Où se trouve, dans notre parti, le véritable désaccord? Ramener nos différends à des considérations tactiques liées au congrès ou s'abaisser, comme l'a fait un membre du secrétariat national dans un communiqué à l'AFP, à n'y voir que les prémisses d'une « trahison » liée à une égomanie médiatique, n'a pour conséquence que de nous détourner de la seule question qui vaille : la cohérence et l'efficacité de notre stratégie d'opposition et donc de reconquête.
C'est faute d'en avoir jamais débattu que le parti et le groupe se désunissent à la première occasion, suscitant un malaise profond.
C'est faute d'une ligne claire face a la machine sarkozyste qu'à chaque fois que s'ouvre un débat sur un sujet mettant en jeu l'intérêt général (réforme constitutionnelle, Afghanistan, plan d'urgence financier), nous nous séparons.
C'est donc le choix d'une telle stratégie qui aurait dû constituer l'axe de notre congrès.
Quelles sont les options en présence?
Afin de ne pas se laisser déborder sur la gauche, à l'interne comme dans l'opinion, la diréction préconise dix huit mois une opposition pugnace, inspirée de celle que nous avons mené sous la législature précédente, mais dont l'opinion n'a en réalité rien retenu.
Au lieu de cela, ma conviction est que nous devrions privilégier une approche fondée sur la responsabilité pouvant nous conduire parfois à voter dans le même sens que la majorité.
Pourquoi? D'abord parce que la parole publique n'a cessé de se dévaloriser sous l'effet de l'écart entre les promesses et les réalités de la politique de Sarkozy mais aussi à cause de l'affichage indécent de nos divisions et de notre incapacité a tirer les leçons de 2007!
Ensuite, parce que le contexte économique et social dans lequel nous aurons à situer notre future campagne présidentielle sera celui d'une crise profonde : quelle que soit l'issue de la crise financière, notre endettement se sera aggravé et le déficit de nos comptes sociaux se sera creusé. Nos marges de manoeuvres seront nécessairement limitées et le temps ne sera pas venu d'un discours de la facilité. Si l'on veut bien admettre que les Français se retourneront alors vers ceux qui leur auront dit la vérité, notre stratégie d'opposition devrait associer à une dénonciation véhémente des injustices de la politique de Nicolas Sarkozy une capacité à se situer à la hauteur des circonstances et des enjeux quand l'intérêt général l'exige.
C'est pourquoi j'ai par exemple défendu l'idée d'approuver le plan d'urgence financier; c'est pourquoi j'ai par exemple souhaité que nous prenions l'initiative de proposer au gouvernement une conférence nationale sur l'avenir des retraites. Là se noue notre désaccord. Nulle « fascination » à l'égard de Sarkozy dans cette démarche, mais la volonté de trouver une réponse à la stratégie qui est la sienne et qui consiste à nous stigmatiser chaque fois que possible. Notre divergence repose donc non sur la manière de « traiter » Nicolas Sarkozy mais sur la plus à même de le battre et de reconquérir l'opinion.