'Etat ni de menacer l'unité du parti - sinon pourquoi serions nous ici ? - Ni d'approuver les thèses de telle ou telle des sensibilités de la gauche du parti - sinon pourquoi serais-je ici ?
Il s'agit de répondre à une question simple : la politique que nous avions choisi de présenter aux Français en 2012 est-elle la bonne ? Ou les inflexions qui lui ont été apportées depuis lors sont elles convaincantes ? Avons-nous eu raison de renoncer à infléchir dès 2012 la ligne austeritaire de l'UE ? D'augmenter les impôts sans suffisamment préserver les plus modestes ? De choisir la baisse du coût du travail de préférence à une relance par l'investissement ? Si oui, alors nous devons considérer que cette ligne nous permettra d'emporter les régionales puis les présidentielles ! Si oui, alors nous devons considérer les municipales puis les européennes, puis les sénatoriales, puis les départementales comme de malheureux accidents ! Si oui, c'est que vous êtes convaincus que le FN va bientôt reculer et les classes populaires nous revenir dans l'enthousiasme et sous les vivas !
Je suis convaincu qu'une majorité dans cette salle ne le pense pas.
Si nous avons des responsabilités, c'est pour les exercer pas pour les préserver. Notre, votre responsabilité, elle ne joue pas à l'égard de tel chef de section, de fédération ou de Motion. Votre responsabilité est de savoir si vous pouvez en conscience approuver ce qui a été fait depuis 3 ans ou si vous pensez qu'il faut l'infléchir !
L'enjeu est bien de donner un nouvel élan à la gauche !
Oui, nous pouvons renverser la tendance, consacrer des moyens nouveaux à l'activité via un investissement massif dans la transition énergétique. Et ce faisant, aider à redéfinir ce que peut être le socialisme moderne. Qui n'est pas le volet social de l'ultra-libéralisme ! Pas non plus le retour nostalgique aux années 70 repeintes aux couleurs des combats d'aujourd'hui Non ! Mais un mouvement de pensée qui intègre le formidable et double défi que nous adressent la crise financière et la crise climatique. Et qui nous invite à traiter de front et la question sociale et la question écologique face à une même logique d'exploitation, celle d'un modèle économique qui exploite les hommes et les ressources naturelles !
Notre histoire nous porte. Elle nous invite à redonner du sens à notre projet.
Ce sera aussi, face aux ambiguïtés des uns, les contradictions des autres, l'enjeu de ce Congrès.
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Voilà près de 20 ans que s'est amorcé le processus qui culmine aujourd'hui : la gauche s'est peu à peu coupée du peuple, c'est à dire des catégories les plus modestes, sinon les plus fragiles de la société. Celles qui ne rêvent pas de performance, ni de devenir milliardaires, mais qui n'aspirent qu'à construire leur vie, autour de leurs enfants et des réseaux de convivialité que le temps a tressé autour d'eux, à partir de leur travail et de sa (plus ou moins juste) rémunération.
À confondre la société avec ses élites, on oublie que celle-ci n'est pas faite que d'innovateurs ou d'entrepreneurs, de communicants ou de "traders". Sa base reste constituée par celles et ceux pour qui l'effort, le mérite, une lente ascension sociale demeurent l'horizon d'un destin que ne borne pas le goût du succès à tout prix.
Les premiers se sont ainsi désolidarisés des autres jouant dans une cour ouverte sur le monde mais étanche aux catégories qui n'ont pas fait de la compétition internationale, et ses rémunérations extravagantes, leur champ de manœuvre. Même s'ils sont appelés à en subir, dans leur emploi et leurs revenus, les conséquences.
Nos prétendues élites du coup ne cherchent plus à entraîner la société et à lui servir d'exemples. La référence nationale ne les guide plus et ce n'est pas à l'ouvrier qu'ils comparent leur salaire mirobolant mais à leur alter-ego du marché mondial.
Ce processus social est en train de se reproduire sur le terrain politique. La gauche de gouvernement ne cherche plus ainsi à organiser la société française, en en garantissant la cohésion, aux enjeux d'aujourd'hui. Mais à l'adapter à toute force sans considération de ses spécificités, de ses valeurs et du coup de ses résistances. Ainsi la tentation qui l'habite de disqualifier celles-ci en les laissant s'exprimer via l'extrême-droite présentée comme l'ennemie principale... bien qu'elle recueille l'essentiel désormais des voix ouvrières comme celles des employés. Cela s'appelle "jeter le bébé avec l'eau du bain"...
On ne peut traiter un peuple comme une masse salariale, ni les citoyens comme une main d'œuvre à adapter. Les uns comme les autres portent une histoire, une mémoire qui les réunit et que les cyniques exploitent faute pour leurs représentants légitimes d'en avoir donné une vision à la fois neuve et fidèle.
Juilliard, dans le Monde, a du coup raison de dénoncer une rupture à travers la réalisation rampante, non avouée, de la stratégie suggérée voici trois par Terra Nova visant à faire de la gauche non plus l'avocate des humbles mais le nœud d'une coalition réunissant les minorités éclairées autour de la lutte contre les discriminations et la défense des droits de l'homme.
Ce mouvement à l'évidence amorcé doit être stoppé net. Le temps passant, il sera en effet de plus en plus difficile à corriger. Déjà l'on ne peut être que frappé sur le terrain par la violence du rejet que suscitent les socialistes parmi une partie de la population qui leur était jusqu'alors acquise. Le sentiment de trahison a pris une ampleur qui en fait plus qu'un mouvement d'humeur contrairement à ce que semble croire le Président de la République qui voit dans l'opinion une variable manipulable à souhait.
Ce mouvement contredit tout ce que nous sommes : s'il ne saurait être question selon moi de sacrifier l'intérêt du pays à celui d'un parti (et de ce point de vue nombre de vraies réformes sont incontournables), il n'est pas non plus envisageable de sacrifier une culture politique, un projet historique sur l'autel du cynisme et de l'opportunisme.
À cet égard, ces dernières années, de l'affaire Strauss-Khan à l'affaire Cahuzac, (après d'autres abandons ou manquements à la morale élémentaire sur laquelle la gauche s'était bâtie) ressemblent à une vraie descente aux enfers.
C'est par paresse ou lâcheté que certains peuvent aujourd'hui considérer que gouverner signifie rompre avec le peuple. Je n'imagine pas une seconde que la gauche puisse encore être la gauche si elle renonce à sa vocation de représenter les plus humbles et les plus modestes.
C'est d'ailleurs, en incidente, la raison pour laquelle, malgré tant de divergences persistantes, que j'envisage de me rapprocher de la gauche du parti. Parce qu'elle représente aujourd'hui la seule manière de s'opposer à une dérive que tous les autres ont renoncé à combattre. Adepte de la synthèse jaurésienne, puis mitterrandienne, je persiste à penser que le changement n'est pas exempt de fidélité et que la réforme n'est pas synonyme de rupture avec le passé. Ce qui signifie que je crois toujours à la possibilité d'une gauche moderne et populaire. Haro sur ceux qui y ont trop facilement renoncé...
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Toute vie se termine sur un échec. Mais la forme que prend la mort donne à cet échec une dimension particulière.
Jean Germain ne méritait pas cette fin. Elle ne rend pas compte de son parcours, celui que permet la méritocratie républicaine ; de ses convictions, celles d'un homme de gauche sincère engagé très jeune aux côtés de François Mitterrand ; de son dévouement, celui dont il a témoigné à la tête de la mairie de Tours conquise à force de ténacité et conservée par l'intelligence et le doigté.
La fin qu'il a choisi est pourtant la seule qui, selon lui à l'évidence, lui permettait d'échapper au déshonneur, lui dont l'intégrité était totale, constitutive de son être.
La mort, pour ce qu'il a appelé dans sa dernière lettre "un manque de discernement", quel prix insupportable à payer ! Gérard Larcher, le Président du Sénat, s'est ému hier à la tribune que le "système" n'ait tiré aucune leçon de l'affaire Bérégovoy. J'étais à l'époque à l'Elysée. Je revois François Mitterrand dans le train le conduisant à Nevers relisant et raturant sans cesse le texte de l'allocution qu'il devait prononcer, et dans laquelle il allait dénoncer la hargne stupide et folle de ceux qui "livrèrent aux chiens" l'honneur d'un homme...
L'orgie de transparence à laquelle notre société, peut-être trop longtemps frustrée, se livre aujourd'hui au mépris des précautions élémentaires, est pour une part responsable de tout cela. On oublie qu'à l'exception peut-être de quelques voyous qui déshonorent la vie publique, l'homme, tout homme, élu ou non, est un être sensible, fragile, exposé. Qui pas mieux que le noyau de l'atome ne peut résister indéfiniment au bombardement des particules médiatiques, exposant tout de sa vie, sans pudeur, le condamnant avant même d'avoir été jugé... J'imagine mieux aujourd'hui ce que Jean, mon ami, à dû subir, à dû souffrir, sans s'en ouvrir aux autres mais comme une douleur incessante. Face à cet étalage, permis aussi par la collusion de la justice et de la presse, nulle issue, nul moyen de préserver ses droits élémentaires. Le bureau du Sénat, seul, avait refusé de céder à la curée en refusant de lever son immunité parlementaire. Il eut été alors un ancien ministre ou une personnalité nationale, on imagine le hourvari médiatique qu'une telle décision, pourtant sage et fondée, eut provoqué.
À ce système judiciero-médiatique qui oublie l'homme, expose sans pudeur son intimité, accuse et condamne sans jugement, nous devons répondre par la réaffirmation intransigeante des valeurs humanistes qui sont les nôtres : la décence, la modération semblent des principes éculés mais leur disparition nous livrerait à une sorte de totalitarisme.
La notion de vie privée, sous la pression des réseaux sociaux, s'évapore. Elle est pourtant notre seule véritable protection : il y a une part de l'homme qui n'a pas à être exposée. Et si l'on a besoin d'en connaître pour le juger, ce doit être dans le secret du bureau des juges…
Mais il nous faut aussi en conclure à la nécessité absolue de ne plus céder à la démagogie ambiante qui fait de tout élu un suspect. Pour utiles qu'elles aient été les lois récentes n'ont fait qu'accentuer cette caricature parce que toutes cédaient à cette tentation. À trop vouloir prouver que l'on est soi-même irréprochable, on met en place des absurdités juridiques.
La meilleure garantie pour nos concitoyens d'avoir des élus dignes de les représenter, c'est la morale personnelle dont chacun est capable de faire preuve. De ce point de vue, Jean Germain était irréprochable. Et c'est de cette honnêteté qu'il est mort ! Si les victimes de ce système sont les hommes honnêtes, c'est bien la preuve que celui-ci est pervers et doit changer. Mais là encore, ce n'est que par l'éthique de ses acteurs, juges et journalistes, que l'on y réussira....
Il y avait, cher Jean, d'autres moyens de te faire entendre. Nous aurions été à tes côtés.
Ton geste est là pour dire cependant l'essentiel : derrière la courtoisie et l'humour, il y avait en toi une intransigeance, un refus de s'accommoder de l'indigne dont tu as apporté la preuve à ceux qui refusent de croire en la vérité... Pour nous, ta vie suffisait à en témoigner...
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Avoir raison trop tôt, est un grand tort. C'est en tout cas, ce que pensait l'inusable Edgar Faure qui y voyait même la pire des fautes politiques...
Où en sommes-nous pourtant aujourd'hui sinon là où quiconque analysant logiquement l'action du Président de la République depuis trois ans pouvait l'annoncer sans grand risque malheureusement de se tromper ? Sinon là où nous conduisait inéluctablement la déception exprimée par nos électeurs depuis début 2013 pour autant qu'on ait bien voulu leur porter attention ?
L'équation impossible que s'efforce de résoudre Hollande depuis son élection peut se résumer ainsi : comment créer de l'emploi en période de stagnation en menant une politique budgétaire globalement récessive ? Élection après élection, les termes n'en ont pas changé. Et à en croire le chef de l'Etat comme le Premier ministre, ne changeront pas.
J'ignorais qu'il existait chez ces hommes "à priori raisonnables" un tel goût de l'absurde, en tout cas poussé à ce point.
On a en effet toutes les raisons de penser que les mêmes causes produiront les mêmes effets politiques. Le jeu devient d'ailleurs à ce stade ou pervers ou cruel.
Ainsi, les choix de rigueur opérés par l'Exécutif devraient déboucher naturellement sur un appel au centre que l'absence de crédibilité du pouvoir condamne cependant à rester sans écho. Quant à l'autre option disponible, celle du rassemblement de la gauche, dont les divisions ont beaucoup pesé dans la défaite de dimanche, elle supposerait une réorientation économique que le gouvernement, emberlificoté dans un jeu trouble avec ses partenaires européens, ne veut ni d'ailleurs ne peut assumer.
Bref, à jouer petit, on perd gros... même si le seul espoir, fou, reste à l'Elysée, de l'emporter de justesse en 2017.
Au vu de cette double contradiction, l'on est fondé à penser - ce qui n'est guère rassurant - que le Pouvoir agit au mépris de toute logique, économique ou politique, et s'en remet à l'humeur des temps. Après tout n'annonce-t-on pas un léger mieux sur le front de la croissance, qui permettrait une petite amélioration de l'emploi laissant espérer un possible regain électoral que le nivellement par le bas qu'opèrent l'abstention et la montée du FN pourrait transformer en petit miracle... Et c'est d'ailleurs à cette méthode Coué que l'on nous invitera à nous rallier lors d'un prochain Congrès avec l'aide involontaire des Frondeurs.
L'illusion que ceux-ci entretiennent est le revers de celle du gouvernement : desserrer l'étau, soutenir le pouvoir d'achat, débloquer de nouveaux moyens pour l'investissement et la dépense publique... Pareille approche a certes le mérite de la générosité et de s'appuyer sur le souci d'inverser la tendance plutôt que de s'y résigner. Mais elle facilite la réponse du Pouvoir qui ne peine guère à montrer à ceux qui savent compter que le désaccord ne porte que sur quelques milliards (" tout ça pour ça") et risquerait en outre d'introduire un biais dans la volonté affichée et répétée par Paris de plutôt respecter ses engagements européens ! Pour ma part, je ne suis pas loin de penser que pareil scénario, sincèrement proposé par des hommes honnêtes et de qualité comme Pierre-Alain Muet, masque mal la difficulté de notre vieille gauche à se débarrasser de ses vieux gri-gris.
Tout serait donc alors perdu ? C'est à ce stade que "l'isolé" que je suis ne peut que pousser un cri ! Non de désarroi ou d'alerte ! Mais d'incompréhension et d'appel à la lucidité et au sursaut !
Il existe bien une alternative mais il est impressionnant de voir comment chacun s'efforce de s'en détourner.
Peut-être parce qu'elle passe par l'Europe et que celle-ci, depuis un certain référendum, effraie...
Peut-être parce qu'elle exige une prise de risque et un courage politique que le cynisme ambiant a rendu obsolète ?
Peut-être tout simplement parce qu'elle suppose une vision de l'intérêt de la France et une constance à le défendre qui ne figurent plus dans les panoplies de l'apprenti homme d'Etat ?
C'est pourtant par là qu'avec quelques rares autres je dis et j'écris depuis plus de deux ans qu'il faut passer.
Il s'agit de la seule voie qui permette de concilier nos engagements budgétaires avec la relance de l'activité, le souci de modernisation que porte le gouvernement avec celui de l'emploi et de la solidarité relayé par ses contestataires, et plus largement l'intérêt du Pays avec celui de l'Union.
Qui peut nier en effet que la France ait besoin de réformes... même si l'on peut regretter que celles proposées (la loi improprement appelée "croissance et activité") soient bien insuffisantes : réforme fiscale pour rendre le poids de l'effort plus supportable, réforme de l'assiette et du financement de la sécurité sociale pour tirer les conséquences de nos difficultés à l'export et de celles de nos PME, réforme du management et de l'organisation du travail de nos grandes entreprises pour y associer plus étroitement le personnel, réforme de la formation pour en faire un véritable outil d'insertion etc. ?
Qui peut nier ensuite que l'Etat comme la sécurité sociale doivent réduire leurs déficits, ceux que nous traînons depuis des décennies et qui obèrent nos capacités d'investissement ? Sous réserve naturellement que les agents comme les usagers soient parties prenantes d'un effort qui devrait nous amener à re-préciser nos objectifs sociaux, c'est à dire à indiquer ce que sont, 70 ans après la création de nos systèmes d'assurance, nos nouvelles priorités en la matière !
Qui peut nier enfin l'absolue nécessité d'une relance de l'activité qui permette d'interrompre la montée d'un chômage qui se durcit depuis son explosion au début des années 90, et de soutenir une industrie qui s'est affaissée, le rapport Gallois l'a révélé au grand jour, au cours de la dernière décennie et que la stagnation actuelle fragilise dans ses profondeurs ?
Le paradoxe est que cette voie est précisément celle que F. Hollande, décidément plus lucide en campagne qu'aux manettes - ce qui en fait un cas rare - avait proposée aux Français en mai 2012.
Elle repose sur deux piliers, l'un aujourd'hui mal planté, l'autre oublié :
- d'abord le retour progressif à l'équilibre de nos comptes, qui est censé nous servir de ligne directrice mais auquel nous donnons le sentiment de chercher à nous dérober, perdant ainsi sur tous les tableaux ! Il est urgent que la France réaffirme ses intentions, en présente un calendrier sincère et s'y tienne.
- ensuite la consolidation de la zone euro que les écarts de croissance, la faiblesse démocratique des mécanismes de coordination des politiques économiques et budgétaires, l'absence d'une politique industrielle, met en danger à court et moyen termes.
En mettant solennellement sur la table un Plan articulé visant à associer à une accélération du Plan Juncker (dont les mécanismes devraient être revus) une évolution de l'organisation de la Zone, la France retrouverait son rôle de co-leader européen et redonnerait à la double exigence de rigueur et de reprise toutes les chances de se réaliser.
Après les occasions perdues que furent les sommets de juin 2012, puis la réélection de la Chancelière allemande et enfin la nouvelle donne grecque, il est plus que temps de passer à l'action !
Qui comprendra d'ailleurs qu'un Président réputé pro-européen, longtemps proche de Jacques Delors, à la tête d'un pays paralysé, puisse encore tarder à abattre ses cartes ?
Il ne s'agit pas de crier "l'Europe, l'Europe, l'Europe" mais de la faire... sauf à laisser s'installer l'idée que c'est de l'intérieur de nos frontières nationales que viendra le sursaut !
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L'extrême-droite est désormais au cœur de tous les débats. Le Premier ministre à fait le choix d'en faire sa cible privilégiée. Les sondages annoncent ses succès futurs et certains s'interrogent même sur ses chances à la présidentielle. Un tel emballement traduit ce qu'est devenue la politique française dans laquelle l'émotion, feinte ou suscitée, tient lieu de raisonnement.
À première vue en effet, aucune des données objectives qu'il est possible de réunir sur le FN ne devrait laisser craindre qu'il puisse transformer sa progression actuelle en performance décisive en 2017.
Réceptacle de ce qu'il reste des vieilles droites, le FN n'incarne pas les mouvements profonds de la société française avec laquelle il n'est manifestement guère en phase. Aujourd'hui comme hier, il ne se nourrit que du désenchantement des uns ou du ressentiment des autres. C'est sur ce vieux compost qu'il a toujours prospéré, du vichysme, à l'anti-modernisme, de l'anti-américanisme à la nostalgie de l'Algérie française ou à l'intégrisme catholique, toutes doctrines défaites les unes après les autres. C'est certes de ce "passé" qu'il tente aujourd'hui de se libérer mais avec quelles difficultés... Comment un parti qui n'est constitué que du résidu de tant de courants mis en échec par l'histoire pourrait-il constituer une menace réelle pour la République ? D'autant que la plupart de ces cadres sont issus de ces courants et que le renouvellement que sa Présidente tente de lui imposer est loin d'avoir donné, pour l'instant, de résultats tangibles.
Enfin, la marche à franchir reste excessivement haute. Si la progression du FN en 10 ans à la présidentielle reste remarquable (+ 40% en voix de 4,8M à 6,4), il est encore loin du seuil de qualification pour le 2ème tour (plus de 9 M de voix en 2007 comme en 2012).
L'on n'aurait donc aucune raison d'entretenir une angoisse quelconque... si une élection n'était pas aussi le résultat d'une compétition dans laquelle les faiblesses de l'adversaire comptent autant que ses propres forces. Or, c'est précisément de ces faiblesses, voire de ces défaillances, que s'alimente le FN.
Comment ne pas redouter les conséquences, en premier lieu, de l'incapacité de la droite comme de la gauche à répondre aux conséquences du processus de décomposition de l'esprit républicain qui s'est accéléré depuis la crise de 2008 ? L'insécurité économique que celle-ci a réveillé (le taux de chômage étant resté depuis 20 ans particulièrement élevé) percute une société en pleine mutation (la présence plus visible de l'Islam vient s'ajouter au sentiment d'effondrement du modèle républicain : impuissance de la politique face à la finance, blocage de l'ascenseur social imputé à l'école, sensibilité accrue aux inégalités, bouleversement des modes de vies lié au recul de l'emploi industriel, à la reconnaissance de pratiques minoritaires etc. ). Or, aucun des grands partis ne s'étant mis en situation de proposer une issue positive à ces interrogations, (renonçant à redonner un sens à notre projet national, multipliant les confusions sur nos valeurs fondamentales : laïcité par exemple, vote des étrangers), le FN fonctionne comme une sorte d'usine de décantation des peurs et des angoisses qui parcourent la société française. C'est parce qu'il occupe un vide qu'il peut s'autoriser, sans jamais en souffrir, tous les "à peu près" programmatique ou au regard de la réalité. Il ne saurait donc y avoir de vrai combat contre l'extrême droite sans une réappropriation de la question républicaine et nationale, c'est à dire sans clarification de l'idée que le PS comme l'UMP s'en font.
Les Français rechignent à dire adieu à une Histoire qui en revanche n'inspire plus ceux qui sont chargés de l'écrire.
Là est le principal facteur de risque que ne peut qu'aggraver la stratégie de dramatisation mise en route depuis quelques semaines. Tout se passe comme si le Président de la République et celui de l'UMP, actant la présence du FN au second tour, se disputaient seulement la deuxième place qualificative, chacun cherchant à se présenter comme le meilleur rempart.
Cette "stratégie" est grosse de dangers puisque c'est choisir de faire de l'extrême droite l'axe structurant de notre système politique. C'est choisir d'en revenir à une vision, plus morale que politique, du bien et du mal qui transcenderait les clivages traditionnels... et laisserait aussi de côté les catégories populaires rejetées avec l'eau du bain frontiste au profit d'une nouvelle alliance des bien-pensants.
Outre les aléas propres à une telle approche (elle ne fera qu'un vainqueur et contraindra le vaincu à se fondre dans la nouvelle majorité présidentielle) elle donne au FN un avantage exorbitant en l'aidant en réalité à accomplir ce qu'elle est censée empêcher : faire du FN son adversaire principal, c'est faire du FN le premier parti de France !
Il n'est pas sûr que la sagesse revienne après les départementales.
La multiplication des duels risque en effet de donner raison à ceux qui les remporteront et penseront voir ainsi leur analyse confirmée.
Pourtant, s'il existe diverses façons de se suicider, et la gauche en a expérimenté déjà plusieurs, celle-ci est manifestement la pire...
FN
2002 : 4,8 M
2007 : 3,8
2012 : 6,4
Aux Européennes il a multiplié son score par 4 par rapport à 2009 (en %) et par presque 2 par rapport à sa meilleure année (14% en 89)- 4,7 M
En 2002 le seuil de qualification est de 4,8 (5,6 Chirac), 9,5 en 2007 (SR) (Bayrou 6,8) et 9,7 M en 2012.
Le noyau dur de cet électorat est + libéral eco.et dur sur l'immigration, celui sui rejoint étant plus concerne par le chômage et le pouvoir d'achat.
40% est entre 35/60 ans
Rédigé par Gaëtan Gorce | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
"Aujourd'hui, j'ai choisi pour le blog hebdomadaire de publier le beau discours prononcé pour les vœux des Socialistes cosnois, par leur secrétaire Hicham Boujlilat"
L’ignominieuse fusillade chez Charlie Hebdo, l’intolérable prise d’otage meurtrière à l’hyper casher a déclenché un réveil, un sursaut citoyen balayant sur son passage toutes celles et tous ceux qui ont voulu faire mariner une posture politicienne de la division.
Nous avons été choqués, nous avons été émus, nous nous sommes rassemblés, nous avons entonné notre hymne national dans la pudeur de la dignité, nous nous sommes recueillis, nous avons observé le silence, nous nous sommes regardés et nos yeux se parlaient emplis de chagrin, d’émotion, d’interrogation et d’espoir.
Et bien maintenant, il est temps pour nous d’agir. Sortons de cet état d’esprit qui parfois prévaut de rabaissement de ce que nous sommes. Sortons de ce dénigrement permanent de notre pays qui fait le bonheur de publication de quelques déclinologues qui profitent de leur célébrité médiatique pour monter des Français les uns contre les autres et instiller un climat de peur exacerbé !
Battons nous pour hisser haut nos valeurs républicaines, celles pour lesquelles nous avons tous défilé. Soyons fier de notre drapeau et de tout ce qu’il représente : la liberté, l’égalité, la fraternité ! Car au final c’est ce qu’il nous permet à travers un beau dessein ! Oui quel est le sens de la vie, si ce n’est celui de vivre en fraternité, en paix, dans l’égalité et la liberté ? Je n’en vois point d’autre et sûrement pas celui de l’argent.
N’acceptons pas, n’acceptons plus de confondre la laïcité avec l’uniformité. La laïcité a une vocation suprême : celle de permette à chacun d’entre nous de s’épanouir et d’être libre en tant qu’individu qu’elles que soient ses croyances, ses origines, sa couleur de peau. Et je le dis franchement, j’ai la conviction que nous l’avons oublié. Car la laïcité ne doit pas être une contrainte, elle est une protection ! Comment accepter qu’au nom de la laïcité certains prônent haut et fort pour créer, disent-ils, les conditions de la cohésion nationale l’impérieuse obligation d’une intégration stigmatisante ? Or ce qu’ils veulent c’est surtout la désintégration de l’identité intime d’une partie de nos concitoyens. Comment par exemple un jeune né en France de parents de couleurs, qui ont travaillé une grande partie de leur vie dans des conditions parfois très dures à la reconstruction de notre pays, de son outil productif, peut il accepter aujourd’hui après d’ailleurs 30 ans de politique de la ville ou de cohésion sociale qu’on lui demande toujours et encore de s’intégrer ou à défaut de retourner dans son pays de manière insidieuse ou par méchanceté inopportune? Mais son pays, c’est la France !
Ce citoyen, car c’est un citoyen français ne demande pas grand chose. Il demande qu’on le regarde comme tout le monde ou d’ailleurs qu’on ne le remarque plus. Il aime la République et souhaite se l’approprier mais on lui dénie parfois ce droit parce qu’il n’a pas la même couleur de peau, ou la même croyance. Il a hérité de l’histoire de ses parents, parfois adhéré à leur croyance et souhaite qu’on les respecte. Le Pays d’origine de ses parents a parfois servi la France sous bannière bleu blanc rouge exposant ses soldats en amont du danger en France, en Allemagne ou en Indochine. Il ne tolère pas l’obscurantisme de ses soi-disant coreligionnaires mais ne comprend pas qu’au nom de la laïcité on lui demande de continuer à croire s’il le souhaite mais dans l’obscurité. Combattre l’obscurantisme, c’est sortir les gens de cette obscurité et cette humidité des caves qui se comptent encore par centaines dans tout le Pays et à Cosne en particulier.
Battons-nous, n’acceptons pas les mots de trop et dialoguons. Car finalement, c’est par le repli sur nous même, que nous fragmentons notre société.
Certains pour se protéger, pour se retrouver, pour partager des frustrations du quotidien, pour en quelque sorte trouver un réconfort, une compréhension de groupe se tournent vers une communauté qui s’imprègne d’un individualisme de corps. Pourquoi ? Parce qu’ils ne se sentent pas acceptés dans la communauté nationale du pays qu’ils connaissent le mieux et qu’ils aiment plus que tout.
Le chacun pour soi, l’absence de solidarité réelle, la protection de ses propres intérêts, le repli en communauté a grignoté nos valeurs républicaines. N’y cédons pas !
Pour cela chacun doit se sentir accepté et accepter les autres dans son quotidien, chacun doit se sentir écouté et écouter les autres dans le respect, chacun doit se sentir représenté et disposer de la possibilité d’incarner l’intérêt de tous. Nos élus, les partis politiques pour autant qu’ils souhaitent se remettre en question et se régénérer doivent permettre l’émergence d’une société plus ouverte, plus tolérante.
Mais cette tâche ne leur incombe pas seulement. Il est aussi de notre responsabilité citoyenne collective et individuelle d’y parvenir en redonnant à l’école, à notre Education nationale son rôle de poumon de la République. Faisons-lui confiance, ne la dénigrons pas. Nous savons ce que nous devons à notre Ecole. Moi, je sais ce que je lui dois : je lui dois d’être moi-même. C’est beaucoup et je ne lui serai jamais assez reconnaissant. Mais je suis aussi, encore plus aujourd’hui dépositaire d’une mission : celle de véhiculer avec fierté en les expliquant les valeurs de notre devise républicaine. Nous devons tous le faire car on ne le fait jamais assez.
Il est également de notre responsabilité citoyenne, collective et individuelle de ne plus accepter des jugements de valeurs, des propos indignes du respect de l’autre. Cela commence par la petite blague entre famille, elle se transforme en petite blague entre amis et puis cela peu devenir la petite blague entre collègues, entre licenciés sportifs, entre adhérents d’une association, parfois en marge d’une réunion politique. Enfin, elle se transforme en vérité exploitée à des fins malvenues. Cela atterri toujours dans une urne par un bulletin qui prône l’intolérance sur fond de peur et de haine.
Battons-nous, n’acceptons pas l’intolérable, faisons attention à ce qui blesse, dialoguons, indignons-nous et redéfinissons ensemble ce qui fait de nous un peuple : le peuple français ! Faisons en sorte que la définition de la laïcité soit la même pour tout le monde, qu’il n’y ait plus d’échoué de la République et renforçons le sentiment d’appartenance de chaque citoyen à la République, plus qu’un combat illusoire pour le droit de vote des étrangers !
C’est comme cela que nous pourrons réaffirmer encore plus fort que nous sommes la France !
Rédigé par Gaëtan Gorce | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Qu'un peu plus d'un mois après la grande manifestation d'unité nationale qu'avaient provoquée les attentats de janvier, le groupe socialiste de l'Assemblée mette en scène ses divisions donne le sentiment d'un épouvantable gâchis.
Qui peut trouver en effet dans le comportement des uns comme des autres le moindre sens politique ? Quel est donc le message que des deux côtés l'on voulait adresser aux Français et qui justifierait, par son urgence,son importance, que de Hamon à Matignon on ait ainsi choisi de casser une porcelaine déjà passablement ébréchée ?
Et d'abord qui y avait-il dans la loi dite Macron qui pourrait expliquer qu'une partie non négligeable du groupe socialiste ait choisi de mettre en péril la survie du gouvernement ? Car c'est bien à une fragilisation, voire à un désaveu du Premier ministre et de son équipe qu'aurait abouti le rejet du texte ! Que la "philosophie" du projet soit socialement contestable, cela ne fait pour moi aucun doute ! Mais passer de 5 à 12 dimanches travaillés ou réduire le périmètre de reclassement des salariés licenciés constitue peut-être une encoche dans notre pacte social mais pas un attentat. À cet égard, n'y aurait-il pas eu des questions plus graves sur lesquelles interpeller un exécutif qui a mis plus de deux ans pour s'attaquer au chômage de longue durée, n'a rien fait pour l'emploi des jeunes et d'abord l'apprentissage et regarde passivement la Grèce se débattre dans les difficultés que lui fait la Commission ? Et que dire de l'absence entêtante d'initiative française pour tenter de redonner de l'élan à l'Europe industrielle ? J'en passe...
Bref, ce ne sont pas les sujets sur lesquels adresser au gouvernement un message de gauche, qui manquent ! Alors pourquoi cette insistance sur un texte au fond anecdotique ? On ne peut y voir en réalité que la conséquence du choix de la guérilla parlementaire fait par les Frondeurs qui ne trouvent aujourd'hui plus d'issue que dans la fuite en avant au point de laisser caricaturer leur message dans une triste logique de Congrès.
Mais que penser alors de l'entêtement du gouvernement à soutenir et faire voter un texte qui réussit la gageure d'être à la fois épais et sans consistance. Si François Hollande entendait en faire l'exemple de l'esprit modernisateur qui l'anime, il n'est pas étonnant qu'il ait peiné à convaincre. Encore une fois, les vrais sujets de réforme ne manquent pourtant pas à qui voudrait VRAIMENT s'attaquer aux blocages qui affectent notre société et gênent son économie : la réforme du financement de notre protection sociale en transférant sur l'impôt une part croissante des cotisations n'aurait-elle pas être justifiée dans le prolongement du CICE ? Et celle de la Formation professionnelle toujours mise en coupe réglée par les partenaires sociaux au détriment des chômeurs et des salariés les moins qualifiés ? Et celle de l'organisation du travail dans des entreprises qui tardent à s'adapter à l'évolution des métiers, qui semble autrement plus urgente que la mise ne cause des CHSCT ? Sans parler de la fiscalité ou de l'école... Le paradoxe, finalement, est qu'un faux-semblant de réforme ait servi de prétexte à un faux-semblant de révolte.
Mais le pire est encore à venir. Les mauvais désaccords ne peuvent en effet déboucher que sur de mauvais compromis. Pour être allées trop loin, les deux parties sont désormais contraintes de calmer le jeu. Le Congrès arrive à point pour que soit du coup mis en scène un de ces compromis dont nos "chefs" ont le secret. Bref, alors qu'il eut été logique que les socialistes soient invités à trancher par leur vote le désaccord sur la politique économique du gouvernement qui mine la vie de la majorité parlementaire depuis bientôt 18 mois, il y a tout à parier que, effrayés de leur audace ( et surtout de leur maladresse ) les deux camps finiront par s'entendre sur un texte sans contenu dont bien d'autres rendez-vous statutaires ont déjà accouché depuis quinze ou vingt ans.
À Toulouse, l'occasion fut perdue de réfléchir au rôle du parti durant le quinquennat. On préféra au nom de l'unité mimer le rassemblement et investir une direction-fantôme qui prit si bien son rôle au sérieux qu'elle disparut corps et bien et qu'on préférât en changer au milieu du gué.
À Poitiers, il est probable que l'on choisira de ne rien trancher de ce qui nous divise depuis des mois quitte à s'apercevoir au moment de préparer le scrutin présidentiel, face à une gauche déchirée et ulcérée, qu'il aurait été préférable de sortir de l'ambiguïté...
Si bien qu'à renoncer à adresser un message clair aux Français, ceux-ci ne vont pas manquer de délivrer bientôt le leur. Pas sûr que ceux qui nous gouvernent aient à gagner au change...
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